LE SUCCESSEUR (Critique)

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SYNOPSIS : Heureux et accompli, Ellias devient le nouveau directeur artistique d'une célèbre maison de Haute Couture française. Quand il apprend que son père, qu'il ne voit plus depuis de nombreuses années, vient de mourir d'une crise cardiaque, Ellias se rend au Québec pour régler la succession. Le jeune créateur va découvrir qu'il a hérité de bien pire que du cœur fragile de son père.

Après nous avoir hantés par sa maîtrise de ce que peut être la tension familiale dans Jusqu'à la garde (2018) et ses 5 Césars, Xavier Legrand revient avec un deuxième long métrage, qui s'il met ses pas dans la lignée du premier, va venir nous chercher sur encore plus d'émotions paradoxales. S'il n'est pas directement question d'emprise cette fois-ci, le cinéaste voulait " aborder le patriarcat qui écrase les hommes, les frères, les fils. La violence des hommes sur les hommes, et comment elle se transmet " . Car c'est ici notamment l'absurdité qui va servir de levier à des situations angoissantes, qu'avec Le successeur, il est difficile de ne pas penser à Parasite (2019). Si c'est autant assumé que fatalement lourd à porter, le caractère non outrancier de la comparaison se tient, ne serait-ce que dans la difficulté de trop pitcher. En effet Bong Joon-Ho avait demandé à la presse de ne pas raconter son film au-delà des 10 premières minutes, et ici c'est un peu la même. Trop en dire vous gâcherait le plaisir, et celui-ci, total tant Le successeur, parvient à nous faire passer par une superposition d'émotions et souvent dans la même minute. Mixer les genres, c'est aussi mélanger nos ressentis avec ce thriller presque hilarant de tension. Le cynisme morbide est jubilatoire. Les rebondissements sont permanents malgré pourtant une forme de très agréable torpeur.

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Dans cette satire de l'héritage qu'on n'a pas choisi et de ce drame constant qu'est la famille, Il est un peu question pèle mêle : d'un condensé de vie et de décadence de notre humanité pourrie par la vanité, mais aussi de liens filiaux troubles, de la mort évidemment, de la peur qui guide nos psychologies contemporaines, des refoulements de nos haines les plus indicibles et de nos ordinaires folies douces. La mise en scène millimétrée, haletante et hautement audacieuse martyrise sans relâche Ellias autant que le spectateur. Peu de temps de répit, dans cette fable schizophrénique ou Ellias du haut du clinquant de sa maison de haute couture, va devenir ce Sebastien qui va se confronter au glauque le plus ignoble. Une expérience extrême dans une double succession finalement intenable à assumer aussi bien professionnellement en couverture du chic papier glacé parisien, que dans le drame de l'intime familiale, au fond de la cave paternelle à Québec. La spirale du défilé de mode qui sert de scène d'ouverture au film, sera le dédale du cerveau tourmenté de Ellias / Sebastien, jusqu'à l'abime violent pouvant mener à la perte de soi.

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S'il fallait en tirer une morale, un enseignement, ce que semble vouloir nous dire Le successeur est que c'est toujours au sommet de la gloire vaniteuse que la chute en est encore plus vertigineuse et retentissante. Le casting est écrasé par la performance assez inoubliable de Marc-André Grondin. Son réalisateur dit de lui : " Des yeux enfantins dans un corps gaillard, fiévreux, émouvant, concret, charismatique, fort, solide, délicat, précis, doté d'une grande intelligence et d'une grande gravité, Marc-André porte toute la puissance et l'ambivalence qu'il faut pour le rôle " . L'acteur donne pleinement vie à son personnage avec un engagement qui permet l'adhésion et même l'empathie tant l'authenticité de l'interprète est évidente et souvent troublante.

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Yves Jacques est impeccable dans le rôle de Dominique qui dégouline de bons sentiments sous un fond de contrariétés qui finira par jusqu'au bout nous questionner sur ses intentions véritables. L'acteur cultive ce questionnement et nous irrite autant qu'il peut nous émouvoir. Au final, Le successeur tient largement sa promesse initiale et non seulement ne nous ennuie jamais, mais même nous surprend souvent, tout en questionnant en permanence et l'air de rien nos refoulements les plus vils, nos secrets les plus inavouables. Un vrai bon moment de cinéma.

SUCCESSEUR (Critique)

Titre original: LE SUCCESSEUR

Réalisé par: Xavier Legrand

Casting: Marc-André Grondin, Yves Jacques, Anne-Elisabeth Bossé...

Genre: Drame

Sortie le: 21 février 2024

Distribué par : Haut et Court

SUCCESSEUR (Critique)EXCELLENT