LE LABYRINTHE – LA TERRE BRÛLÉE : N’est pas Mad Max qui veut… ★★☆☆☆

Wes Ball sort du labyrinthe, mais a laissé sa créativité dans le dédale.

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Au sein du marasme des blockbusters pour ados à tendance dystopique, le premier volet du Labyrinthe avait su tirer son épingle du jeu grâce à un univers original et un regard plutôt mature sur ses personnages. Son final mystérieux (bien qu’un peu capillotracté) et son envie de ne pas toujours répondre aux canons du genre laissaient présager une suite intéressante. Et force est de constater que La Terre brûlée nous remet dans le bain dès son ouverture, étendant son monde à grands coups de décors désertiques, de bases high-tech et de révélations qui mettent enfin en lumière un hors-champ ne demandant qu’à s’accroître encore plus. Peut-être va-t-il d’ailleurs un peu trop vite, s’efforçant de conserver l’urgence du précédent film, quitte à décevoir dans sa mécanique d’écriture. Il fourmille de bonnes idées mais ne les laissent jamais maturer pour qu’elles suggèrent la richesse de cette terre brûlée. Wes Ball comprend la portée des thématiques de ces fictions post-apocalyptiques, mais les survole plutôt que de les approfondir et de les réinventer.

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Impossible alors de ne pas voir la frustration d’un réalisateur à l’intention louable (ou à l’ambition trop grande, c’est selon) rattrapé par son cahier des charges et les impératifs de studios. Vouloir faire du divertissement tout publics à partir d’inspirations comme Mad Max, Je suis une légende, les films de Romero ou encore The Walking Dead peut s’avérer intéressant, pour peu que l’on cherche à transcender ce qu’ils représentent. Malheureusement, elles ne sont que copiées par opportunisme au point de vite lasser par leur mimétisme. Ball se fait bouffer par ses modèles qu’il avait su si bien exploiter par le passé avec son court-métrage Ruin (par ailleurs similaire à La Terre brûlée dans sa vision de villes laissées à l’abandon). Surtout que le film confirme à certains moments tout le bien que l’on pensait de du projet de la saga. On notera tout particulièrement l’absence de love story forcée, prétexte habituel pour défendre le fantasme d’un amour éternel pour pisseuses, capable de combattre la noirceur de l’apocalypse et la froideur des institutions (prenant dans ce cas la forme d’une organisation prête à tout pour trouver un vaccin contre le virus qui engendre des sortes de zombies).

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De plus, Wes Ball exploite ses personnages pour montrer, autour de quelques séquences, la beauté cinématographique du post-apo. Tout est une question de regard sur l’abandon d’objets ou de lieux qui créent du hors-film. C’est au spectateur de supposer ou d’imaginer le sort des êtres humains qui sont passés à cet endroit, immortalisant d’une trace invisible le temps et l’espace si cher au septième art. Cette absence est d’autant plus fascinante qu’elle est perçue par un groupe de survivants qui a tout perdu (jusqu’à sa mémoire) et qui découvre les pertes des autres. Ils tentent désespérément de se rapporter à un souvenir et de raccrocher leur vision à la lumière de leur lampe-torche, en espérant trouver qu’elles éclairent les réponses à leurs questions. Wes Ball souligne alors ses longues profondeurs de champ dans des couloirs interminables, appuyant le vide de ce monde que subissent ses héros. L’occasion également d’offrir des scènes d’action assez prenantes, lisibles et bien découpées.

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Mais les qualités comme les défauts de ce Labyrinthe 2 révèlent avant tout son statut de film de transition avant le grand final, qui le rend de facto bien moins mémorable que son prédécesseur. Son plus grand tare concerne son absence de traitement de ses personnages, qui à l’exception de Thomas (Dylan O’Brien) et Teresa (Kaya Scodelario) n’évoluent pas d’un iota. Le facteur humain, pourtant primordial dans une dystopie, est sacrifié au prix d’une efficacité de divertissement qui ne fonctionne que rarement à cause de cette distance qu’il crée inutilement. Mis à part le touchant et fantasque Jorge (campé par Giancarlo Esposito, l’excellent Gus Fring de Breaking Bad), le reste du casting a bien du mal à exister, jusqu’au twist assez étonnant du dernier acte. Bien entendu, La Terre brûlée n’est pas déplaisant à regarder, notamment grâce à la mise en scène assez classieuse de son cinéaste, mais il est juste dommage de le voir tomber dans les travers du Hunger Games-like qu’il avait su éviter jusqu’alors. Reste à espérer que le troisième volet redressera la barre et explorera un univers aussi riche et complexe que le dédale du premier épisode.