Critique : Transcendance (2014)

Transcendance 1

Everything is (de)connected.

Echappé du système Nolan, le chef-op Wally Pfister crée avec Transcendance ses premières lignes de codes en solo. Cela parle de terrorisme, de nano-technologie, d’intelligence artificielle et d’animisme virtuel. Cela parle d’un amour éternel cryptée derrière des réflexions philosophiques sur la renaissance et la conception d’une nouvelle humanité autour d’un arbre de vie. Cela présente une belle épouse et sa bête scientifique unit par une rose qui se fane à mesure que la mégalomanie de l’un supplante la recherche du bien scientifique de l’autre. Un projet ambitieux, sauvegardé par une distribution de pare-feux soigneusement placé des deux côtés de la caméra, nous garantissant ainsi l’assurance d’une expérience de qualité. Mais le meilleur des softwares du monde ne peut rien contre un processeur daté. Les actions publiques et les milkshakes au smartphone ne leur suffisaient vraisemblablement plus à ces pirates du RIFT, désormais bien décidés à tuer dans l’œuf tout avenir de transcendance pour l’Homme. Une balle au polonium plus tard, le docteur Will Caster, chef de projet mortellement irradié par la profonde détermination de ces révolutionnaires, décide, avec le soutient de sa partenaire "dans la science comme dans la vie", de transférer sa conscience dans un ordinateur quantique. C’est à ce moment que l’algorithme s’écroule. « Il me faut plus de puissance, pour accéder aux marchés financiers ». Une réplique cinglante dépourvue de toute subtilité, ne cherchant même pas à cacher la perfidie de la supplication. Son autre partenaire, flairant le mauvais coup, décide de prendre la poudre d’escampette et de rejoindre les rangs de la cellule anarchiste. En revanche, la veuve éplorée, aveuglée par l’hectolitre de larme qu’elle vient de verser, trouve le projet séduisant. Grâce à une grosse dotation bien mal acquise mais qui n’a toute fois pas éveillée les soupçons des instances boursières, ils construisent un giga complexe de la mort dans le désert afin de poursuivre leurs recherches, non sans lever pour cela une petite armée d’estropiés guérit par la miraculeuse technologie des époux Caster. Des humains de Lourdes capables de porter des têtes de panneaux solaires et des godets de pelleteuses à bout de bras. Décidément, cette pellicule sent les 70’s-80‘s et le Yul Brynner de MondWest (le jeu robotique de Johnny Depp y rend un vibrant hommage) brulé au Soleil Vert de Richard Fleischer. Wally Pfister, nouveau nabab du retro-filming ! Sauf que son programme est saturé de bugs et accuse de sévère chute de framerate. La densité psychologique des personnages est temporisé au stade alpha, l’intrigue jouit d’une progression scriptée. Les incohérences sont à tous les étages de ce trip numérique auquel le réalisateur greffe l’écrin visuel de son ancien gourou (insert, flashback et voix-off pompeuse). Transcendance se voulait alors cérébral, ascétique et sophistiqué, froid comme un super-calculateur et branché comme une clé USB. Mais comme ses acteurs, il abandonne toute forme de raffinement, et c’est au mortier et au C4 qu’il clôt son ouvrage de synthèse qui restera, à nôtre grand regret, que poussière de pixel. (2/5)

Transcendance 2

Transcendence (États-Unis, 2014). Durée : 1h53. Réalisation : Wally Pfister. Scénario : Jack Palgen. Image : Jess Hall. Montage : David Rosenbloom. Musique : Mychael Danna. Distribution : Johnny Depp (le docteur Will Castner), Rebecca Hall (Evelyn Castner), Paul Bettany (Max Waters), Cillian Murphy (l’agent Buchanan), Kate Mara (Bree), Morgan Freeman (Joseph Tagger).