La fièvre de l'or noir

Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La fièvre de l’or noir » de Lewis Seiler.

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« Aux quatre coins du monde nos soldats combattent car, comme vous, ils savent que l’Amérique n’est pas un pays mais une cause. Un style de vie qui donne au plus pauvre des hommes plus qu’il ne pourrait rêver d’avoir ailleurs. »

Deux mineurs de fond, Pitt Markham et Cash Evans, rencontrent lors d’un match de boxe Josie, dite Pola, une ancienne fille de mineur. Markham tombe sous son charme et rêve d’un avenir ambitieux pour leur couple. Les deux hommes montent leur propre compagnie minière… mais avec la fortune, viendront les conflits.

« Je ne manierai pas toujours la pioche. Je peux tout faire une fois que je l’ai décidé. »

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Longtemps enfermés dans sa doctrine non-interventionniste, les Etats-Unis finissent par entrer, malgré eux, dans l’enfer de la Seconde Guerre Mondiale, suite à l’attaque surprise de leur base navale de Pearl Harbor par l’armée japonaise le 7 décembre 1941. Si Hollywood avait déjà commencé à préparer doucement et depuis de nombreux mois les spectateurs au spectre du péril de la peste brune (« Le dictateur » de Chaplin, « Chasse à l’homme » de Lang, « Trois camarades » de Borzage, « Correspondant 17 » de Hitchcock…), l’industrie cinématographique se met alors véritablement en ordre de marche et, conformément à la demande du gouvernement, participe à l’effort de guerre en produisant à la pelle nombre de films de propagande ou, du moins à caractère patriotique. L’année 1942 voit ainsi la première salve de ces films (et pas les moindres !) sortir sur les écrans : la Warner sort « Casablanca » et « Sabotage à Berlin », la MGM produit « Madame Miniver » tandis que United Artists tourne le nazisme en dérision avec le brillant « To be or not te be » de Lubitsch. Pour Universal, le premier grand film du genre sera « La fièvre de l’or noir », confié au prolifique tâcheron maison Lewis Seiler et qui connaitra un important succès commercial à défaut d’un succès critique.

« Gardez la tête haute, Josie. Si on levait la main sur vous, vous la casseriez. Vous n’êtes pas une poupée de porcelaine. »

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En temps de guerre, la force d’un pays ne se mesure pas seulement à la force de son armée. Elle tient aussi à la solidité de son économie et à la puissance de son industrie. Et, en la matière, l’Amérique a toujours savamment entretenue l’image d’être une terre promise où la fortune sourit toujours aux travailleurs les plus acharnés et les plus audacieux. « La fièvre de l’or noir » nous entraine ainsi à Pittsburgh, capitale nord-américaine de l’industrie métallurgique, pour une saga centrée sur deux amis mineurs de fond se lanceront dans une folle aventure entrepreneuriale dans le seul but de plaire à une femme. De coups de bluff en coups de génie, on y suivra ainsi leur ascension (sociale) puis, fort logiquement, leur rivalité (amoureuse) et leur séparation (amicale). Car le succès – et ses corolaires que sont l’argent et le pouvoir – aussi grisant soit-il, finit souvent par faire tourner les têtes jusqu’à en perdre le sens des réalités. Mais la vraie force de l’Amérique – c’est du moins ce que nous fait comprendre en substance le cinéaste – réside dans le fait que l’on peut toujours s’y relever de ses propres échecs. A condition toutefois de se remettre en question et de se relever les manches. Si le film véhicule un message et des valeurs plutôt forts (le travail, l’amitié, la solidarité et l’union sacrée des classes comme valeurs essentielles pour mener le pays à la victoire), il repose néanmoins sur un scénario mal fagoté et un peu bancal en ce qu’il semble perdre par moment son fil rouge (le trio amoureux). Le film peut néanmoins compter sur un trio d’acteurs très plaisant (Randolph Scott, John Wayne et Marlene Dietrich) qui se retrouve pour un second film de rang après « Les écumeurs » de Ray Enright. On regrettera toutefois que le personnage féminin de Josie ne soit plus développé, laissant de fait Marlene Dietrich dans l’ombre de ses deux partenaires masculins. Un visionnage agréable, à défaut d’être véritablement mémorable.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré en Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français et anglais sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation par Camille Larbey (2023, 25 min.), d’un portrait de Marlene Dietrich par Xavier Leherpeur (2017, 13 min.) ainsi que d’une Bande-annonce d’époque (2 min, VOST).

Édité par Éléphant Films, « La fièvre de l’or noir » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD seul depuis le 29 août 2023.

Le site Internet d’Éléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici.