[Critique – Étrange Festival] – Excess Flesh

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Réalisé par : Patrick Kenelly
Avec :
Bethany Orr, Mary Loveless, Wes McGee
Sortie :
inconnue
Durée: 1h43
Budget:
Distributeur :
inconnu
3D: Oui – non


Synopsis :
 

Complexée par quelques rondeurs, Jill multiplie les régimes et les privations. Mais lorsque Jennifer, sa colocatrice top model, commence les brimades, Jill décide de se venger et séquestre sa camarade.

3 Stars

Notre avis :

Tout comme Another, Excess Flesh fait partie de ces films qui auront radicalement partagé le public de l’Étrange Festival : débat avec le réalisateur boudé par une partie de la salle, questions fracassantes sur la longueur du film… on en aurait presque oublié le propos : Excess Flesh s’impose comme un film anti diktat contre la minceur, avec certes quelques défauts mais pas mal de qualités !

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Patrick Kenelly décrit son film comme « la mise en image de ce que peut vivre une femme dans sa tête, dans une confrontation de soi permanente prônée par le monde moderne ». Jill, complexée par son image, rêverait de perdre du poids alors que sa colocataire Jennifer incarne ce « physique idéal » (on se permettra d’en douter puisqu’elle est limite anorexique) à qui tout réussit… Tout : amis, amour (ou plutôt succession d’amants d’un soir), beauté… Elle ne s’arrête pas là puisque ses moqueries tournent à l’excès.

Et c’est bien cette caractéristique qui définit le film de Patrick Kenelly. Tout est tourné à l’outrance : les fêtes à répétition de Jill, ses ébats sexuels, mais c’est surtout la représentation de la nourriture qui possède peu à peu l’écran, avec ces nombreux gros plans sur la préparation de jolis petits plats, ou bien sur la bouche des personnages dévorant de la junk-food au ralenti avec des bruits de mastication amplifiés… tout cela n’est que le début. Car le personnage de Jill, incarné par Bethany Orr, sombrera peu à peu dans une folle quête de vengeance et d’humiliation, ainsi que dans une décrépitude totale : maniaque et sadique, Jill ne trouvera pas d’autre moyen que de semer de la nourriture partout dans son appartement, et surtout devant Jennifer. Résultat : la saleté, la crasse, les mouches s’accumulent, et tout cet ensemble contribue à renforcer cette atmosphère sordide. Quand on vous dit que l’équipe finissait par porter des masques sur le tournage tellement l’ambiance devenait glauque, ça n’est pas pour rien.

Ça n’est pas tout : cette horrible vengeance est rythmée par une musique électronique grandiloquente, elle aussi caractérisée par l’excès. Pour un réalisateur déjà attelé à la mise en scène de clips vidéos, on sent bel et bien d’où provient cette affection ! Ainsi, l’image ET le son d’Excess Flesh chercheront à vous rendre fou, jusqu’à une scène fantasmatique placée sous l’égide du what the fuck permanent, où Jill se permettra à rêver d’une compétition d’ébats sexuels entre elle et sa colocataire, rythmée par des voix-off à la mode télé-réalité du style Masterchef. Complètement barrée, rien que cette séquence vous donnera une idée de la folie de Patrick Kenelly, mais également du talent de Bethany Orr, dont la prestation s’avère scotchante…

Revenons sur le principal défaut évoqué concernant Excess Flesh : sa longueur. Pourtant pensé comme un court-métrage (le réalisateur l’avoue lui-même : des scènes se sont rajoutées au fur et à mesure du tournage), le film dure un peu plus d’une heure quarante. Il y aura certes quelques longueurs, parfois franchement pénalisantes, mais cela permettra aussi de développer une autre relation qu’est celle entretenue par Jill et une attirance, Rob (Wes McGee), sans compter sur l’apparition de quelques voisins dont on aurait préféré pour eux qu’ils ne viennent pas se mêler à tout cela. Malgré cela, Excess Flesh termine en apothéose, dans le sang et la douleur, mais également par une fin ouverte et sujet à de multiples interprétations, quitte à vous retourner la tête !

Excess Flesh, on l’aime ou on le déteste : nous, nous sommes plutôt convaincus par cette vengeance outrancière et glauque au possible… malgré un problème de format !

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