[CRITIQUE] : Transformers : Rise of the Beasts

[CRITIQUE] : Transformers : Rise of the BeastsRéalisateur : Steven Caple Jr.
Acteurs : Anthony Ramos, Dominique Fishback, Luna Lauren Velez, Dean Scott Vazquez, Liza Koshy, Michelle Yeoh, Pete Davidson, Peter Cullen, Colman Domingo, Ron Perlman, Peter Dinklage,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Action, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h08min.
Synopsis :
Transformers : Rise of the Beasts renoue avec l'action et le grand spectacle qui ont séduit des millions de spectateurs à travers le monde. Ce nouveau volet se déroule au cœur des années 90 et nous emmène aux quatre coins du globe. Une toute nouvelle faction de robots Transformers - les Maximals - se joindront aux Autobots dans l’éternelle bataille qu’ils livrent face aux Decepticons.

Critique :

Simili-Marvelisation absurde d'une saga qui louchait jusqu'ici sur la nostalgie Amblin, #TransformersRiseOfTheBeasts réserve trop peu d'émerveillement régressif pour marquer, lui qui n'a ni la douceur et le cœur de #Bumblebee, et encore moins la folie dantesque des films de Bay. pic.twitter.com/C1Ks8xzbbO

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 7, 2023

Avant de se transformer en apologie du Kaboom dont seul Michael Bay en a le secret (puisque Roland Emmerich lui, l'a perdu), Transformers premier du nom, de loin le meilleur de la franchise avec le tendre Bumblebee de Travis Knight, avait une vraie saveur Amblin collée sur le dos de sa pellicule, entre le remake à peine masqué d'E.T. et du Géant de Fer, notamment dans sa première partie pleine de douceur, articulée autour de l'amitié touchante entre Sam Witwicky et Bumblebee avant de logiquement se transformer (haha) en un blockbuster sur un potentiel conflit mondial - mais aux USA -, oubliant partiellement que le sel du projet résidait aussi et surtout, sur le récit initiatique et adolescent des deux personnages.
Tonton Bay ayant volontairement rendu les armes, la Paramount, décidé à ne pas non plus donner une suite aux aventures solos de Bumblebee (flop injuste au box-office oblige), a donc joué une nouvelle fois la carte du requel, se déroulant bien avant la rencontre entre l'Autobot tout jaune et le gamin hyperactif campé par Shia LaBeouf, mais aussi quelques années après celle entre celui-ci et la douce Charlie.

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Copyright Paramount Pictures

Échoué à Steven Caple Jr., Transformers : Rise of the Beasts s'inscrit dans un entre-deux plutôt casse-gueule, tant il convoque à la fois l'esprit Amblin du premier film, mais aussi le côté bruyant et turbo-débile de ses suites, dans un cocktail étrange, dépouillé et pourtant, paradoxalement, un brin charmant grâce à ses personnages plaisant à suivre et bien réels (Anthony Ramos en tête), flanqués dans un monde qui peine à l'être.
Démarrant par un long prologue visant à introduire la petite originalité de cette septième monture - les Maximals -, ainsi qu'un artefact/McGuffin mixant à la fois le Bâton de Quintessa et les piliers de Sentinel Prime - la " Trans Warp Key " -, la narration, qui ne perd pas une référence à la pop culture près - même anachronique - pour montrer que l'histoire se déroule sans les 90s (Mario, Sonic, le procès d'O.J. Simpson, la culture hip-hop en plein boom), roule pourtant très vite en territoire connue : un jeune couple (ancien expert en technologie militaire et une archéologue tout droit sortie de Brooklyn) rencontre un groupe d'Autobot mené par Optimus Prime et Bumblebee, affrontent des Decepticons (enfin les acolytes de Mega... d'Unicron) et tout le monde se lancent à la recherche d'un morceau de technologie Transformers qui a le pouvoir de détruire le monde... fin.

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S'il ne pète décemment pas dans la soie de l'originalité, avec un énième retour à la case départ pour les Autobots, comme à quasiment chacun des épisodes (ici Bumblebee ne semble même pas avoir existé), qui vivent suffisamment cachés aux États-Unis pour n'être découvert que par de jeunes adultes débrouillards, à ceci près cette fois que Bumblebee cède sa place de héros au bavard Mirage (dont l'avantage de son visage humain reconnaissable est constamment saccagé des dialogues insipides et un humour qui fait rarement mouche); Rise of the Beasts aurait pu/dû tirer au minimum son épingle du jeu, en proposant un divertissement entraînant et spectaculaire qui envoie de la jante chromée, mais Caple Jr. cale au moindre virage musclé.
Là où tous les films de Michael Bay, même le difficilement défendable The Last Knight, explosaient gentiment la rétine à travers des scènes d'action concoctées comme des chaos contrôlés au plan près, avec des éléments d'arrière-plan et de premier plan suggérant continuellement une impression d'immensité et de folie imaginative pure, ce septième opus a une simplicité visuelle et un manque d'imagination tellement criants, que même le peu d'artifices engagés peinent à masquer son inconsistance, sa lumière terne et ses fonds verts douloureusement perceptibles (comme cet affrontement final aussi hideux que générique, Citant directement Avengers : Endgame).

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Avec sa mise en scène continuellement distancée et son montage maladroit, jamais Rise of the Beasts ne rend ses empoignades vivantes ni même entraînantes, chacun des coups manquant d'impact mais surtout toute la charte imposée par Bay est ici savamment mise en pièce.
Au coeur de son pandémonium visuel vertigineux, le cinéaste conservait tout le temps un sens de l'échelle, à la fois à travers les yeux de ses personnages humains qu'à travers le contraste entre leur taille, celle du cadre environnant et celle des Transformers.
Ici, les échelles semblent radicalement changer d'un plan à l'autre, rendant d'autant plus difficile à suivre une action déjà peu lisible...
Un comble quant, plus encore que pour le film de Travis Knight, il y a une volonté d'impliquer directement les humains dans la bataille, mais tout semble faire en sorte de les déconnecter, même une écriture qui ne soucie guère d'eux et ne provoque que trop peu d'empathie.
Pire, même l'arrivée attractive sur le papier, des Maximals, est sévèrement tuée dans l'oeuf tant ils ont un rôle à peine plus développés que les Dinobots, gaspillés dans l'excellent Transformers : Age of Extinction, bien qu'ils portent avec eux un vrai questionnement moral (la notion de sacrifice) et des visages pouvant bien plus exprimer les émotions que leurs cousins Autobots.

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Sorte de Marvelisation forcée (jusque dans ses VFX douteux) d'une franchise qui s'inscrivait bien plus dans la nostalgie du studio Amblin, et qui n'avait jamais peur d'arpenter la voie de l'expérimentation visuelle - quitte à foncer droit dans le mur -, Transformers : Rise of the Beasts réserve trop peu d'émerveillement enfantin et régressif pour convaincre, lui qui n'a ni la douceur et le cœur de Bumblebee, et encore moins la folie dantesque et débridée des films de Michael Bay.
Impersonnel mais, paradoxalement, plus agréable qu'un Ant-Man et la Guêpe : Quantumania où qu'un Shazam! La Rage des Dieux (surtout dans sa première demie heure), la comparaison est absurde certes, mais c'est dans cette voie que la Paramount semble vouloir diriger la saga...

Jonathan Chevrier[CRITIQUE] : Transformers : Rise of the Beasts