[Critique] Pixels réalisé par Chris Columbus

Pixels

« À l’époque de leur jeunesse, dans les années 80, Sam Brenner, Will Cooper, Ludlow Lamonsoff et Eddie « Fire Blaster » Plant ont sauvé le monde des milliers de fois… en jouant à des jeux d’arcade à 25 cents la partie. Mais aujourd’hui, ils vont devoir le faire pour de vrai… Lorsque des aliens découvrent des vidéos d’anciens jeux et les prennent pour une déclaration de guerre, ils lancent l’assaut contre la Terre. Ces mêmes jeux d’arcade leur servent de modèles pour leurs attaques. Cooper, qui est désormais Président des États-Unis, fait alors appel à ses vieux potes pour empêcher la destruction de la planète par PAC-MAN, Donkey Kong, Galaga, Centipede et les Space Invaders… Les gamers pourront compter sur l’aide du lieutenant-colonel Violet Van Patten, une spécialiste qui va leur fournir des armes uniques… »

Dans le registre de la comédie familiale, Chris Columbus fait partie de la lignée des cinéastes qui ont réussi à faire des films devenus cultes aujourd’hui. Maman j’ai raté l’avionMadame DoubtfireL’Homme Bicentenaire, sans bien évidement oublier les deux premiers opus de la saga Harry Potter : Harry Potter à l’école des Sorciers, ainsi que Harry Potter et la Chambre des Secrets. Des films qui ont marqué plusieurs générations et qui marqueront certainement encore et toujours dans le futur. Néanmoins, il lui arrive de fauter et c’est notamment le cas avec ce fameux Pixels. Adapté d’un court-métrage français au même nom et réalisé en 2010 par Patrick JeanPixels se veut être une comédie estivale hommage à la culture geek des années 80, mais pas que. Hommage pas complètement raté, mais foncièrement médiocre voire mauvais.

Les producteurs et les trois scénaristes du film, j’ai nommé Timothy DowlingTim Herlihy et Adam Sandler, ne s’en cache pas et déclarent avoir voulu faire un divertissement estival dans la lignée de Ghostbuster pour ne citer que lui. C’est osé que de vouloir comparé son film à un tel nom du cinéma, mais astucieux pour la promotion, car ça attire un peu plus de public. Ne serait-ce que les sceptiques, hésitant encore. Tout de même, Ghostbuster possédait un élément essentiel au cinéma que ne possède pas ce film : un bon scénario. Pixels repose sur un concept de base très intéressant qui est de rendre hommage aux jeux vidéo des années 80. Pac ManDonkey KongGalaga envahissent notre planète et deviennent cette fois : les méchants du jeu. Le concept en lui-même est bon et permet au film de jouer sur les références. Anciennes ou modernes, les références s’enchaînent et s’avèrent suffisamment bien placées et subtiles pour décrocher un sourire ou deux. C’est pas foncièrement drôle, mais celui qui comprendra la référence à un film ou un jeu sera satisfait. Une bonne chose, mais un film ne peut pas se reposer uniquement là dessus. Pixels c’est quelques sourires, quelques scènes d’action assez drôles et bien filmées. La course poursuite avec Pac Man est assez remarquable, grâce à des mouvements de caméra qui rendent la course poursuite lisible et un montage bien rythmé.

Au-delà de cette séquence et de quelques fulgurances humoristiques (Josh Gad et Peter Dinklage sortent leur épingle du jeu avec quelques moments très drôles), Pixels est d’une pauvreté scénaristique abyssale. Des dialogues rachitiques et navrants qui se contentent de faire avancer l’histoire et d’enchaîner les jeux de mots puérils et enfantins, mais surtout un hommage à la culture geek navrant. Récupérant les codes de cette culture, afin de faire un hommage censé plaire à tous, les scénaristes n’ont pas pris le temps à moderniser la vision qu’ils peuvent avoir de cette culture. Des protagonistes qui peuvent sauver le monde, mais qui avant cet évènement n’étaient que des ratés que ce soit dans leur vie privée ou dans la façon de gérer leur vie professionnelle. De véritables stéréotypes de cette culture geek accompagnée d’une vision de la femme consternante. Des personnages féminins sous-exploités, présents uniquement pour leurs formes, ainsi que pour assouvir les fantasmes des personnages masculins. À noter la présence d’un personnage féminin qui n’a pas le droit à la parole, mais dont le physique n’est plus pixelisé pour que l’on puisse admirer ses formes. Ce qu’on appel : une femme-objet. Une vision de la femme sexiste et bloquée dans un passé que le cinéma essaye chaque année de faire oublier. Mad Max : Fury Road étant notamment le contre-exemple parfait dans le genre du divertissement hollywoodien. Il est toujours dommage de voir que sous ses faux airs de divertissement estival coloré et dynamique, un film grand public tel que celui-ci puisse être aussi bête et naïf dans son écriture.

Pixels est un divertissement qui, par ce qu’il propose, plaira à un grand nombre de spectateurs. Le spectacle est au rendez-vous, c’est coloré, les Ardoiseeffets spéciaux particulièrement réussis et la bande sonore pop dynamisent un ensemble qui manque cruellement de punch. Un bon petit divertissement qui derrière son concept au combien intéressant cache un scénario mal écrit, peu drôle et qui essaye de rendre hommage à la culture geek en se basant essentiellement sur l’image que l’on peut en avoir. Rendre un hommage c’est faire l’éloge de quelque chose ou en casser les stéréotypes pour que l’image qu’on en ai change. Les trois scénaristes derrière ce film ont sauté à pieds joints dans le piège du divertissement hollywoodien en pondant un script référencé certes, mais inintéressant, brouillon, stéréotypé et sexiste. On aurait aimé dire bravo, finalement on ne dira rien.

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