Black Flies (2024) de Jean-Stephane Sauvaire

3ème long métrage après le remarqué "Johnny Mad Dog" (2008) et "Une Prière avant l'Aube" (2017) pour le français Jean-Stephane Sauvaire, qui s'est vu proposé ce nouveau projet par des producteurs qui avait d'abord envisagé un certain Darren Aronofsky qui a préféré s'atteler à "The Whale" (2023). cette histoire est une adaptation du roman éponyme, mais en VF.F. "911", (2008) de Shannon Burke, auteur qui a un pied dans le cinéma en co-signant le scénario de "Syriana" (2005) de Stephen Gaghan. Le réalisateur français vit depuis des années à Brooklyn et a donc été directement séduit par cette histoire : "Après mon premier long métrage de fiction, Johnny Mad Dog, présenté à Cannes en 2007, j'ai eu ce désir d'y tourner un film. Je connaissais surtout New-York en tant que cinéphile, à travers les films - ceux de Scorcese, Ferra, Friedkin, Cassavetes, Lumet, etc. - et leur représentation cinématographique de cette ville mythique. J'ai fini par m'installer dans une maison abandonnée dans le quartier de Bushwick à Brooklyn, et j'y ai monté un cabaret, le Bizarre. Et dès que je me suis installé dans ce quartier, j'ai eu envie de filmer et capturer ce New-York que je sentais disparaître, un New-York nostalgique encore emprunt des années 90, populaire, avec son extraordinaire diversité, ses mélanges de cultures, de religions, son énergie incroyable mais aussi son chaos, loin de Soho et Time Square." Le cinéaste s'est investi corps et âmes dans ce projet, d'abord en s'immergeant lui-même dans le service ambulance de Brooklyn en effectuant les misions de nuit durant deux années grâce à l'aide du Chef des Urgences de l'hôpital Wyckoff à Brooklyn, ensuite en choisissant de tourner au maximum autour de chez lui dont une partie correspond à certaines scènes du film "French Connection" (1972) de William Friedkin. Le réalisateur-scénariste co-écrit le scénario avec Ryan King qui a écrit quelques épisodes de séries Tv et plus récemment du film "The Tutor" (2023) de Jordan Ross, puis Ben Mac Brown qui a travaillé sur quelques épisodes de la série T v"New-York District/New-York Police Judiciaire" (2020). Notons que les films sur le sujet sont très rares, citons tout de même "Ambulances Tous Risques" (1976) de Peter Yates, surtout al référence en la matière "À Tombeau Ouvert" (1999) de Martin Scorcese ou l'opportuniste "Dérapages" (2000) de Scott Ziehl... 

Ollie Croos est un tout jeune ambulancier à New-York. Dans son premier poste il est placé en équipe avec Gene Rutkovsky un urgentiste expérimenté encore bouleversé par les attentats du 11 Septembre 2001. Il se rend compte très vite qu'il débute sa carrière dans un secteur parasité part la drogue et découvre de façon violente les risques du métier qui ébranle ses certitudes... Le jeune ambulancier est incarné par Tye Sheridan vu récemment dans "Voyagers" (2021) de Neil Burger ou "The Card Counter" (2021) de Paul Schrader, et retrouve après "The Tree of Life" (2011) de Terrence Malick son partenaire expérimenté Sean Penn qui se retrouve dans le rôle inverse qu'il tenait dans la police dans "Colors" (1988) de Dennis Hopper, vu plus récemment dans l'oublié "Flag Day" (2021) de lui-même et l'excellent "Licorice Pizza" (2021) de Paul thomas Anderson. Citons ensuite Katherine Waterston vue dans "Logan Lucky" (2017) de Steven Soderbergh, "The World to Come" (2020) de Mona Fastvold ou "Babylon" (2022) de Damien Chazelle, Michael Pitt vu entre autre dans "Innocents : the Dreamers" (2003) de Bernardo Bertolucci, "Last Days" (2005) de Gus Van sant ou "Funny Games U.S." (2007) de Michael Haneke, Raquel Nave remarquée dans "Bizarre" (2015) de Etienne Faure, Mike Tyson boxeur de légende dans un vrai rôle de composition après ses apparitions dans "Rocky Balboa" (2006) de et avec Rocky Balboa, "Very Bad Trip" (2009-2011) de Todd Phillips ou "Match retour" (2014) de Peter Segal, Gbenga Akinnagbe aperçu dans "Independace Day : Resurgence" (2016) de Michael Bay, "Detroit" (2017) de Kathryn Bigelow ou "Clair-Obscur" (2021) de Rebecca Hall, puis enfin Kali Reis, championne du monde de boxe IBA 2014 de retour au cinéma après avoir été actrice-scénariste du film "Catch the Fair One" (2021) de Josef Kubota Wladyka... D'emblée il y a quelques gros points, un Mike Tyson en contre-emploi sobre et solide, le retour de Michael Pitt une fois de plus impressionnant même si c'est un second rôle, le choix d'un cas post-traumatique qui n'est pas un énième Viêtnam mais plus logiquement il reste ancré dans la mémoire new-yorkaise, tandis que le reste du casting est composé des gens du quartier de Brooklyn qui voulaient participer ce qui conne une vraie authenticité. Ajoutons à cela, outre le réalisateur qui s'est plongé dans les nuits ambulancières, un Sean Penn investit qui a également passé beaucoup de temps avec des professionnels et a suivi quelques formations. Le réalisateur a choisi la caméra à l'épaule pour signifier l'urgence constante mais à partir de là on constate surtout une mise en scène de l'esbroufe.

D'abord une bande-son peu imaginative, insistant avec des sons métalliques pour les moments angoisse ou sur les violons pour l'émotion. Tout ça n'est pas très subtil. Par là même rappelons qu'en deux heures de film et quelques semaines dans l'histoire les ambulanciers (qui rappelons-le seraient plus des urgentistes du SAMU en France, mais notre système est plus cacophonique dirons-nous) interviennent sur des cas extrêmes qui seraient en fait plus réalistes sur plusieurs mois. Si on comprend un récit condensé pour montrer un panel plus intéressants de cas difficiles le réalisateur insiste et appuie pour rajouter du drame à la tragédie. Ainsi on frôle le gore à chaque instant souvent sans finesse comme cette alternance avec un mouton qu'on saigne, évidemment ça sous-entend que tous les ambulanciers sont divorcés et ont une vie intime dégueulasse..etc.. . La caméra se fait même voyeuriste jusque dans le lit du "héros" où la petite amie ne sert qu'à s'exhiber vite fait bien fait. Pourtant on veut aimer ce film, le scénario pourrait très bien se transposer à une patrouille de flics ou de pompiers (jamais merci, insulter même quand ils portent secours, témoin du naufrage sociétal...). Les deux personnages principaux se font voler la vedette, par Tyson et Pitt, mais aussi par les plus petits rôles, Sen Penn a l'air réellement usé et sans doute pas par son rôle, Tye Sheridan fait le job mais sans le truc en plus. Le twist final est bien amené, reste logique, mais la dernière partie est trop longue, superflue puisqu'après ce twist le film aurait dû finir mais il faut bien marteler la morale militante et bien pensante derrière. La descente aux enfers est rythmée, avec des scènes chocs mais ça manque un peu d'humanité, de mesure surtout autant sur le fond que sur la forme. Note indulgente pour Tyson et Pitt... 

Note :                 

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11/20