Dead for a Dollar (2023) de Walter Hill

Retour derrière la caméra de Walter Hill après de longues années et son "Revenger" (2016), film râté malheureusement. Mais le scénariste de "Guet-Apens" (1972) de Sam Peckinpah et de la trilogie "Alien" (1979-1992) a déjà prouvé qu'il savait aussi faire des westerns avec "Le Gang des Frères James" (1980), "Geronimo" (1993) et "Wild Bill" (1995). Le retour du cinéaste semble donné des ailes à ses producteurs dont l'un déclare : "Nous sommes extrêmement heureux de travailler avec le légendaire Walter Hill qui a créé un western avec des thèmes contemporains et des personnages à l'esprit moderne. Les acteurs primés Christoph Waltz et Willem Dafoe incarneront les rôles principaux extraordinaires qui sont destinés à l'histoire du cinéma." Présenté en avant-première hors compétition à la Mostra de Venise 2022 il sort en salles dans la foulée à l'exception de quelques pays comme la France où il est diffusé uniquement sur Canal+. Le réalisateur-scénariste termine son film avec un hommage au spécialiste du western Budd Boetticher... Nouveau-Mexique en 1897, le chasseur de primes Max Borlund est engagé pour retrouver et ramener la femme d'un homme d'affaires qui aurait été kidnappée par un ex-soldat noir. Lors de son enquête il croise Joe Cribbens qu'il avait arrêté des années auparavant. Le premier comprend que sa mission n'est peut-être pas morale, tandis que le second doit éliminer le premier... 

Dead for a Dollar (2023) de Walter Hill

Le chasseur de prime est incarné par Christoph Waltz devenu une star grâce à "Inglourious Basterds" (2009) de Quentin Tarantino, et qui retrouve le far-west après "Django Unchained" (2012) du même Tarantino. Le pistolero est interprété par Willem Dafoe qui débuta justement dans le western "La Porte du Paradis" (1980) de Michael Cimino, il retrouve Walter Hill des années après "Les Rues de Feu" (1984), vu récemment dans "A l'Intérieur" (2023) de Vasilis Katsoupis ou "Asteroid City" (2023) de Wes Anderson. Citons la belle par qui tout commence avec Rachel Brosnahan vue entre autre dans "Back Home" (2015) de Joachim Trier, "The Finest Hours" (2016) de Craig Gillepsie ou "Un Espion Ordinaire" (2020) de Dominic Cooke, suivi de deux soldats noirs joués par Warren Burke surtout aperçu à la télévision dont la série TV "Bigger" (2019-2021), Brandon Scott apparu dans "Blackout Total" (2014) de Steven Brill ou "Blair Witch" (2016) de Adam Wingard. Le mari commanditaire est joué par Hamish Linklater aperçu dans "Magic in the Moonlight" (2014) de Woody Allen, "The Big Short" (2015) de Adam McKay ou "Unicorn Store" (2017) de Brie Larson, puis enfin n'oublions pas le "baron" mexicain joué par Benjamin Bratt vu notamment dans "Traffic" (2000) de Steven Soderbergh, "Infiltrator" (2016) de Brad Furman ou "Doctor Strange" (2016) de Scott Derrickson... Le film commence mal avec un prologue découpé au hachoir avec deux scènes sans enjeu, juste démonstratives, l'une pour l'action l'autre pour nous présenter deux personnages joués par les deux stars. Deux scènes qui prouvent en moins de temps qu'il faut pour le dire que Walter Hill n'a plus l'envie, l'inspiration ou le talent.

Dead for a Dollar (2023) de Walter Hill

On constate ensuite cette photographie au ton plus ou moins sépia délavé pas très attrayant. Puis on constate que le film semble avoir été doté d'un budget trop limité avec trop peu de personnages et/ou de figurants (les villes désertes même dans les saloons) et des paysages trop sous-exploités. On se dit que le mari commanditaire va prendre une importance certaine car la mission offre un suspense qui nous permet de le croire (mari violent ou femme garce ?!), mais il y a aussi la vengeance du pistolero envers le chasseur de prime ce qui  permet un face à face entre les deux stars et donc on peut espérer un duel dans la grande tradition, et puis il y a le racisme avec deux portraits de deux hommes blacks pour deux visions différentes de leur place dans le pays. Plusieurs thématiques abordées donc sans franchement tout traiter ce qui n'est pas très cohérent avec (justement) Budd Boetticher ce dernier étant la quintessence même du western classique, simple et direct. Walter Hill signe un western peu attrayant, figé sans âme malgré des sujets intéressants et des personnages stéréotypés parfaitement assumés. Une déception d'autant plus grande que ça confirme avec ces derniers films que le cinéaste a besoin d'une retraite.

Note :                 

Dead Dollar (2023) Walter Hill

09/20