Pinot simple flic

Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Pinot simple flic » de Gérard Jugnot.

Pinot_simple_flic

« Avec douze blames, on n’a qu’un droit : c’est de s’écraser ! »

Gardien de la paix sympathique et maladroit, Robert Pinot décide de prendre sous son aile Marie-Lou, une jeune toxicomane originaire du même village que lui. Mais la jeune femme est sous l’emprise de Tony, un dangereux dealer. Le policier a déjà reçu de nombreuses réprimandes au cours de sa carrière, pourtant, il va prendre tous les risques dans une affaire qui pourrait lui coûter sa carrière… ou faire de lui un héros.

« T’es pas gênée : moi je prends des gants mais toi tu mets des bottes ! »

Pinot_simple_flic_Fanny_Bastien

Après avoir enchainé les apparitions au cinéma durant toute les années 70 (on l’aperçoit ainsi de façon plus ou moins régulière chez Blier, Tavernier, Lautner ou encore Lamoureux), Gérard Jugnot accède finalement à une notoriété collective à la fin de la décennie grâce aux succès des films de la bande du Splendid (« Les bronzés », « Les bronzés font du ski », « Le Père Noël est une ordure », « Papy fait de la résistance »). Un succès qui lui permet – comme à ses camarades du Splendid – de s’émanciper progressivement et de se retrouver en tête d’affiches de plusieurs comédies à succès telles que « Pour cent briques t’as plus rien » (Molinaro, 1982), « Le quart d’heure américain » (Galland, 1982) ou encore « Le garde du corps » (Leterrier, 1984). Désireux depuis toujours de s’essayer à la réalisation, il profite alors de son nouveau statut « bankable » pour se voir confier les rênes d’un premier film, « Pinot simple flic », qui sort sur les écrans en juin 1984 (soit quelques mois avant « Marche à l’ombre » de Michel Blanc et « Sac de nœuds » de Josiane Balasko, ce qui fait de Gérard Jugnot le premier membre du Splendid à gagner ses galons de réalisateur). Des débuts de réalisateur convaincants puisqu’avec près de deux millions et demi de spectateurs, son film est un succès public. Et reste à ce jour, son plus grand succès commercial en tant que réalisateur.

« J’ai toujours rêvé de voir un flic baisser son froc »

Pinot_simple_flic_Pierre_Mondy

Pour ses débuts de réalisateur, Gérard Jugnot faisait ainsi le choix de s’aventurer dans le registre de la comédie policière, en suivant les (més)aventures d’un gardien de la paix ordinaire, en l’occurrence l’inénarrable Robert Pinot. Un personnage gentiment bas-du-front, tour à tour maladroit, gaffeur et franchement fumiste. Mais qui se laissera attendrir par une jeune toxicomane qu’il arrête après un vol à la tire et dont il se sert pour appâter un gros dealer particulièrement dangereux. Loin de l’humour percutant et vachard du Splendid, « Pinot simple flic » surprend par son contant entre-deux, entre comédie potache un peu « facile » à la mode des années 80 (avec le running gag du collègue qui se fait casser le nez à longueur de temps ou le moment de solitude dans le bus durant lequel le héros, franchement couard, préfère insulter un collègue pour éviter de se faire malmener par une bande de jeunes voyous) et chronique sociale douce-amère plutôt crédible centrée sur la vie des commissariats de quartier, dans lesquels le réalisateur pointe déjà le climat ambiant de racisme, de sexisme et de violence (avec notamment hallucinante scène où la jeune toxicomane manque de se faire violer en cellule). Il en ressort un film assez déroutant, ni franchement hilarant ni vraiment sérieux, mais qui se laisse néanmoins regarder sans déplaisir et avec une pointe de nostalgie pour le cinéma populaire de cette époque. Outre qu’il prouvait sa capacité à diriger un film, Gérard Jugnot esquissait ici ce personnage de brave type un peu lourdaud mais attachant qui deviendra sa marque de fabrique durant les décennies suivantes. Avec ses seconds rôles aussi prestigieux que savoureux (Pierre Mondy, Jean-Claude Brialy, Sim…) et une musique très datée de Louis Chedid, « Pinot simple flic » reste quarante ans après sa sortie une petite comédie sympathique et attachante, en dépit de ses maladresses.

Pinot_simple_flic_Gerard_Jugnot

**

Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master HD restauré et proposé en version originale française (2.0), sans sous-titrage.

Côté bonus, le film est accompagné d’une interview de Gérard Jugnot (2001, 27 min.), de « Gérard Jugnot, artisan réalisateur - Partie 1 » (2013, 20 min.) ainsi que d’une Bande-annonce.

Édité par Rimini Éditions, « Pinot simple flic » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 2 mai 2023.

La page Facebook de Rimini Éditions est ici.