The Old Oak

The Old OakLoach 87 ans : le vieux chêne est encore bien vert

Ken Loach situe son film, qui devrait être son dernier, dans un Nord Est de l’Angleterre rongé par le chômage et la misère sociale. La population locale déjà bien meurtrie voie arriver des réfugiés syriens. Derrière ces derniers une belle solidarité se met en place ; solidarité qui va créer des tensions avec la communauté britannique en place. Difficile d’accepter pour les pauvres locaux de voir que les nouveaux arrivants sont mieux lotis qu’eux ; les historiques. Et c’est tout le thème du film ; de la confrontation des misères nait le racisme, le communautarisme, la haine de l’autre, le repli sur soi,… Au centre de la bourgade, le pub « The old oak » est le dernier lieu de socialisation permettant de faire du lien et communauté. Ce pub a été un lieu de lutte dans les 80’s durant la fermeture des mines de charbon provoquant de sérieux affrontements sous l’ère ultra libéral thatchérienne. Ce lieu va reprendre sa vocation : créer du lien et faire communauté. Cet opus de Loach est bienveillant et humaniste ; il fait beaucoup de bien ; tout n’est pas perdu, le vivre ensemble reste possible. Il n’est pas angélique, bien entendu, mais la faiblesse d’écriture de son acolyte Paul Laverty conduit à un propos souvent didactique et manichéen ; mais vain ? Certainement pas. Les propos sont francs et engagés, pas toujours subtile, d’accord ; mais parfois délaisser la bienséance subtile permet de porter un message fort et simple. Donc il faut en accepter le principe binaire ; même si cela fait que ce film n’est pas le meilleur de son auteur.

Mais ce qui m’a le plus déplu et déranger dans le film relève d’une forme de tromperie intentionnelle et intellectuelle. Pour avoir l’adhésion des spectateurs au propos développé par la film, la jeune syrienne, personnage phare du film, en plus de faire plus méditerranéenne que syrienne ; est le seul personnage féminin adulte non voilée de la communauté. Dans la première scène, on pense même qu’il s’agit d’une accompagnatrice plus que d’une migrante elle-même. Le principe est contestable, et est une forme de négation de la réalité musulmane de cette migration.

Le message fort de ce film suffit à en faire la promotion, même si la finesse n’est pas au rendez-vous.

Sorti en 2023

Ma note: 13/20