La Nouvelle Femme (2024) de Léo Todorov

Premier long métrage de Léa Todorov, qui a d'abord signer le documentaire "Sauver l'Humanité aux Heures de Bureau" (2012), qui fait une petite apparition dans "La Douleur" (2018) de Emmanuel Finkiel mais qui est surtout scénariste du documentaire "Révolution Ecole 1918-1939" (2016) de Joanna Grudzinska dont le travail est remarqué par le producteur Grégoire Debailly qui était derrière entre autre les films "Shéhérazade" (2018) de Jean-Bernard Marlin ou "La Dernière Vie de Simon" (2020) de Léo Karmann. Il propose alors en 2017 à la jeune cinéaste de faire un biopic sur Maria Montessori (Tout savoir ICI !). C'est en 2021 que la production prend réellement son envol grâce à la 23ème session de la Résidence Emergence où le projet est sélectionné par un jury présidé par Alice Winocour qui est alors entre son scénario pour "Mignonnes" (2019) de Maïmouna Doucouré et son film "Revoir Paris" (2022). 

1900, Lili d'Alengy célèbre courtisane parisienne s'exile en Italie suite à un secret honteux, sa fille Tina est née avec un handicap. Elle fait la connaissance de Maria Montessori, une des premières femmes médecins en Italie qui s'est spécialisée dans une méthode d'apprentissage pour les enfants en difficulté. Lili et Maria deviennent amis unies aussi parce que Maria a aussi un secret, un enfant né hors mariage... Maria Montessori est incarnée par l'italienne Jasmine Trinca vue dernièrement dans "Pour Toujours" (2019) de Ferzan Özpetek ou "Amants Super-Héroïques" (2021) de Paolo Genovese et qu'on n'avait plus vu en France depuis "Saint Laurent' (2014) de Bertrand Bonello. La courtisane est jouée par Leïla Bekhti vue dans "La Troisème Guerre" (2021) de Giovanni Aloi, "C'est mon Homme" (2022) de Guillaume Bureau ou "Je verrai toujours vos Visages" (2023) de Jeanne Herry. Citons l'enfant Rafaëlle Sonneville-Caby, puis Raffaele Esposito et Laura Borelli. Citons ensuite Nancy Huston, romancière entre autre de "Cantique des Plaines" (1993), "Lèvres de Pierre" (2018) ou "Arbre de l'Oubli" (2021) et surtout mère de la réalisatrice-scénariste du film, Agathe Bonitzer vue dans "Selon la Police" (2022) de Frédéric Videau, "Comme une Actrice" (2022) de Sébastien Bailly et "Musik" (2023) de Angela Schanelec, puis Sébastien Pouderoux vu dans "Les Enfants des Autres" (2022) de Rebecca Zlotowski, "Le Tourbillon de la Vie" (2022) de Olivier Treiner ou "Le Consentement" (2023) de Vanessa Filho... Le sujet est un vaste programme, car s'il s'agit de présenter Maria Montessori et les prémices de sa méthode cela ouvre aussi et surtout à l'émancipation des femmes et à l'égalité des sexes à une époque où la femme reste sous la coupe de son époux ou de son père. Une vie et un destin qui mérite un film malheureusement on se demande pourquoi le scénario réécrit l'Histoire alors même que le destin de la Montessori se suffit à lui-même ?!

En effet, pourquoi pas ajouter une courtisane comme "cliente" au secret bien gardé mais en faire quasiment la bienfaitrice avec des "amiEs" est tout simplement faux. A force de vouloir féminiser dans le sens militant l'Histoire on s'inscrit en faux comme le fait qu'elle était sous la coupe de son associé et amant sans avoir de salaire. En effet, avant même l'époque du film elle enseignait déjà et était rémunérer, et entre autre le ministre de l'Education Guido Baccelli lui propose des conférences et lui offre le poste de directrice d'une école orthophrénique dès 1899. Donc le film ment clairement sur tous ces points. Quel dommage... Par là même le film se focalise sur l'institut public et les enfants "déficients", omettant un peu trop justement l'évolution du projet pédagogique aux enfants dit "normaux" qui se résume à moins de 5mn. Heureusement, le film est porté par deux sublimes actrices, surtout Jasmine Trinca dont le rôle est forcément plus nuancé engoncé entre son ambition et son époque. Mais on apprécie aussi et surtout, le parallèle entre la courtisane et la doctoresse, deux facettes de l'indépendance au féminin même si les deux restent prisonnières du pouvoir des hommes, un peu atténuer par la fin mensongère où une sorte de congrégation de femmes de pouvoir auraient portées le projet Montessori. Un film nécessaire et intéressant donc, mais trop révisionniste pour être historiquement valable, un comble pour une réalisatrice venue du documentaire. Pour conclure, juste un rappel, la méthode Montessori était à l'origine au service public gratuit, aujourd'hui c'est une méthode possible juste pour la caste des privilégiés... L'évolution... Néanmoins, ça reste un film à conseiller. Note indulgente.

Note :                 

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14/20