"Oriana Fallaci" de Marco Turco

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Réalisé par : Marco Turco
Avec :
Vittoria Puccini
Sortie :
5 août 2015
Durée: 1h48
Budget:
Distributeur :
Happiness Distribution
3D: Oui – non


Synopsis :
 
Oriana Fallaci raconte la vie à cent à l’heure de cette journaliste italienne hors norme, de la Dolce vita au 11 Septembre en passant par le Vietnam, la Grèce des colonels ou l’Iran de Khomeiny. Oriana Fallaci est impertinente, drôle et parfois brutale. Elle a révolutionné le journalisme, a sillonné la planète et surtout rencontré et bousculé tous ceux qui font l’Histoire.

3 Stars

Notre avis :

Figure incontournable du journalisme italien, plutôt méconnue du grand public français, la journaliste Oriana Fallaci fait aujourd’hui l’objet d’un biopic, réalisé par Marco Turco. Incarnée à l’écran par Vittoria Puccini, Fallaci n’a pas laissé indifférente pour ses opinions controversées concernant notamment l’islam, mais également pour son grand panache lors de ses diverses interviews. Ce film lui rend-t-elle honneur ?

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Difficile d’aborder la personnalité complexe d’Oriana Fallaci en une heure et cinquante minutes. Si Mario Turco s’inscrit convenablement dans l’exercice du biopic, il ne ressort pas moins de son film un certain conformisme, classicisme. Car certains points ne sont qu’à peine soulevés, malheureusement : certes, la bouleversante guerre du Vietnam est abordée, livrant alors une jeune journaliste sur le front, où son panache est mis à rude épreuve. Mais ce sur quoi ce film insiste surtout, c’est sur le fait qu’une majeur partie de la carrière d’Oriana Fallaci s’est construite autour de son amour pour l’homme que fut Aléxandros Panagoúlis, fervent lutteur contre la dictature des colonels grecs.

Malgré l’interprétation convaincante de Vittoria Puccini, il manque un petit quelque chose à ce biopic pour qu’il puisse se démarquer complètement de la masse : Turco ne fait qu’effleurer la polémique suscitée par la publication de La Rage et l’Orgueil, vendu à plus d’un million d’exemplaires en Italie, à cause des propos très nuancés tenus par la journalisme à l’encontre de l’islam, suite aux attentats du 11 septembre 2001. Il résume surtout la lutte de Fallaci à celle du droit des femmes, à plusieurs reprises. Le combat est certes légitime, mais il ne fallait pas oublier le reste.

C’est dans le sentimentalisme que berce parfois ce biopic consacré à Oriana Fallaci : une vie en tant que femme solitaire, libre, puisque toutes ses relations amoureuses n’ont été que des échecs : non-réciprocité, tromperie, assassinat de Panagoúlis… C’est une Oriana Fallaci esseulée, malade, que nous retrouvons en début et en fin de film. Acariatre, elle peut le paraître lorsqu’elle rencontre son « double » : Lisa (Francesca Agostini), étudiante en journalisme, et admiratrice de Fallaci, s’immisce malgré elle sans sa propre vie. Si le procédé de « transmission des savoirs » a déjà été vu autre part, il est tout de même plaisant à l’image.

On aura aussi à reprocher quelques maladresses ou anachronismes à l’image, tout comme les scènes en anglais semblent maladroitement doublées. Mais nous chipotons un peu.

Il ressort du film de Mario Turco un portrait fidèle d’Oriana Fallaci, certes, mais dont on aurait oublié de faire les finitions. C’est en cela que nous vous recommandons également la lecture de la biographie rédigée par Cristina de Stefano et publiée aux éditions Albin Michel : Oriana, une femme libre.

Un biopic plaisant bien qu’en demi-teinte : Vittoria Puccini sauve la mise et invite à découvrir davantage la journaliste que fut Oriana Fallaci.

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