Cinéma | SIMPLE COMME SYLVAIN – 14,5/20

Cinéma | SIMPLE COMME SYLVAIN – 14,5/20

De Monia Chokri
Avec Magalie Lépine Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume

Chronique : Simple comme Sylvain cache bien son jeu. Sous ses apparences de comédie romantique aussi crue qu’enlevée, elle dissimule une certaine mélancolie et une vision presque désenchantée du couple et de l’amour. La question qui traverse le film est donc de savoir si le coup de foudre entre Sylvain et Sophia peut redonner foi en l’amour.
Monia Chokri filme cette rencontre et la passion qui s’en suit de manière aussi instinctive qu’intense. Elle capture l’attraction quasi-animale qui les consume immédiatement, faisant fi du fait qu’ils viennent de deux mondes opposés. Elle suggère même que c’est justement ce qui a attisé les braises. Et c’est tout le sujet, est-ce que l’amour et la passion sont suffisants pour surmonter à long terme les différences sociales ?
Il faut adhérer au style et à la mise en scène de Chokri, qui emprunte aux codes visuels des vieux soap opéra américains, ses travellings avant vers des visages en gros plan, son montage saccadé, sa photographie granuleuse et ses synthés pas toujours mélodieux. C’est esthétiquement discutable mais cela crée une ambiance singulière qui sert de cadre à l’introduction d’une galerie de personnages truculents extrêmement bien écrits, même pour les plus secondaires. Campés par de formidables comédiens, ils sont tour à tour drôles, touchants, agaçants ou même embarrassants.
Chorki a cette habileté à balancer entre l’émotion et le malaise, à être constamment sur un fil. Grâce à des dialogues vifs et acérés qui déclenchent autant de fous rires que des moments gênants, elle accède à palette d’émotions très large. C’est par ailleurs très malin de proposer ces petits apartés lors desquels Sophia disserte avec ses élèves sur les théories des grands philosophes sur l’amour et le désir, comme autant d’illustration de sa situation amoureuse.
Et puis il y’a un passage dans Simple comme Sylvain qui marque un tournant, un changement de ton dont on ne dira pas plus. On peut le trouver trop abrupte, mais il illustre la pluralité des niveaux de lecture du film.
Avec lui, Monia Chorki raconte bien plus que l’histoire de Sylvain et Sophia. Elle touche à l’universalité du désir, de la passion et du sentiment amoureux. C’est pour ça que son Simple comme Sylvain parle à tout le monde.

Synopsis : Sophia est professeure de philosophie à Montréal et vit en couple avec Xavier depuis 10 ans. Sylvain est charpentier dans les Laurentides et doit rénover leur maison de campagne. Quand Sophia rencontre Sylvain pour la première fois, c’est le coup de foudre. Les opposés s’attirent, mais cela peut-il durer ?