Le talent de mes amis – mais surtout d’Alex Lutz
de Alex Lutz.

Le premier film d’Alex Lutz est une pochette surprises. Une pochette composée de rires, de petites larmes au coin de l’œil et de réflexions sur la vie. La vie, ses délices, ses malices mais également ses sacrifices. L’histoire est finalement plutôt banale ; Alexandre Ludon (Alex Lutz, himself) un quarantenaire employé d’une grande boîte (d’assurance) plante tout pour vivre son rêve d’adolescent ambitieux ; faire de la musique. Ce déclic, il l’a après avoir revu son meilleur ami période collège, Thibault (Tom Dingler). Aujourd’hui devenu un coach de vie, au profil flambant, prétentieux, grosse voiture et femme riche&canon en option. Mais d’un banal synopsis, Alex Lutz en fait un conte. Un conte contemporain et touché par la grâce – notamment de ses acteurs. Anne Marivin (joue Carole, l’épouse d’Alexandre) est sublime. Comme partout, comme tout le temps. Une fois encore, elle rayonne. A ses côtés Audrey Lamy (interprète Cécile, la femme de Bruno Sanches aka Jeff aka le meilleur ami depuis le lycée d’Alexandre – ça en fait, des amis) varie ses émotions avec une énergie folle qu’elle parvient on ne sait comment à canaliser pour transformer son personnage pourtant haut en couleurs en quelqu’un de doux et touchant. Deux mots qui caractérisent aussi Bruno Sanches (Jeff) et Tom Dingler (Thibault). Si très vite l’on s’attache à Bruno Sanches puisque touché d’une flagrante injustice, plus tard nous serons touchés aussi par Tom Dingler – alors qu’au départ, c’est pas gagné. (Un mot par ailleurs, Bruno Sanches est définitivement un acteur génial. Oubliées les Catherine et Liliane, ici il brille par sa justesse et son regard attendrissant. Un pote comme on veut en avoir un dans la notre, de vie.) Et puis Jeanne Moreau. Qu’elle est belle Jeanne Moreau. Sa présence dans le film, représente le petit havre de paix, que l’on aime et chérit dans ce monde où tout va mal. Ici douce grand-mère, ce que l’on aime, Jeanne Moreau. Le scénario est exquis. La mise en scène parfaite puisque toujours teintée d’un détail. Un détail qui change tout, sur chaque plan, pour chaque idée. Rien n’est laissé au hasard. Alex Lutz contrôle tout, jusqu’au moindre bruitage, au moindre regard. C’est si bon de se faire tenir la main ainsi sur 1h40. La bande originale est super bonne. Des titres entêtants, on en ressort en chantonnant. (Uptown Girl notamment…) Le film n’est pas un trop plein de bons sentiments. C’est une comédie. Dramatique, un peu. Mais si jolie. Le film de potes, genre souvent raillé en France, a pourtant trouvé une nouvelle bande à accueillir ; celle d’Alex Lutz. Et on adore cette bande. Qu’une seule hâte, qu’une seule envie ; les retrouver un jour. Savoir comment ils ont pu s’en sortir, quels choix ont-ils faits. (Et est-ce que Jeff a enfin son permis ?) Le talent de mes amis, ah que c’était bon. (Pour tout dire, l’on s’en prend même à rêver de César pour l’année prochaine) Clémence Pouletty http://www.youtube.com/watch?v=S0BwnFmLVv8