Pitfall (1948) de André De Toth

Hongrois ayant fui l'occupation nazie après quelques films en 1939, André De Toth a su se faire une place à Hollywood surtout avec le western "Femme de Feu" (1947) et le drame "L'Orchidée Blanche" (1947) mais avant son âge d'or personnel avec le western dont "La Rivière de nos Amours" (1955) et surtout son chef d'oeuvre "La Chevauchée des Bannis" (1959) le réalisateur explore encore les genres alors à la mode à Hollywood et en premier lieu le Film Noir. Ce nouveau film est adapté du roman éponyme (1947) de Jay Dratler également connu comme scénariste notamment de l'excellent "Laura" (1944) de Otto Preminger, mais le scénario est signé officiellement de Karl Kamb auteur des films "Oublions le Passé "(1945) et "Smith le Taciturne" (1948) tous deux de Leslie Fenton, en collaboration non créditée avec le plus fameux William Bowers dont les scénarios les plus connus sont sans doute pour "Pour toi j'ai Tué" (1949) de Robert Siodmak, "La Cible Humaine" (1950) de Henry King ou "La Vallée de la Poudre" (1958) de George Marshall... John Forbes est un brillant agent d'assurances menant une vie heureuse avec son femme et son fils. Mais un jour pour une affaire le détective privé MacDonald lui donne l'occasion de rencontrer la déroutante Mona Stevens bénéficiaire d'un arnaqueur. Tombé sous le charme Forbes est ensuite rongé par le remords, surtout quand la jalousie de MacDonald entraîne un chantage et le retour de l'ancien amant de Mona après sa sortie de prison... 

L'agent d'assurance John Forbes est interprété par Dick Powell vu dans "L'Heure du Crime" (1947) de Robert Rossen, "L'Implacable" (1951) de Robert Parrish ou "Les Ensorcelés" (1952) de Vincente Minnelli avant de passer à son tour derrière la caméra avec entre autre "Le Conquérant" (1956) ou "Torpilles sous l'Atlantique" (1957). Son épouse est jouée par Jane Wyatt vue dans "Le Mur Invisible" (1947) de Elia Kazan ou "La Vérité Nue" (1948) de Lewis Milestone mais qui deviendra particulièrement populaire par la télévision et la série TV "Papa a Raison" (1954-1960), leur fils est joué par le tout jeune Jimmy Hunt alors enfant star avec "L'Île Enchantée" (1947) de Jack Conway ou "Treize à la Douzaine" (1950) de Walter Lang mais qui tournera encore longtemps jusqu'à "L'Invasion vient de Mars" (1986) de Tobe Hooper. La jolie Mona Stevens est incarnée par Lizabeth Scott vue dans "L'Emprise du Crime" (1946) de Lewis Milestone, "La Tigresse" (1949) de Byron Haskin ou "La Main qui Venge" (1950) de William Dieterle, tandis que le détective est joué par Raymond Burr justement vu dans "Pour toi j'ai Tué" (1947), qui sera aussi remarqué dans "Une Place au Soleil" (1951) de George Stevens et surtout dans "Fenêtre sur Cours" (1954) de Alfred Hitchcock mais qui deviendra une star par le petit écran avec les séries TV cultes "Perry Mason" (1957-1966) et "L'Homme de Fer" (1967-1975). Citons ensuite deux acteurs très prolifiques, John Titel acteur à plus de 200 films dont "Key Largo" (1948) de John Huston, "Scaramouche" (1952) de George Sidney ou "Nevada Smith" (1966) de Henry Hathaway, l'actrice Ann Doran et ses plus de 250 rôles dont "La Dame du Vendredi" (1940) de Howard Hawks, "La Fureur de Vivre" (1955) de Nicholas Ray, "L'Homme aux Colts d'Or" (1959) de Edward Dmytryk ou encore "L'Etau" (1969) de Hitchcock, puis enfin citons Selmer Jackson vu dans "A Chaque Aube je Meurs" (1939) de William Keighley ou "La Femme du Pionnier" (1945) de Joseph Kane... S'il reste un Film Noir de base, le scénario est assez malin en mêlant drame social (adultère), arnaque (à l'assurance), vengeance (jalousie) et chantage (arnaque + adultère çe ne fait jamais bon ménage). Mais on remarque aussi que André De Toth évite judicieusement quelques clichés du genre ainsi Mona Stevens/Scott n'est pas la femme fatale inhérente au genre, tandis qu'il contourne le funeste Code Hays (tout savoir ICI !) en instaurant un adultère sur lequel plane un léger doute.

On remarque que les hommes ont des rôles assez stéréotypés, le mari bon mais finalement un peu faible, un détective brute épaisse et un amant gangster, alors que les femmes ont justement des rôles moins caricaturaux qu'à l'habitude, l'épouse est forte et digne et non pleurnicheuse et/ou soumise, la maîtresse n'est pas vamp vénéneuse qui piège un homme. Ce sont les hommes qui piègent et sont piégés prisonniers de leurs désirs primaires et qui réagissent avant tout par la violence. D'ailleurs le maladresse la plus maladroite reste justement une bagarre, où comment un simple agent de bureau rosse un gros bras expérimenté alors même que ce fût plus logiquement l'inverse quelques temps avant. La montée en tension aurait pu être plus forte peut-être, mais André De Toth signe un petit Film Noir solide et plus audacieux qu'il y paraît au premier abord, avec une photographie NB de qualité et des faces à faces bien menés. Un très bon moment.

Note :                 

Pitfall (1948) André TothPitfall (1948) André TothPitfall (1948) André Toth

15/20