À Contretemps

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Contretemps

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Pourquoi voir À Contretemps ?
Sélectionné en section Orizzonti à la Mostra de Venise en 2022 et nommé pour cinq Goyas, dont celui de meilleure actrice dans un second rôle pour Penélope Cruz et meilleur nouveau réalisateur pour Juan Diego Botto, À Contretemps (En los márgenes) s'attaque à un sujet fort et terriblement d'actualité.
Depuis la crise financière qui a frappé l'Espagne en 2008, le nombre d’expulsions dans le pays a explosé, une explosion dû au chômage qui a atteint les 26% ainsi que la baisse des salaires, des milliers d’Espagnols se retrouvent dans l’incapacité de rembourser leur crédit immobilier ou de payer leur loyer tous les mois.
Le capitalisme à outrance a également encouragé les expropriations pour construire des logements flambant neuf vendus à prix d'or.
Plus de 400 000 expulsions ont été effectuées et environ 600 000 biens immobiliers ont été saisis par les banques, paradoxalement l'Espagne détient le record européen du nombre d'expulsions et du nombre de logements vides.
La population se révolte contre l'État espagnol et les banques, de nombreux mouvements émergent comme 15M, Indignados (les Indignés), le mouvement des Indignés s'est transformé en mouvement politique Podemos (Nous pouvons).
Un autre mouvement consacré exclusivement au droit du logement a également vu le jour, La Plateforme des victimes du crédit hypothécaire (PAH), une association espagnole fondée en février 2009 à Barcelone.
C'est cette association que Juan Diego Botto a voulu mettre en lumière à travers son premier long métrage, comme son homologue britannique, Ken Loach, le cinéaste espagnol se place du côté des oppressés.
Avec À Contretemps, le cinéaste espagnol vient illustrer sur grand écran les innombrables expulsions à travers son pays, un pays où des milliers de vies sont brisées par des décisions politiques et financières.
Le film suit Rafa (Luis Tosar), un avocat et militant, qui s'est donné pour mission d'aider les personnes expulsée de leur domicile, il va croiser la route d'Azucena (Penélope Cruz), une caissière qui est sur le point de perdre sa maison, ainsi que Teodora (Adelfa Calvo), une femme âgée qui a perdu sa maison.
À contretemps suit cet avocat devenu malgré lui un héros des temps modernes, un homme qui sacrifie sa propre vie pour aider celle des autres, impliqué dans son rôle, Luis Tosar (Ne dis rien, Cellule 211) livre une interprétation engagé qui colle parfaitement avec son personnage.
Luis Tosar donne la réplique à Penélope Cruz, la plus célèbre des muses de Pedro Almodovar incarne ici une mère de famille qui va remuer ciel et terre afin de ne pas être expulsée d'ici peu, elle va pouvoir compter sur l'entraide des habitants de Madrid qui se dressent face aux puissants.
Penélope Cruz est impliquée dans son rôle mais également dans le projet même du film puisque l'actrice originaire d'Alcobendas, au nord de Madrid, est également productrice, deux casquettes qui montrent l'implication de Penélope Cruz à s'engager auprès de la population qui souffre.
Juan Diego Botto a condensé son histoire sur une journée de 24 heures, un choix qui permet aux spectateurs de ressentir l'urgence auquel les personnages font face, le cinéaste dresse le portrait contemporain d'un pays consommé par l'hypercapitalisme qui a rongé l'économie du pays.
Pour sa première réalisation, Juan Diego Botto signe une œuvre engagée, voir militante, qui rend hommage aux associations et à la population qui s'entraide face au cataclysme des expulsions.