Looking for Eric

Affiche Looking for EricCinéphile du jour, bonjour !!! Ça à beau être la fête du cinéma, le fait d'avoir la carte illimité fait que j'ai plus tendance à fuir les salles obscures durant cette période. Heureusement, grâce à mon cinéma de quartier qui ne participe pas à l'opération (et qui vends ses place à 3,60€ ), j'ai quand même pu me faire une toile. Séance de rattrapage donc où j'ai été voir "Looking for Eric". Pour savoir deux ou trois petites choses sur ce film et connaître mon avis, cliquez sur "Lire la suite"...
"I'm not a man... I'm Cantonna !"
Il s'agit d'une comédie dramatique britannique, française, belge, italienne et espagnole qui est sorti sur nos écrans le 27 mai 2009 (le film est sorti le 10 juin 2009 en Belgique, le 12 juin 2009 en Grande-Bretagne et sors le 20 novembre 2009 en Espagne) et dont la durée est de 1 heure 59.
"Looking for Eric" à été réalisé par Ken Loach.
Le film à été produit par Rebecca O'Brien.
Le scénario à été écris par Paul Laverty.
La bande originale à été composée par George Fenton.
Film tous publics lors de sa sortie en salles.
Quelques vidéos sur le film

Site officiel du film (français)


Steve Evets et Eric Cantona Steve Evets et Stephanie Bishop

"Looking for Eric" a été sélectionné en compétition au 62e Festival de Cannes en 2009. Habitué du festival, le réalisateur a remporté la Palme d'or en 2006 pour "Le Vent se lève".
Le réalisateur revient sur l'origine du projet : "J'ai reçu un message me disant qu'Eric Cantona souhaitait entrer en contact avec moi. C'était il y a deux ou trois ans. Sans lui, ce film n'aurait jamais existé. Un producteur français, Pascal Caucheteux, s'était entretenu avec Rebecca O'Brien, la productrice, et avait suggéré que nous nous rencontrions, lui, Eric et nous. Nous connaissions évidemment Eric Cantona, l'homme public et le footballeur d'exception. Et eux savaient que Paul Laverty, le scénariste, et moi nous intéressions au football. Eric avait quelques idées, toutes très intéressantes, en particulier une histoire sur sa relation avec un fan. Paul et moi ne voyions pas comment nous pouvions faire fonctionner cela en termes de narration, de personnages et de développement, mais nous avons trouvé que c'était un domaine intéressant à explorer ? non seulement la joie et le plaisir du football et le rôle qu'il joue dans la vie des gens, mais aussi la notion de célébrité et la manière dont on construit la popularité de quelqu'un à travers la presse et la télévision. Dans l'esprit des gens, les célébrités ont quelque chose de surhumain."
C'est la première fois que l'anglais Ken Loach travaille avec la société de production française Why not, la maison qui finance les œuvres d'Arnaud Desplechin, Jacques Audiard ou Bruno Podalydès. Parmi les autres maisons de production qu'on trouve au générique de "Looking for Eric" figurent celle des frères Eric Cantona et celle... des frères Luc Dardenne.
Le scénariste Paul Laverty, qui a d'abord cru à une blague lorsque Ken Loach lui a dit qu'Eric Cantona l'avait contacté, évoque son premier contact avec l'ex-footballeur : "Nous nous sommes rencontrés pour parler d'un court traitement qu'Eric Cantona et ses frères avaient préparé pour la société de production française Why Not. Le sujet portait sur un vrai fan qui avait suivi Eric quand celui-ci avait été transféré de Leeds United à Manchester United, perdant au passage son travail, ses amis et sa famille. J'ai trouvé qu'il y avait là un certain potentiel mais en fin de compte, une fiction et la liberté qu'elle permettait, m'attiraient plus encore. Peut-être est-ce la terrible grippe dont je souffrais quand nous nous sommes rencontrés ce jour-là, mais à mesure que nous parlions, mon esprit s'est mis à dériver vers tous ces souvenirs, ces magnifiques buts qu'Eric avait marqués, ses flashs d'inspiration, son tempérament, son fameux coup de pied de karaté, la conférence de presse " des sardines ", les chants de la foule, et puis surtout ce moment qui était resté gravé dans ma tête, ce but extraordinaire qu'il a marqué contre Sunderland. Il a tout de suite été clair pour moi comme pour Ken que la personnalité d'Eric, sur le terrain et en dehors, ouvrait un champ de possibilités absolument fascinantes."
Ken Loach retrouve ses collaborateurs habituels : le scénariste Paul Laverty (dix films en commun, dont deux court métrages), mais aussi le chef-opérateur Barry Ackroyd, le monteur Jonathan Morris ou encore la productrice Rebecca O'Brien.
Selon Ken Loach, "Looking for Eric" est avant tout "une histoire sur l'amitié et sur le fait de s'accepter tel que l'on est. C'est un film contre l'individualisme : on est plus fort en groupe que seul. Certains éprouveront peut-être une certaine condescendance envers cette idée, mais ce film parle de la solidarité entre amis, en prenant pour exemple un groupe de supporters de foot. Il est aussi question de l'endroit où vous travaillez et de vos collègues. Même si cela peut sembler banal de dire cela, ce n'est pas dans le vent de l'époque. Ou du moins ça ne l'est plus depuis trente ans. Ceux qui vous entourent ne sont plus vos camarades, ils sont vos concurrents."
A propos du fait de jouer son propre rôle, Eric Cantona confie : "Dans le film, je suis le Eric Cantona qui existe dans l'esprit d'Eric Bishop, dans son imagination. C'est ainsi qu'il me voit. Cela m'a conduit à prendre pas mal de distance par rapport à moi-même, c'était de l'auto-dérision et j'ai beaucoup aimé cela. J'ai travaillé sur d'autres films, des films où je pouvais me cacher derrière un personnage, mais dans celui-ci je devais être moi-même. C'était un sentiment étrange (...) Ce fut une bonne expérience, très spéciale. C'est comme être, tout en se regardant être. Il faut trouver la spontanéité, être soi-même, mais dans une fiction. C'était un exercice étrange, mais passionnant." Précisons que les proverbes que prononce le personnage ont tous été écrits par Paul Laverty... "Ils m'ont beaucoup fait rire quand je les ai lus ? et je soupçonne qu'ils ont beaucoup fait rire Paul quand il les a écrits ! Cela ne me gênait pas du tout de les dire, au contraire : je les aimais beaucoup. Les buts ont été choisis par eux, mais je suis d'accord avec leur choix. Je trouve qu'il y a un bon équilibre, avec des buts à 20 ou 30 m, des lobs, des têtes... Des types de buts différents."
Si le film n'est nullement un documentaire sur Eric Cantona, le cinéaste s'est inspiré de la personnalité du footballeur, très populaire en Grande-Bretagne : "En parlant avec Eric, ses réflexions sur le sport, sur sa place, sur ce qu'il a tenté de faire et son approche du football sont devenues partie intégrante du projet. Lorsqu'Eric rentre dans une pièce , il a un charisme, un magnétisme considérable. Les comédiens parlent de " projection naturelle " à propos de cette capacité à communiquer depuis la scène jusqu'au fin fond de la salle sans apparemment rien faire de spécial. Eric savait faire cela sur un terrain de football ? il communiquait avec 70 000 personnes. C'est une capacité naturelle absolument extraordinaire. A Manchester, il a été traité avec respect, admiration et affection. Nous avons dû dissimuler sa présence ? c'est la première fois que j'avais des paparazzis rôdant autour du plateau. Et si on marchait avec lui dans la rue, la circulation ralentissait et les gens lui attrapaient la main. Je suis allé à un match avec lui à Old Trafford. Même sans savoir qu'il était là, les gens chantaient les chansons de Cantona. Ils scandaient son nom alors qu'il n'était pas venu depuis dix ans ! Et puis ils ont découvert qu'il était là pour de bon, et ça a été la folie. Des hommes adultes pleuraient !"
Steve Evets a eu un parcours peu banal avant d'obtenir le premier rôle de "Looking for Eric". Issu d'un milieu ouvrier, le jeune homme s'engage dans la Marine Marchande, mais en est renvoyé trois ans plus tard. Il raconte : "J'avais fait toutes sortes de trucs, j'avais sauté deux fois d'un bateau au Japon, j'avais passé mon 18e anniversaire dans un bordel de Bombay ; c'était une expérience très libératrice ! J'étais comme un jeune chien fou à l'époque. Puis j'ai trouvé un job de livreur de tuyaux industriels pour une boîte, parce que je n'avais pas d'autre option. Je me suis marié, ça a foiré et la boîte m'a licencié. Alors j'ai décidé de faire ce que j'avais en tête : être acteur, ou un truc créatif" Il a alors troqué son nom de famille, Murphy, pour le palindrome Evets. Il a trouvé quelques rôles comme comédien, et même joué de la basse avec le groupe The Fall, avant de se brouiller avec son imprévisible leader Mark E. Smith...
Originaire de Manchester, comme la plupart des supporters du film, Steve Evets, qui joue le rôle principal, ignorait jusqu'au dernier moment qu'Eric Cantona jouerait dans le film ! "Il savait seulement qu'il était impliqué comme producteur", raconte le réalisateur, qui précise : "Le jour où Cantona devait commencer à jouer, nous l'avons conduit discrètement dans la maison et dans la chambre. J'ai dit à Steve : " La lumière n'est pas bonne. Il va falloir qu'on mette du noir pour atténuer les reflets. Donne-nous dix minutes. " Steve est sorti fumer une cigarette, Eric Cantona s'est caché derrière un drap noir que nous avons placé autour de la caméra, puis nous avons joué la scène. Steve regardait en direction du poster grandeur nature de Cantona. Eric s'est glissé derrière lui et il s'est mis à parler. La surprise a été totale."
Si Eric Cantona joue de la trompette dans le film, ce n'est pas par hasard... Dans la vraie vie, lorsqu'il a été suspendu pendant 9 mois, le footballeur s'était mis à cet instrument de musique.
Ce film a reçu le Prix du Jury œcuménique lors du Festival de Cannes 2009.
Steve Evets et Eric Cantona Steve Evets

Le casting du film :

Steve Evets (Eric Bishop), Eric Cantona (Lui-même), Stephanie Bishop (Lily), John Henshaw (Meatballs), Gerard Kearns (Ryan), Stefan Gumbs (Jess), Lucy-Jo Hudson (Sam), Cole Williams (Daisy), Matthew McNulty (Eric Bishop, jeune), Laura Ainsworth (Lily, jeune), Max Beesley (Le père d'Eric Bishop), Kelly Bowland (La petite amie de Ryan), Julie Brown (L'infirmière), Justin Moorhouse (Spleen), Des Sharples (Jack), Greg Cook (Monk), Mick Ferry (Le juge), Smug Roberts (Smug), Johnny Travis (Travis), Steve Marsh (Zac), Cleveland Campbell (Buzz), Ryan Pope (Fenner)...
Le synopsis du film :

Eric Bishop, postier à Manchester, traverse une mauvaise passe.
Sous son nez, ses deux beaux fils excellent dans des petits trafics en tous genres, sa fille lui reproche de ne pas être à la hauteur et sa vie sentimentale est un désert.
Malgré la joyeuse amitié et la bonne humeur de ses collègues postiers qui font tout pour lui redonner le sourire, rien n'y fait... Un soir, Eric s'adresse à son idole qui, du poster sur le mur de sa chambre semble l'observer d'un oeil malicieux. Que ferait à sa place le plus grand joueur de Manchester United ? Eric en est persuadé, le King Cantona peut l'aider à reprendre sa vie en mains...
Eric Cantona Steve Evets

Bien que j'étais curieux de découvrir ce film, je dois admettre qu'il ne me tenté pas plus que ça pour autant. Possédant cependant un très bon bouche à oreille et étant curieux de voir la prestation en tant qu'acteur d'Eric Cantona, je me suis dit qu'après tout ça pourrait être sympa d'aller découvrir ce film en salles en espérant quand même que ça ne tourne pas trop autour du ballon rond (je n'avais vu aucune bande annonce avant de voir ce film ;-) ).
J'ai été très surpris donc face à ce film car si le ballon rond est certes un peu exploité (normal en même temps on ne peux pas parler d'Eric Cantona sans parler de football), ce sport sers plus de prétexte pour véhiculer des messages d'équipe, de solidarité, de fraternité, d'amitié plutôt qu'autre chose. Plus que le simple sport en lui même, c'est surtout l'esprit de ce sport qui est mis en avant. D'ailleurs, le football ne sers juste que de décor (même si l'ambiance et l'univers des supporters de foot qui voit en leurs joueurs préférés des dieux est peint de façon très touchante bien loin de l'image que peut véhiculé certains médias ce qui est pas plus mal) car le scénario est surtout basé sur un drame social nous racontant les déboires d'un facteur pas méchant mais un peu paumé qui semble avoir perdu un peu le contrôle de sa vie. Un soir de déprime, ce dernier va se retrouver à parler à son idole Eric Cantona qui apparait devant ses yeux après avoir fumé du cannabis. Partant de cette base, le film va alors nous montré comment notre héros va remonter la pente et regagner la confiance de son entourage mais avant tout de lui même. Mêlant le rêve à la réalité, ici King Canto sera un peu le Jiminy Cricket de notre héros, il sera sa bonne conscience qui va lui faire redonner goût à la vie avec une philosophie particulière bien approprié avec l'image du célèbre ancien footballeur. Entre humour et tendresse, le film va nous balader tout au long de ce film pour nous montrer de façon positif à quel point il faut toujours croire en des jours meilleurs et l'importance de l'amitié et de l'amour dans la vie. Riche en humour subtile, le film ne possède aucun temps mort. Bien sûr il y à quelques facilités dans le scénario car si Eric Cantona apparait pour la première fois après que le héros ait fumé du cannabis, plus tard il apparait sans qu'il y ait d'explications vraiment logique par exemple mais le scénario s'avère si bien construit qu'on en fait vite abstraction et qu'on passe un très bon moment.
Comparé à ce que le synopsis peut nous laisser prévoir, le véritable héros de ce film est avant tout Steve Evets. L'acteur que je découvre pour la première fois est parfait avec son personnage. Il ressors très bien le côté paumé tout en le faisant évolué au fil du film. D'ailleurs, dans sa gestuelle, dans son regard, le spectateur sens que son personnage reprend confiance en lui. Cette crédibilité apporte beaucoup au film et j'ai jamais eu l'impression qu'il faisait de fausses notes bien au contraire. S'imposant même plutôt bien à l'écran, j'ai trouvé qu'il savais alterné de façon très juste tendresse et force. Eric Cantona m'as lui aussi bien impressionné. Jouant avec son rôle, se tournant en auto-dérision, l'acteur réussit à nous montrer une nouvelle facette que l'on pouvait ignorer chez lui. On le connaissais robuste, fort de caractère mais dans le film il dégage une certaine vulnérabilité qui apporte beaucoup au film en nous montrant que derrière la vedette, c'est avant tout un homme comme tout le monde. Bien que les différentes répliques ne soit pas de lui mais du scénariste (hormis celle des mouettes et des sardines qui est légendaire ^^), l'acteur apporte la voix de la sagesse et sans effet tape à l'œil, il est très convaincant. Je regrette un peu qu'on ne le voit pas tant que ça d'ailleurs (car une nouvelle fois c'est vraiment pas lui le héros du film) car Steve Evets et Eric Cantona forme un très bon duo où une complicité se fait ressentir à l'écran avec aussi une certaine admiration et un profond respect l'un de l'autre. Les autres rôles, plus secondaires, sont eux aussi touchant et apporte beaucoup à cet esprit positif et amical du film. Stephanie Bishop est très bonne avec ce personnage qui derrière sa forteresse cache elle aussi quelques blessures profondes qu'elle va réussir à apprivoiser tandis que John Henshaw est irresistible apportant une grosse dose de l'humour général. Chaque acteurs joue le jeu à merveille et est indispensable dans ce casting même si je reconnais toutefois avoir eu plus de mal avec Gerard Kearns et Stefan Gumbs qui incarne les fils d'Eric Bishop dans le film et dont j'ai trouvé le jeu un peu trop stéréotypé et transparent même si ça passe quand même.
Je vais être honnête, c'est aussi le premier film de Ken Loach que je vois (pourtant "Just a kiss", "It's a free world" et "Le vent se lève" me tenté bien). C'est pas que j'ai une dent contre ce réalisateur c'est juste qu'il y à toujours des films qui me tente plus que les siens. Pour une première approche, je ne vais donc pas être en mesure de dire si c'est oui ou non le meilleur film du metteur en scène mais j'ai beaucoup apprécié sa réalisation. Assez sobre avec des plans intéressant j'avais un peu peur de trouver sa mise en scène un peu ennuyeuse, un peu pompant et au final j'ai trouvé que c'était assez dynamique. Le fait de commencé son film par une note de désespoir puis de le faire évoluer avant de le finir avec un point serré symbole de victoire est une très bonne idée. On ressens bien le côté positif qui se dégage de ce film et il met très bien en images cette fable contemporaine. Sans chercher à viser dans la misère ou dans le tape à l'œil, le réalisateur opte pour un juste milieu qui sers très bien son propos. C'est fluide et j'ai même trouvé certains plans assez fort comme celui de la scène finale d'Eric Cantona ou le coup des chaussures bleues avec la photo ;-) . Même dans l'utilisation des images d'archives sur la carrière footbalistique de Cantona c'est sobre, sans paillettes ni effets visuels. Ca rend le tout plus proche des spectateurs et de la vraie vie et rend le scénario plus poignant. La bande originale du film signée George Fenton n'étouffe pas l'intrigue elle non plus et ce fait très discrète avec des morceaux qui collent bien avec l'atmosphère dégagé par ce film sans cherché à accentuer plus ou moins les situations, les émotions de l'intrigue se suffisant à eux même.
Au final, "Looking for Eric" est un très bon film et une très bonne surprise pour ma part. Tendre et efficace, Ken Loach nous offre un conte moderne qui redonne le sourire et l'envie de se battre pour affronter les obstacles. On ressors de la salle avec le sourire et une certaine motivation qui fait du bien en ses temps de crises. C'est en tout cas un très beau film que je conseille de voir et que j'ai beaucoup aimé :-) .
Affiche Looking for EricAffiche teaser Grande Bretagne