[CRITIQUE] : Règle 34

[CRITIQUE] : Règle 34Réalisatrice : Júlia Murat
Acteurs : Sol Miranda, Lucas AndradeLorena Comparato,...
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Brésilien, Français.
Durée : 1h40min.
Synopsis :
La légendaire règle 34 d’internet stipule que si quelque chose existe, alors il y en a une version porno. Simone est étudiante en droit le jour, engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, et camgirl la nuit, explorant ses fantasmes masochistes.

Critique :

Sans tabou tout en étant tout du long vissé sur une héroïne n'ayant jamais peur de repousser ses limites, #Règle34 se fait une bouillante chronique sur la jeunesse brésilienne actuelle, une odyssée jamais voyeuriste qui pousse autant à la réflexion qu'il est joliment obsédante. pic.twitter.com/ji3vy5KEne

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 8, 2023

Le personnage de Simone, une étudiante brésilienne bisexuelle, qui sert de pivot au nouveau long-métrage une nouvelle fois engagé de la cinéaste brésilienne Júlia Murat, se fait la fusion improbable de deux mondes pourtant furieusement dissemblables.
Pendant la journée et aux yeux de tous, elle poursuit ses études de droit dans le but de défendre les droits publics et les plus vulnérables de la société brésilienne contemporaine alors que la nuit, elle est une cam girl, effectuant des actes sexuels devant la caméra pour attirer l'attention des hommes.
Pas vraiment le genre d'héroïne du Brésil voulu par Bolsonaro en somme - et le mot est faible -, marqué par la xénophobie et l'homophobie.
Un paradoxe qui est annoncé dès le titre finalement, Règle 34, qui fait écho à une règle d’internet qui stipule que si quelque chose existe, alors il y en a une version porno quelque part.

[CRITIQUE] : Règle 34

Copyright Wayna Pitch


Simone est un paradoxe dans un monde où tout est possible, une femme politiquement engagée et qui porte en elle un désir d'apporter la justice à toute un pan de la population brésilienne discriminée (et encore plus avec le pouvoir en place) mais qui, dans le même temps, expérimente de manière tarifée sa sexualité.
Une femme qui lutte pour les autres mais qui n'a pas peur, aussi, de penser et lutter pour elle-même.
Une ambivalence pas dénué de contradictions, évidemment, d'autant qu'elle pense que ses fantasmes numérisés ne viendront jamais empiéter sur son quotidien intellectuel (monumentale erreur), elle est une personnalité furieusement cinématographique, à la fois pétillante et passionnante à décortiquer, Júlia Murat n'ayant jamais peur de la faire voguer dans la zone grise, de faire creuser le fossé entre sa raison et ses pulsions incontrôlables, pour mieux la confronter de manière frontale aux limites du consentement mais également aux limites de la recherche de la douleur et du plaisir, à l'intersection entre l'oppression systémique (symbole de ce qu'elle subit dans la société, pour sa couleur de peau, son orientation sexuelle,...) et le choix consenti et personnel - la liberté du corps.

[CRITIQUE] : Règle 34

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Sans prendre de gants (la nudité ou même les scènes de sexe BDSM, sont montrés sans le moindre tabou) tout en étant tout du long vissé sur une héroïne n'ayant jamais peur de repousser ses limites, Règle 34 se fait la bouillante chronique d'une jeunesse brésilienne qui répond avec ses propres armes, à la violence oppressive du pouvoir en place.
Une odyssée jamais voyeuriste qui pousse autant à la réflexion qu'il est joliment obsédante, porté par la prestation solaire et intense d'une Sol Miranda qui se met, littéralement, à nu face caméra.

Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Règle 34