Une Histoire d'Amour Suédoise (1970) de Roy Andersson

Premier long métrage du suédois Roy Andersson qui imagine une chronique adolescente pendant un été suédois à la fin des années 60. Le réalisateur-scénariste  va connaître une reconnaissance instantanée avec ce film naturaliste présenté au festival de Berlin 1970 et va même être adoubé par Ingmar Bergman, maître du cinéma suédois. Notons que le cinéaste est un des plus rares avec uniquement six longs métrages, suivront ainsi "Gliap" (1975), puis après une longue pause à l'instar d'une Terrence Malick, "Chansons du Deuxième Etage" (2000), "Nous, les Vivants" (2007), "Un Pigeon perché sur une Branche philosophait sur l'Existence" (2014) et "Pour l'Eternité" (2019)... 1969, début de l'été, alors que les parents organisent des réunions familiales et des soirées entre amis les adolescents profitent de leurs mobylettes, sortent et flirtent. Après quelques regards Pär et Annica finissent par se rapprocher confirmant un coup de foudre évident tandis que les parents font bonne figure devant leurs proches... 

Annika est incarnée par Ann-Sofie Kylin qui continuera à être actrice sans pour autant devenir une star vue plus tard notamment dans "En Film om Kärlek" (1987) de Mats Arehn, "Tillbaka Till Bromma" (2014) de Martin Persson ou "Un Film dans les Rêves" (2021) de Francesc Alarcon, elle retrouvera dans la série TV "De Hemligas Ö" (1972) son partenaire Rolf Sohlman vu ensuite dans "Mina Drömmars Stad" (1976) de Ingvar Skogsberg, "Hempas Bar" (1977) de Lars G. Thelestam ou plus récemment dans "Fiktiv Granskning - en Grävande Historia" (2022) de Jimmy Olsson. Citons ensuite Anita Lindblom vue notamment dans "Le Mannequin en Rouge" (1958) et "Blajackor" (1964) tous deux de Arn Matsson, les parents de Annika/Kylin sont joués par un véritable couple du cinéma suédois, Bertil Noström vu dans "Joyeuses Pâques" (1970) de Vilgot Sjoman ou "Scènes de la Vie Conjugale" (1975) de Ingmar Bergman, il retrouve donc sa conjointe avec qui il a notamment joué dans "Les Filles" (1969) de Mai Zetterling, il s'agit de Margreth Weivers vue aussi plus tard dans "L'Homme de Majorque" (1984) de Bo Widerberg, "Lotta Pa Brakmakargatan" (1992) et "Lotta Flyttar Hemifran" (1993) tous deux de Joanna Hald, puis Björn Andrésen qui sera révélé surtout juste après dans "Mort à Venise" (1971) de Luchino Visconti et vu ensuite dans "L'Assassin Candide" (1982) de Hans Alfredson ou "Shelley" (2016) de Ali Abbasi ou "Midsommar" (2019) de Ari Aster... Les premières minutes sont un peu étonnantes, laissent même un peu perplexes tant on ne comprend pas grand chose dans ce qui semble juste être une sorte de délire de jeunes s'amusant. Mais d'emblée on perçoit le style très naturaliste du réalisateur, privilégiant les plans larges exception faite des passages intimes centrés sur les deux jeunes adolescents.

Le film met du temps à se mettre en place, les deux adolescents sont noyés dans une foule d'adultes où durant de longues minutes les adules dînent, refont le monde, boivent, profitent aussi du soleil. Puis arrive les premiers regards furtifs entre Annika/Kylin et Pär/Sohlman, entre gêne et attirance mêlées tout ce qu'il y a de normal quand on a 14 ans. Les dialogues sont parcimonieux, simples si peu de protagonistes ou dans un petit brouhaha quand les adultes s'attablent. Mais on constate que l'amourette adolescente ne prend pas forcément l'importance à laquelle on aurait dû s'attendre, le récit se partage entre les jeunes et les adultes ; les groupes de jeunes laissent peu à peu place à jeune couple qui s'aiment de plus en plus, tandis qu'en parallèle on comprend que les parents se sentent seuls et/ou se séparent. Ainsi face à la triste réalité des "grands" il y a la jolie idylle de deux jeunes ingénus. On est plutôt subjugué par la beauté de jeune éphèbe de Pär/Sohlman et beauté diaphane de Annika/Kylin, d'ailleurs c'est surtout cette dernière qui éblouie de façon presque malaisante bien que magnifiquement filmée, de façon prude et élégante, on pense beaucoup aux nymphes du photographe David Hamilton qui ira plus loin dans l'érotisme adolescent avec des films comme "Bilitis" (1977) ou "Tendres Cousines" (1980). Mais si on trouve le petit couple mignon, leur idylle adorable on attend longtemps qu'une intrigue se mette en place. Les parties adultes sont inintéressantes car redondantes même si sur le fond on comprend le parallèle entre la jeunesse innocente et la maturité pesante du couple. En conclusion le film est assez ennuyeux, où il ne se passe pas grand chose mais sa thématique et sa mise en scène en font un film d'une grande modernité et reste un film majeur du cinéma suédois. A voir.

Note :    

Histoire d'Amour Suédoise (1970) AnderssonHistoire d'Amour Suédoise (1970) Andersson

13/20