Il reste encore Demain (2024) de Paolla Cortellesi

Premier long métrage de Paolla Cortellesi, méconnu en France mais une vedette en Italie à multiples casquettes, présentatrice, chanteuse et actrice qui a notamment reçu le David Di Donatello de la meilleure actrice pour son rôle dans le film "Nessuno mi Puo Giudicare" (2011) de Massimiliano Bruno. Pour son projet la réalisatrice-scénariste a fait appel aux scénaristes des films "Come un Gatto in Tangenziale" (2017) et "Ma Cosa ci Dice il Cervello" (2019) tous deux de Riccardo Milani dans lesquels elle a tourné, à savoir Furio Andreotti et Giulia Calenda qui ont aussi écrit la série TV "Petra" (2020-2021). Le film en Noir et Blanc a été primé au Festival de Rome mais a surtout connu un succès énorme en salles dans son pays avec déjà plus de 5 millions d'entrées. Le film est devenu un phénomène de société en Italie... Fin des années 40 à Rome. Delia est mère de trois enfants et est marié à Ivano, un homme autoritaire et violent. Alors que la ville est en pleine reconstruction d'après-guerre Delia ne trouve du réconfort qu'auprès de Marisa sa meilleure amie. Le printemps annonce toutefois un peu de bonheur avec les fiançailles de leur fille aînée Marcella mais l'arrivée d'une lettre mystérieuse va tout bouleverser et pousser Delia à trouver le courage d'imaginer un avenir meilleur... 

Delia est incarnée par la réalisatrice elle-même, vue auparavant chez d'autres comme "A Cavallo Della Tigre" (2001) de Carlo Mazzacurati, "Due Partite" (2009) de Enzo Monteleone, "Contes Italiens" (2015) des frères Taviani ou "Mamma o Papa ?" (2017) de Riccardo Milani remake du succès français "Maman ou Papa" (2015) de Martin Bourboulon. Son époux est joué par Valerio Mastandrea vu entre autre dans "Nid de Guêpe" (2002) de Florent Emilio Siri, "Le Caïman" (2006) de Nanni Moretti, "Nine" (2009) de Rob Marshall ou "Fais de Beaux Rêves" (2016) de Marco Bellochio, et retrouve après "Tutta la Vita Davanti" (2008) et "La Prima Cosa Bella" (2012) tous deux de Paolo Virzi son partenaire Raffaele Vannoli et l'actrice Paola Tiziana Cruciani qui jouait dans le premier, l'actrice avait déjà tourné dans d'autres films de Paolo Virzi avec "Caterina va en Ville" (2004) et "L'Eté de mon Premier Baiser" (2006). La meilleure amie est jouée par Emanuela Fanelli vue dans "Mauvaise Graine" (2015) de Claudio Caligari, "Assolo" (2016) de Laura Morante et "Siccita" (2022) de Paolo Virzi, tandis que la fille aînée est jouée par Romana Maggiora Vergano surtout connue pour la série TV "Christian" (2022-2023). Citons ensuite Giorgio Colangeli qui retrouve Valerio Mastandrea après "Piazza Fontana" (2012) de Marco Tullio Giordana, vu aussi dans "Il Divo" (2008) de Paolo Sorrentino et qui retrouve après "Gente Di Roma" (2003) de Ettore Scola l'actrice Alessia Barela vue plus récemment dans "Jeux d'Eté" (2012) et "Les Sirènes de Levanzo" (2022) tous deux de Rolando Colla. Citons encore Vinicio Marchioni qui retrouve sa réalisatrice et partenaire après "Ma Cosa ci Dice il Cervello" (2019) et vu avant dans "To Rome with Love" (2012) de Woody Allen, "Miele" (2013) de Valeria Golino ou "Caravage" (2022) de Michele Placido, Yonv Joseph aperçu dans le récent "Mafia Mama" (2023) de Catherine Hardwicke, et enfin Francesco Centorame vu dernièrement dans "Nos plus Belles Années" (2021) de Gabriele Mucchino et "Le Colibri" (2023) de Francesca Archibugi... 5 millions d'entrées en Italie où comment la nostalgie fonctionne aussi très bien chez nos voisins avec ce film qui reste un hommage avec le néoréalisme des années 40-50 et la comédie à l'italienne des années 50-60 de Vittorio De Sica à Ettore Scola en passant par Luigi Comencini ou Dino Risi. Dans un premier temps il y a évidemment ce Noir et Blanc qui nous plonge sans doute plus subtilement en 1946 et dans le style de l'Âge d'Or du cinéma italien, s'il reste absolument sublime il serait presque trop parfait, trop lisse, un peu de grain et de texture aurait accentué cet effet "autre époque". Un détail peut-être... 

On constate vite que la réalisatrice à plein d'idées mais qu'à force de vouloir mêler les genres, les styles, le film devient un patchwork imparfait qui oscille constamment entre la grâce et la maladresse, ou plutôt des décalages qui ne fonctionnent pas toujours... ATTENTION SPOILERS !... le passage à tabac atténué façon comédie musicale, l'héroïne qui déambule soudainement sur un fond de musique moderne (rap électro)... FIN SPOILERS !... Le tragi-comique fonctionne donc pas toujours mais on salue l'effort et c'est souvent pour un moment de magie et d'émotion qui fonctionne aussi grâce à un casting vraiment formidable. L'Italie post-45 est bien retranscrit même si le passage du soldat américain n'est pas franchement crédible dans l'écriture, tandis que le mécanicien qui aurait dû être d'une importance capitale s'avère superflu. En effet, la fin nous emmène vers une conclusion très dans l'air du temps, du symbolisme féministe sur le fond magnifique et fort en émotion mais qui casse la dramaturgie du récit. Du point de vue du propos et du message général c'est fort et efficace, mais sur la forme et du point de vue de Delia la vraie liberté, la véritable émancipation aurait été de fuir comme on devait s'y attendre. Une sorte de twist qui reste une frustration, au service d'un message militant où la cinéaste a préféré le symbole pour les femmes plutôt que la réalité factuel d'une femme dont on suivait l'histoire. En conclusion un très beau et très bon film à voir et à conseiller bien qu'il soit surestimé.

Note :                 

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14/20