007 Spectre, critique

007 Spectre, critique

Après le grand triomphe de Skyfall, Sam Mendes et Daniel Craig reviennent pour que 007 affronte enfin son plus grand ennemi, le fameux Spectre … une mission longue et ennuyeuse pour un Bond fantôme.

007 Spectre, critique

Depuis 2006 et l’arrivée de Daniel Craig pour remplacer Pierce Brosnan dans le costume de 007, la saga bondienne était partie sur la voie du reboot avec un Casino Royale débutant alors que l’agent de sa majesté était promu double zéro. Suivi du raté Quantum of Solace qui avait pour seul mérite d’introduire un peu plus une organisation secrète. C’est ensuite surtout le formidable Skyfall qui a marqué les esprits et le box office il y a 3 ans, réussissant à réactualiser le mythe tout en retrouvant son essence, ressortant la DB5 tout en sacrifiant la mère pour reprendre sur les bases avec une imagerie d’une classe folle servie par un Sam Mendes qui remportait son pari.

Avec plus d’1 milliard de dollars de recette, les producteurs ont donc forcément et rapidement rappelé Mendes et son équipe de scénaristes pour assembler toute les pièces et remettre James Bond sur les traces du Spectre qui hantait déjà les aventures de Sean Connery. Mais passée une introduction à Mexico particulièrement réussie (avec un formidable faux plan séquence en pleine Fête des Morts), force est d’avouer que l‘ennui va s’installer pendant 2h30  de film où les faits de 007 ne seront jamais à la hauteur des enjeux mentionnés. C’est bien simple, la production a sans doute voulu aller vite, trop vite et imposer trop de chose à Mendes pour nous offrir un spectacle de qualité.

007 Spectre, critique

Car Spectre sera finalement à l’image du générique lénifiant chouiné par Sam Smith : long et sans intérêt. Alors que l’on nous vend une organisation secrète mystérieuse dirigée par un personnage charismatique qui se cache derrière tous les malheurs du monde (l’ambition étant de retrouver l’esprit des Sean Connery que l’on ne retrouvera que par intermittence), les enjeux seront très vite réduits et on va finalement reparler des antécédents familiaux de 007, comme si Skyfall n’avait pas déjà assez creusé le sujet. Ici, tout est maintenant raconté et il n’y a donc plus de zone d’ombre dans le mythe, plus de période floue laissée à l’interprétation du personnage et c’est bien dommage. D’ailleurs Daniel Craig l’a bien compris tant il a l’air de s’embêter à l’écran, n’ayant plus grand chose à défendre en dehors de sauter d’une scène d’action à une autre sans intérêt.

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Les scènes d’action sont d’ailleurs mise en scène sans grand éclat ni exaltation . Alors que l’on avait dans les précédent volet quelque chose de stylistiquement racé ou carrément spectaculaire, ici, les scènes de poursuite ou de fusillades sont très passe-partout et sans aucune intensité (à ce titre, la poursuite dans les rues de Rome est d’une tristesse folle). Cette fois le film manque clairement de personnalité et l’absence de Roger Deakins qui officiait à la photo sublime de Skyfall se fait clairement ressentir. Dans Spectre tout n’est qu’ombre (logique) mais du coup rien n’en ressort et Sam Mendes n’accomplit que le contrat minimum sur un scénario balisé qui ne va jamais au bout de ses thèmes (l’aspect surveillance générale après les attentats n’est finalement que très peu traité).

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Si le film manque de personnalité, c’est aussi à cause de ses personnages qui n’ont rien d’intéressant, à commencer par le méchant. Si il est de tradition de dire que plus le méchant est bon, plus le film est réussi, l’inverse est aussi vrai. Et si l’introduction dans l’ombre de Christoph Waltz est réussie, dès qu’il entre dans la lumière, tout le mystère s’échappe et il devient aussi fade que n’importe quel méchant de 007 standard (aussi peu charismatique que Mathieu Amalric dans Quantum of Solace avec qui Spectre entretient donc cette image d’épisode raté), ce qui est assez problématique quand il est présenté comme la Némésis absolue de notre héros et l’aboutissement de 3 films. A côté, il y a également Léa Seydoux qui vient encore minauder sans savoir le faire dans la peau d’une James Bond girl fade et régulièrement insupportable (oui, on est loin du caractère d’Eva Green) et l’ensemble des autres seconds rôles sera traité de la même manière.

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Avec son histoire sans enjeux et ses personnages inconsistants, et alors que le réalisateur se révèle pour la première fois de sa carrière peu inspiré par le récit qu’il raconte, Spectre, même si il sera encore un carton au box-office, ne comptera pas parmi les épisodes mémorables de la saga, conclusion ratée d’un cycle ambitieux.