[CRITIQUE] : Relaxer

[CRITIQUE] : RelaxerRéalisateur : Joel Potrykus
Acteurs : Joshua Burge, David Dastmalchian,Andre Hyland,...
Distributeur : Shadowz
Budget : -
Genre : Drame, Fantastique, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h31min
Synopsis :
L’apocalypse Y2K ne peut pas être arrêtée. Le frère aîné d'Abbie lui lance un défi ultime avant que l'humanité périsse : battre le niveau 256 dans Pac-Man et de ne pas sortir du canapé tant qu'il n'y sera pas parvenu. Sans eau ni nourriture dans un appartement insalubre, la survie d'Abby commence...

Critique :

Porté par son récit à la fois absurde et volontairement épileptique, #Relaxer passe de l'étrange portrait d'une génération shootée à la pop culture à une critique déglinguée de notre société capitaliste, tout en dressant un constat urgent sur le dilemme du changement climatique. pic.twitter.com/qXGNNAl4X5

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 23, 2023

Sacré cinéaste singulier que Joel Potrykus, au cœur d'un cinéma indépendant ricain qui les dénombre pourtant à la pelle, sorte de rejeton décomplexé et maladroit de la génération Jackass prenant gentiment partis de purs produits de l'Americana profonde, des marginaux plus où moins fainéants coincés dans une léthargie nostalgique et rétrograde qui n'est réconfortante que pour eux.
En ce sens, Relaxer à presque déjà des atours de film somme, lui qui débarque enfin dans l'hexagone trois ans après sa sortie sur ses terres, merveille de comédie déglinguée et inventive à la lisière du huis clos craspec et dérangeant cloîtré dans un appartement crasseux flanqué dans le trou du cul du Michigan, et vissée sur un trentenaire qui n'a jamais vraiment grandit et dont la seule préoccupation où presque est de d'atteindre le légendaire 257e niveau de Pac-Man.
Les bases où presque d'un stoner movie des familles proto-punk, sans la beuh mais avec un solide dialogue régressivo-provocateur qui fait mouche.

[CRITIQUE] : Relaxer

Adam J. Minnick/Oscilloscope Laboratories


Pleinement dans la même mouvance que le Napoleon Dynamite de Jared Hess (à une lenteur rappelant gentiment Pedro Costa où Albert Serra), avec qui il partage une vraie dévotion pour les marges peu glamour de la culture américaine et un anti-héros paria qui, à force d'être rejeté par la société, se crée un univers imaginaire de substitution, le film suit la déconnection totale d'un jeune homme (excellent Joshua Burge) dont le quotidien frise à l'absurdité la plus absolue - et donc géniale -, tant il n'a plus réellement de notion du temps comme de la réalité (la seule horloge temporelle reste la visite de ses amis et proches, de plus en plus rares au fil du temps), et qu'il scrute de manière apathique la lente dégradation de son corps (tout droit sorti d'un film de Cronenberg), jusqu'à développé une forme de transcendance psychique improbable.
Profondément théâtral, littéralement porté par son unité de lieu limité - comme ses personnages - et son récit volontairement épileptique, Relaxerpasse de l'étrange portrait d'une génération shootée à la pop culture américaine à une critique déglinguée de notre société capitaliste tout en dressant un constat urgent sur le dilemme du changement climatique.
Absurde oui, mais surtout délirant et intelligent.

Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Relaxer