Le Lac aux oies sauvages

Le Lac aux oies sauvages

oies sauvages

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Pourquoi voir Le Lac aux oies sauvages ?
Après être reparti de la Berlinale avec l'Ours d'or pour son Black Coal (白日焰火), Diao Yi’nan revient avec un film à l'esthétique envoûtante et à l'ambiance électrique.
Né en 1969 à Xi'an, dans la province de Shaanxi, en Chine, Diao Yi’nan réalise son premier long métrage en 2003 avec Uniforme (制服), un film qui critique la relation qui existe entre la population chinoise et la police mais également l'Empire du milieu dans son ensemble.
Avec Uniforme, le cinéaste s'intéresse à la mutation de son pays,une mutation éclair et sans contrôle qui engendre des emplois précaires, les inégalités se creusent au pays de Mao.
Diao Yi’nan réalise un premier film engagé, un credo qu'il va appliquer pour toutes ses futurs réalisations, récompensé au Festival international du film de Vancouver, Uniforme est la première pierre d'une filmographie engagée.
Quatre ans plus tard, le cinéaste il réalise Train de nuit (夜车), une œuvre qui dresse le portrait d'une femme dans une société chinoise où l'humain n'est plus considéré, ce film a été présenté au festival de Cannes dans la section Un certain regard.
Après Train de nuit, Diao Yi’nan revient en 2014 avec Black Coal, une enquête qui permet au cinéaste d'égratigner une nouvelle fois l'Empire du milieu, sous couvert d'une enquête, le réalisateur s'intéresse une nouvelle fois à la société chinoise mais cette fois-ci dans une partie de la Chine qui semble oubliée de tous.
Pour sa troisième réalisation, Diao Yi’nan a remporté l'Ours d'or du meilleur film ainsi que l'Ours d'argent du meilleur acteur pour Liao Fan lors du festival de Berlin.
En 2019, Diao Yi’nan livre son quatrième et dernier film en date, Le Lac aux oies sauvages (南方车站的聚会), le cinéaste originaire de Xi'an ne déroge pas à sa règle d'or, offrir aux spectateurs une œuvre esthétique et engagée.
Le Lac aux oies sauvages suis le parcours de deux êtres qui évoluent dans une Chine loin des cartes postales que le parti communiste en place aimerait envoyé aux pays du monde entier.
Lors d'une soirée agitée entre deux familles mafieuses, un règlement de compte éclate, Zhou Zenong (Hu Ge), un gangster local est recherché après la mort d'un policier, sa cavale va le conduire à rencontrer Liu Aiai (Kwai Lun-mei).
Pour son quatrième long métrage, Diao Yi’nan n'oublie pas l'essence même de son cinéma, montrer la société chinoise t'elle qu'elle est, Le Lac aux oies sauvages est une plongée dans un monde où les membres de la mafia et ceux de la police sont indissociables.
Le cinéaste sait associé engagement et esthétisme, comme ses précédents métrages, Le Lac aux oies sauvages bénéficie d'un traitement tout particulier en matière de photographie.
Diao Yi’nan adore tourner de nuit, même en plein jour il se débrouille pour placer l'action dans un lieu où la lumière se fait rare, le réalisateur adore jouer avec la lumière et les ombres, aidé par son directeur de la photographie, Dong Jingsong (Uniforme, Train de nuit, Black Coal), qui livre un travail remarquable avec ces scènes éclairées aux néons, le cinéaste livre un film de gangsters divinement esthétique.
Le Lac aux oies sauvages est une plongée progressive vers un destin funeste, teinté d'une certaine poésie, cette oeuvre critique de manière subtile sur le pays soit disant idyllique du parti, une critique sociétale parfaitement mise en scène avec deux acteurs habités par leur rôle respectif.
Hu Ge, qu'on a pu voir dans 1911, The Monkey King : Uproar in Heaven ou encore The Climbers, livre ici une présentation tout en retenue jusqu'à l'explosion final.
Il est accompagné par Kwai Lun-mei, l'actrice taïwanaise a déjà travaillé avec Diao Yi’nan dans Black Coal, elle a également jouée dans Blue Gate Crossing, All About Women et Drug War, Kwai Lun-mei est parfaite dans son rôle , elle reçoit des coups et en donne à la manière de Sugar Ray Robinson.
Le Lac aux oies sauvages est une œuvre poétique d'une violence abyssal, une plongée dans un enfer bien réel et impitoyable, une vision d'un monde qui semble sans espoir mais Diao Yi’nan aime son pays, il souhaite que les spectateurs se rendent compte des problématiques de son pays pour ne pas qu'il sombre.
Le film a été tourné en dialecte de Wuhan, au lieu du mandarin standard. Par conséquent, la plupart des spectateurs chinois, comme tous les spectateurs étrangers, doivent lire les sous-titres pour comprendre ce que disent les personnages.