Jusqu'au Bout du Monde (2024) de Viggo Mortensen

Second long métrage après "Falling" (2020) pour Viggo Mortensen acteur qui a multiplié les rôles plus ou moins secondaires comme dans "Witness" (1985) de Peter Weir, "The Indian Runner" (1991) de Sean Penn ou "À Armes Égales" (1997) de Ridley Scott avant de devenir enfin une star mondiale grâce à la trilogie "Le Seigneur des Anneaux" (2001-2003) de Peter Jackson. Artiste éclectique (poète et peintre aussi), il assume les casquette de Producteur-réalisateur-scénariste-compositeur pour son film pour lequel il a fait appel à la plupart de ses collaborateurs sur son premier film comme le Directeur Photo, la Cheffe décoratrice ou la Cheffe costumière. Co-production mexicano-canado-danois Viggo Mortensen collabore aussi avec Jeremy Thomas, producteur des réalisateurs Nagisa Oshima, Bernardo Bertolucci ou David Cronenberg avec lequel d'ailleurs ils ont en commun le film "A Dangerous Method" (2011)... 1860 à San Francisco, Vivienne Le Coudy, franco-canadienne rencontre Holger Olsen un colon danois. Bien que farouchement indépendante elle accepte de la suivre dans le Nevada pour construire une nouvelle vie. Mais peu de temps après voir trouvé leur lieu de vie la Guerre de Sécession les sépare. Holger part s'engager tandis que Vivienne reste seul sur leur propriété. Si elle doit lutter contre le pouvoir du maire corrompu et les ambitions de Alfred Jeffries, important propriétaire terrien elle doit surtout souffrir des insistances de Weston, fils brutal de Jeffries. Quand Holger revient du front, ni lui ni elle ne sont les mêmes et doivent réapprendre à se connaître... 

Viggo Mortensen, américano-danois incarne lui-même le colon Holger Olsen, et retrouve ainsi le western après "Young Guns 2" (1990) de Geoff Murphy, "Appaloosa" (2008) de et avec Ed Harris voir le plus sud-américain "Jauja" (2014) de Lisandro Alonso, tandis que sa conjointe franco-canadienne est jouée par la fermano-luxembourgeoise francophone Vicky Krieps vue entre autre dans "Phantom Thread" (2017) de Paul Thomas Anderson, "Old" (2021) de M. Night Shyamalan, "Corsage" (2022) de Marie Kreutzer ou le dyptique français "Les Trois Mousquetaires" (2023) de Martin Bourboulon. Citons ensuite Garrett Dillahunt vu dans "Army of the Dead" (2021) de Zack Snyder, "Ambulance" (2022) de Michael Bay et "Là où chantent les Ecrevisses" (2022) de Olivia Newman et retrouve après "La Route" (2009) de John Hillcoat son réalisateur et partenaire Viggo Mortensen à l'instar de Nadia Lintz qui le retrouve elle après le récent "Les Crimes du Futur" (2022) de David Cronenberg, auparavant l'actrice est apparue entre autre dans "Inside Job" (2003) de Nicolas Winding Refn ou "Blindness" (2008) de Fernando Meirelles. Citons encore Solly McLeod aperçu dans la série TV "Outlander" (2014-...) ou le film "Jericho Ridge" (2023) de Will Gilbey, Danny Huston vu récemment "Io" (2019) de Jonathan Helpert, "Marlowe" (2022) de Neil Jordan ou "Tempête" (2022) de Christian Duguay, W. Earl Brown remarqué dans "Mary à Tout Prix" (1998) des frères Farelly puis vu dans "Dancing at the Blue Iguana" (2000) de Michael Radord, "Strictly Criminal" (2015) de Scott Cooper ou "The Highwaymen" (2018) de John Lee Hancock, John Getz aperçu dans "The Social Network" (2010) de David Fincher, "Jobs" (2013) de Joshua Michael Stern ou "Certaines Femmes" (2016) de Kelly Reichardt, puis Ray McKinnon aperçu dans "Le Mans 66" (2019) de James Mangold et "La Mission" (2020) de Paul Greengrass... Deadline est un site qui ne doit pas connaître réellement le western, mais ils ont servi la promotion avec la tagline "John Ford et Howard Hawks adoreraient ce film" ; peut-être mais ça m'étonnerait justement, le film de Mortensen manque de souffle épique, de rythme, frôle le simple mélo et, surtout, se retrouve avec des parties plus ou moins mystiques dont on a bien du mal à comprendre la finalité vis à vis du récit. Les premières minutes forment un patchworck chronologique mêlant divers époques sans réelles logiques autres que, sans doute, de nous présenter un peu les protagonistes. On remarque que le réalisateur-scénariste-acteur a privilégié son héroïne plutôt que son propre personnage. Elle est le seul personnage dont on a des scènes de son passé.

D'autant plus que  Olsen/Mortensen et Vivienne/Krieps ont déjà un vécu et un passé qu'on devine compliqué... ATTENTION SPOILERS !... Lui est quinquagénaire, a été marié, a connu la guerre en Europe et a traversé le monde depuis la Scandinavie, elle sans doute proche de la quarantaine, vient du Canada, sans doute orpheline tôt et a dû se survivre dans un monde machiste en se forgeant une forte personnalité indépendante... FIN SPOILERS !... Mais on ne comprend pas vraiment pourquoi Mortensen a choisit des flash-backs aussi présents, surtout pour insérer une imagerie d'épinal plus ou moins mystique complètement superflue voir même une simple faute de goût (Viggo !!!?). Par là même, on apprend que Vivienne a dû apprendre beaucoup de son papa mais elle reste cantonnée aux tâches ménagères et restent une victime dans un récit qui reste d'un classicisme très patriacal, ce qui peut surprendre tant on s'attendait à ce que la promesse féministe de Vivienne au début du film réveille un récit un peu monotone. Par contre le couple fonctionne à merveille avec quelques jolies moments de grâce (le retour du front est particulièrement émouvant), les méchants sont des clichés du genre mais restent joués de façon impeccable, et surtout les paysages sont sublimes, merveilleusement mis en image et en valeur. Il manque finalement surtout un effet western plus probant et une dimension mélo moins académique, soit moins de mysticisme et une femme forte qui s'impose vraiment. Une petite déception. Note indulgente.

Note :                 

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13/20