Cinéma | BARBIE – 12/20

Cinéma | BARBIE – 12/20

De Greta Gerwig
Avec Margot Robbie, Ryan Gosling, America Ferrera

Chronique : Malgré une promotion déversée jusqu’à la nausée, les premiers bons retours et l’ampleur du phénomène ont eu raison de mon scepticisme. A raison ? mmmhee
Barbie est un film sympathique, ni plus ni moins.
Barbieland, avec son esthétique rose bonbon et son univers pop est une indéniable réussite. La reproduction grandeur nature des jouets Barbie est visuellement accrocheuse et très amusante, tout comme les déclinaisons des différentes Barbie et des différents Ken qui y cohabitent tous en harmonie. Enfin tant que les Barbies occupent les postes à responsabilité et que les Kens restent leur faire-valoir…
Barbieland est une sorte d’utopie féministe, miroir grossissant et inversé du monde réel encore principalement régi par les principes du patriarcat.
C’est quand ces deux mondes s’affrontent que le film est le plus pertinent et intéressant. En particulier lorsque Ken découvre la patriarcat (et les chevaux) et souhaite le ramener avec lui à Barbieland
Greta Gerwig donne alors malicieusement un coup de projecteur sur des siècles de domination masculine. Le constat, bien qu’amené avec humour, est aussi clair que violent. Une impression qui sera renforcée par le discours de « l’humaine » interprétée par America Ferrara sur la difficulté pour les femmes d’exister dans un monde construit par et pour les hommes et d’y réussir sans être jugée.

Greta Gerwig jongle astucieusement entre légèreté et manifeste féministe, mais ne parvient pas à se soustraire de quelques gros défauts. Tout d’abord, les règles sur le fonctionnement de Barbieland dans le monde réel (et inversement) n’ont pas forcément de logique et si ça peut paraitre secondaire (après tout c’est un monde imaginaire), le manque de cohérence ou de réel canevas est déroutant, brouille le récit et amenuise sa portée. On est aussi un peu perplexe quand aux rôles des pontes de Mattel, la marque joue certes le jeu de l’autodérision mais sans aller trop loin non plus. Le Boy Club qui la représente est juste bon pour une bonne leçon. Et on se demande quand même si orchestrer une guerre des sexes pour savoir quel genre finira par dominer l’autre est vraiment le bon point de vue à adopter pour servir le message.
Le film est fun, bien sûr. Margot Robbie en fait comme d’habitude des tonnes, mais elle le fait très bien et cela correspond parfaitement au rôle. Ryan Gosling lui vole cependant la vedette, démontrant un extraordinaire tempo comique déjà aperçu dans Crazy Stupid Love et The Nice Guys. Les numéros musicaux sont également très entrainants et participent à donner au film un vrai côté feel good.
La dernière partie, un peu bordélique mais bon enfant confirme qu’on est loin d’être en présence du brulot féministe dont on avait pu entendre parler, mais bien d’une comédie rafraichissante et plutôt inoffensive, qui tente de rappeler avec malice monde dans lequel on vit et de dénoncer ce qu’elle est au fond elle-même, un produit marketing.
Gentiment cynique, Barbie hésite à pousser les curseurs à fond mais renonce à être vraiment transgressif pour finir par rentrer dans les clous. Mais l’intention est bonne et l’emballage est réussi.

Synopsis : A Barbie Land, vous êtes un être parfait dans un monde parfait. Sauf si vous êtes en crise existentielle, ou si vous êtes Ken.