JE SUIS MORT MAIS J’AI DES AMIS : Un rock au cœur tendre ★★★☆☆

Une comédie aux élans absurdes réjouissante grâce à ses personnages attachants.

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Dès son générique, on comprend que Je suis mort mais j’ai des amis sera un film rock’n’roll. Au travers d’un concert endiablé malgré des paroles idiotes, Guillaume et Stéphane Malandrin montrent déjà la portée humoristique de leur projet, tout en appuyant leur sincérité. Il s’agit sans nul doute de la plus belle qualité du métrage, qui évite un cynisme trop imposant auquel il aurait pu se laisser tenter. En quelques minutes, il parvient à caractériser chacun de ses personnages et à créer une réelle empathie, aussi bien grâce à la qualité de son écriture que par son casting 100% trognes singulières. Et pourtant, le film repose son intrigue sur un secret, qui redistribue les cartes et prouve que rien n’est absolu. Un soir, le chanteur du groupe Grand Ours, Jipé (Jacky Lambert), décède, alors qu’il venait de réussir à organiser une tournée aux États-Unis. Pour lui rendre hommage, ses amis volent son urne funéraire et décident de faire les concerts en son honneur. Mais juste avant de partir, ils rencontrent Dany (Lyes Salem), un aviateur qui se révèle être l’amant du défunt…

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Cette révélation assez inattendue est à l’image du long-métrage dans son ensemble. Sans être révolutionnaire, on sent une réelle recherche dans l’écriture de la comédie, une expérimentation pas toujours adroite mais qui va au bout des choses, passant avec une certaine fluidité du burlesque au comique de mots. Ainsi, les deux cinéastes parviennent à surprendre durant quelques séquences, notamment lors d’un dialogue assez absurde à base de vomi. Comme pour les relations entre ses protagonistes, Je suis mort mais j’ai des amis fonctionne grâce à une alchimie des genres, road movie à la sauce buddy movie où la comédie se mêle au voyage initiatique, voire à l’aventure. C’est là que le film fait preuve d’une modestie plaisante en assumant ses limites. S’il détourne quelques clichés, il accepte de parfois revenir à un certain formalisme, qu’il emploie avec un profond respect des codes. On peut lui reprocher un dernier acte un peu précipité, mais l’ensemble tient parfaitement la route.

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Mais surtout, Je suis mort mais j’ai des amis dépeint ses thèmes avec une étonnante subtilité, et en premier lieu celui de l’approche du deuil. Sans le renier, il interroge au travers du voyage de ses héros la légitimité cette volonté de l’oubli et le rejet de la souffrance. Guillaume et Stéphane Malandrin nous prouvent que ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Ils en profitent même pour démontrer l’absurdité de certaines traditions sociétales concernant ce dernier au revoir par l’incapacité des personnages à accomplir leurs objectifs. On suit alors leur évolution avec plaisir, les deux cinéastes faisant le choix de constamment se focaliser sur eux. Malgré sa forme de road movie, le métrage ne contemple jamais la beauté de ses décors. Seuls les êtres qui s’y trouvent méritent cet instant de calme. Ainsi, ce dépaysement et cet émerveillement, bien que hors-champ, devient communicatif grâce à l’identification du spectateur aux protagonistes, et donne envie de passer encore un peu de temps avec eux.