Inchallah un Fils (2024) de Amjad Al Rasheed

Après le court métrage  "The Parrot" (2016) voici le premier long métrage de Amjad Al Rasheed, réalisateur jordanien diplômé d'un Master en réalisation et montage et qui fait partie depuis 2016 d'un programme de jeunes talents nommé "Arab Stars of Tomorrow". Le réalisateur-scénariste co-écrit le scénario avec Rula Nasser jusqu'ici connue comme productrice entre autre des films "Zinzana" (2019) de Majid Al Mansari, "Rebel" (2022) de Adil El Arbi et Bilall Fallah ou "The Alleys" (2023) de Bassel Ghandour, puis avec Delphine Agut scénariste de films comme "La Vie au Ranch" (2010) de Sophie Letourneur et "Après la Guerre" (2018) de Annarita Zambrano plus récemment de la série TV "SKAM France" (2019-2020)... 

Jordanie aujourd'hui. Après la mort soudaine de son époux, Nawal 30 ans mère d'une fillette se retrouve harcelée par sa belle-famille qui veut sa part d'héritage. En tant que femme elle doit se battre pour garder sa maison et sa voiture, car si elle avait eu un fils tout aurait été différent... La veuve Nawall est incarnée par Mouna Hawa vue dans "Je danserai si je Veux" (2016) de Maysaloun Hamoud, "Entre le Paradis et la Terre" (2019) de Najwa Najjar, "The Other Widow" (2022) de Maayan Rypp ou "A House in Jerusalem" (2023) de Muayad Alayan. Citons ensuite Yumna Marwan vue dans "La Vallée" (2014) de Ghassan Salhab, "Tombé du Ciel" (2016) de Wissam Charaf, "Le Traducteur" (2020) de Rana Kazkaz et Anas Khalaf ou "Costa Brava, Lebanon" (2021) de Mounia Akl, Salwa Nakkara vue dans "Intervention Divine" (2002) de Elia Suleiman, "Miral" (2010) de Julian Schnabel, "Jonction 48" (2016) de Udi Aloni ou "The Future" (2023) de Noam Kaplan, Mohammad Al Jizawi vu dans "Daughters of Abdul-Rahman" (2021) de Zaid Abu Hamdan, Eslam Al-Awadi vu dans "The Alleys" (2023) de Bassel Ghandour, puis pour leur premier

rôle au cinéma Seleena Rababah, Haitham Omari et Serene Huleileh... L'histoire repose sur une loi patriarcale où une grande partie de l'héritage revient à la famille de l'époux si il n'y a pas de fils, en l'occurence notre héroïne a malheureusement pour elle une seule fille. Le deuil est imposé et une phrase est alors déclamée lors de la veillée : "Lorsqu'une femme perd son mari, elle perd son amant, son partenaire et tout ce qu'elle a dans la vie." Prémonitoire et d'autant plus marquant que ces femmes n'y voient alors qu'une simple prière. La société jordanienne est comme la grande majorité des pays musulmans une société misogyne où tout est régie de façon à ce que les femmes soient et restent sous le pouvoir des hommes. Ainsi ce film s'inscrit comme un témoignage fort et pertinent de la situation des femmes dans l'Islam aux côtés des films à conseiller sur le sujet comme "Le Cercle" (2001) de Jafar Panahi, "Osama" (2003) de Siddiq Barmak, "Femmes du Caire" (2009) de Yousry Nasrallah, "Wadjda" (2013) de Haifaa Al Mansour, "Wajma" (2013) de Barmak Akram, "Juste une Nuit" (2022) de Ali Asgari... 

Nawal/Mouna Hawa est une veuve épleurée, mère d'une fillette adorable et qui semble merveilleusement entourée par la famille et sa belle-famille jusqu'au moment où il est question d'argent. Le film évite alors un manichéïsme trop caricatural car les questions d'argents parasitent aussi bien les héritages occidentaux, il y a aussi une notion de dettes ce qui laisserait à penser que sans cette dette la belle-famille aurait laissé sa part à Nawal ?! On n'en doute, mais jamais le récit ne permet réellement de percer cette question. Dommage, car sans cette dette, le beau-frère pourrait aussi demander son héritage et la dimension générale du film serait encore plus à charge. On notera que cette nuance n'est pas un détail, surtout quand l'état jordanien participe au financement du film. Nawal lutte comme elle le peut, et croise alors d'autres femmes qui sont chacune un pan d'un féminisme au purgatoire des Ayatollahs. Le scénario est plein d'acuité et juste, réaliste dans une narration fluide et logique mais qui termine dans une conclusion frustrante, et tous cas non concluante... ATTENTION SPOILERS !... en effet, la dimension de dieu est ici essentielle donc merci Allah a priori, surtout être enceinte n'est pas la promesse d'un fils... FIN SPOILERS !... Ce qui revient à une bonne dose de prosélytisme tout en posant un doute légitime qui permet aux hommes de rester la tête haute tandis qu'on quitte la séance en pleurant pour elle(s). En conclusion, un beau et bon film, merveilleux portrait d'une femme en détresse mais on perçoit dans le film le poids d'un financement jordanienne d'état ou du moins l'influence d'un Islam omniprésent qui biaise un peu le récit. A conseiller néanmoins.

Note :                 

Inchallah Fils (2024) Amjad RasheedInchallah Fils (2024) Amjad Rasheed

14/20