Le Bonheur est pour Demain (2024) de Brigitte Sy

Nouveau film de Brigitte Sy, qui a d'abord été actrice ayant débuté dans "La Dérobade" (1979) de et avec Daniel Duval et ensuite surtout auprès de son conjoint d'alors Philippe Garrel avant de passer elle-même derrière la caméra avec "Les Mains Libres" (2010) et "L'Astragale" (2015). Son premier film relatait son propre vécu, à savoir une cinéaste qui tombait amoureuse d'un détenu alors qu'elle enseignait le théâtre en prison, et c'est justement cette même expérience qui lui inspire ce nouveau film, à l'instar de Louis Garrel son propre fils récemment avec son excellent film "L'Innocent" (2022). Cette nouvelle histoire mêle l'histoire de plusieurs personnes mais elle précise : "Même si c'est inspiré de l'histoire d'une personne, avec des faits qui lui sont propres, c'est aussi mon histoire. Je l'ai vécue comme une expérience intime, très personnelle, aussi bien du côté de la mère que de la jeune femme amoureuse d'un prisonnier, qui me sont toutes les deux très proches." La réalisatrice-scénariste co-écrit son scénario avec Frédéric Serve qu'elle retrouve après ses deux premiers films, puis avec Christine Dory qui a signé "Les Inséparables" (2008) et "La Fille d'Albino Rodrigue" (2023). 

Sophie vit en couple avec un enfant mais son quotidien n'est pas le bonheur complet avec un homme qui vit en marge. Mais un jour elle rencontre Claude, il est drôle, séduisant, intelligent. Elle en tombe amoureuse mais il est en vérité un braqueur qui est bientôt condamné à une lourde peine de prison après une attaque qui s'est mal passée. L'histoire aurait pu ou dû s'arrêter là mais Sophie décide de se battre soutenue par Lucie, la mère de Claude... Au casting la cinéaste fait appel à ses proches, en effet Sophie est incarnée par sa propre belle-fille, conjointe à la ville de Louis Garrel, Laetitia Casta vue dernièrement dans "Selon la Police" (2022) de Frédéric Videau, "Coma" (2022) de Bertrand Bonello et "Le Consentement" (2023) de Vanessa Filho, tandis que son propre fils qu'elle a eu avec Louis Garrel joue son fils au début du film. Le braqueur est joué par Damien Bonnard particulièrement prolifique ces derniers mois avec tout récemment "Une Affaire d'Honneur" (2023) de et avec Vincent Pérez, "Un Silence" (2024) de Joachim Lafosse et "Pauvres Créatures" (2024) de Yorgos Lanthimos, tandis que sa mère est jouée par Béatrice Dalle, actrice qui a également connu le fait de tomber amoureuse d'un condamné, vue récemment dans "La Bête dans la Jungle" (2023) de Patric Chiha. Citons ensuite Guillaume Verdier vu dans "L'Amour est une Fête" (2018) de Cédric Anger ou "100 Kilos d'Etoiles" (2019) de Marie-Sophie Chambon, Coralie Russier vue dans "Le Bal des Folles" (2021) de et avec Mélanie Laurent, "Jeanne du Barry" (2023) de et avec Maïwenn et "Selon la Police" (2022) retrouvant ainsi Laetitia Casta, Sarah Le Picard vue dans "Les Goûts et les Couleurs" (2022) de Michel Leclerc, "Un Beau Matin" (2022) de Mia Hansen-Love et "Les Cyclades" (2023) de Marc Fitoussi... D'emblée on a bien du mal à s'attacher à des personnages de loosers, délinquants et/ou junkies qui jouent toujours les victimes alors qu'ils sont les parasites de notre société, en 1994 comme une autre année. Ainsi, on reste perplexe devant la naïveté de Sophie/Casta qui se révèle lors de la première audition au commissariat, comme on reste pantois quand elle semble choquée que son enfant soit avec son père caïd de quartier alors qu'elle n'en était nullement choqué avant malgré les rails de coke qui traînent. Bref, le milieu est pourri et on voudrait nous la montrer comme une sainte juste parce qu'elle tombe amoureuse d'un autre criminel.

Néanmoins, le casting est judicieux et permet tout de même de nous faire avoir. Laetitia Casta est belle encore et toujours, apporte ce charme innocent pour qui on donnerait le bon dieu sans confession, Damien Bonnard à ce regard plein d'empathie où on ne décèle aucun vice malgré la vie de son personnage, et Béatrice Dalle, caïd du cinéma français qui nous brise le coeur dès que les larmes voilent ses yeux. La reconstitution des années 90 est un peu scolaire et académique voir même superficielle, ça nous montre des bas fonds lillois un peu trop propre et coloré avec ce soin appuyé sur la mode du moment qui frôle la caricature. Le scénario retrace bien le quotidien des visites en prison, les protocoles judiciaires d'un côté, la routine des proches de l'autre pour tenter de garder les liens et surtout l'espoir même si on sent que Brigitte Sy a bien du mal à rester neutre, vive l'amour quoi qu'il en coûte à priori. Un bon film en soi, comme un témoignage libre mais forcément pas si convaincant car un peu trop complaisant comme approche. Merci aux acteurs... 

Note :                 

Bonheur pour Demain (2024) BrigitteBonheur pour Demain (2024) Brigitte

13/20