La dernière reine

La dernière reineVoiles et poignards en mode tragédie

Alger, 16ème siècle, fiction ou réalité ; l’existence de la reine dont parle le film n’est pas avérée ; mais un tel personnage a pu exister selon les spécialistes ; et c’est déjà un beau pied de nez aux islamistes radicaux de tout poil. Et pourquoi ? Cette femme est d’une modernité et d’une liberté que l’on a peine à croire tant l’islam est rigoriste dans de nombreux pays. Cette reine va s’opposer aux hommes, à l’oppresseur, être au cœur des complots pour restaurer sa souveraineté. Elle qui n’était que la seconde femme d’un sultan qui s’appuyait sur sa première pour exercer son pouvoir (tiens ! Une autre femme influente, sorte de spin doctor de son époque) ; considérée comme légère va se révéler tout au long des épreuves pour devenir une véritable femme de pouvoir. Par goût du pouvoir, en partie, mais surtout par amour, un amour démesuré pour son fils unique destiné à devenir sultan. Le sexe en moins (ce film est chaste) ainsi que les dragons ; pour les amateurs, on vit un condensé de « Game of throne » en moins de 2 heures. Cette histoire est une véritable tragédie grecque de bout en bout jusqu’à un final à couper le souffle. Cette fresque est majestueuse ; cette force réside beaucoup dans un scénario sans faille et implacable. Les intrigues à tiroirs s’imbriquent à merveille sans perdre le rythme et surtout le cap. Tous les personnages, même celui (ou plutôt celle(s)) qui parait insignifiant aura son rôle à jouer. Le duo Adila Bendimerad et Damien Ounouri réalisent un véritable coup de force scénaristique et esthétique qui relègue aux oubliettes un autre film d’aventure à gros budget du moment : « Les trois mousquetaires » font figure de poids plume devant cette prouesse. Et c’est leur premier film !!! Au-delà du film spectaculaire au scénario tentaculaire, c’est aussi un film politique sur le pouvoir et la place de la femme dans la société musulman. Juste un bémol certainement très occidental, les gorges tranchées à tout va et les Allah Akbar m’ont dérangé ; résidu de trauma des attentats, je préfère les coups d’épée des mousquetaires.

Bravo pour être parvenu à faire cohabiter aussi habilement le divertissement cape et d’épée et tragédie shakespearienne. Beau cru 2023.

Sorti en 2023

Ma note: 18/20