Jeanne du Barry (2023) de Maïwenn

Nouveau film de Maïwenn et surprend son monde avec un premier film historique en costume après plusieurs films ancrés dans notre époque et des sujets contemporains. Il s'agit donc de son 6ème film après "Pardonnez-Moi" (2006), "Le Bal des Actrices" (2009), "Polisse" (2011), "Mon Roi" (2015) et "ADN" (2020). Pour ce film la cinéaste adapté le destin d'une maîtresse du Roi Louis XV, à savoir Jeanne du Barry (Tout savoir ICI !). Réalisatrice-scénariste elle co-signe son scénario avec Teddy Lussi-Modeste réalisateur des films "Jimmy Rivière" (2011) et "Le Prix du Succès" (2017), puis avec Nicolas Livecchi qui a collaboré sur les films "Chanson Douce" (2019) de Lucie Borleteau ou "Les Olympiades" (2021) de Jacques Audiard. Maïwenn se passionne pour ce personnage depuis qu'elle a vu le film "Marie-Antoinette" (2006) de Sofia Coppola où la Favorite était jouée par Asia Argento... Jeanne Vaubernier, fille roturière devenue extrêmement belle, use de ses charmes pour sortir de sa condition. Elle gravit les échelons de la noblesse jusqu'à épouser le comte du Barry. Un jour, elle a la possibilité de rencontrer le roi Louis XV. Malgré les mises en garde, Jeanne du Barry a bien l'intention d'abuser de la situation. Contre toute attente, la rencontre est un coup de foudre. Mais si le scandale reste la norme pour une courtisane, ce n'est rien comparé à la suite quand le Roi décide d'officialiser sa relation en nommant Jeanne du Barry sa favorite officielle... 

Jeanne du Barry (2023) de Maïwenn

Le rôle titre est tenu par la réalisatrice elle-même, qui pourtant se garde rarement les rôles principaux, outre ses films elle joue régulièrement pour les autres comme récemment dans "Neneh Superstar" (2022) de Ramzi Ben Sliman et "Les Miens" (2022) de Roschdy Zem. Le Roi est incarné par la star Johnny Depp vu dernièrement dans "Waiting for the Barbarians" (2020) de Ciro Guerra ou "Minamata" (2020) de Andrew Levitas, qui joue là un rôle principal pour la première fois dans une production française après un caméo remarqué dans "Ils se marièrent et eurent Beaucoup d'Enfants" (2004) de et avec Yvan Attal. Les autres protagonistes sont joués par Benjamin Lavernhe qui retrouve l'époque après "Délicieux" (2021) de Eric Besnard et vu récemment dans "De Grandes Espérances" (2023) de Sylvain Desclous, Melvil Poupaud vu tout récemment dans "A mon seul Désir" (2023) de Lucie Borleteau et qui retrouve après  "Un Beau Matin" (2022) de Mia Hansen-Love l'acteur Pascal Greggory qui retrouve Maïwenn après "Pardonnez-Moi" (2006) et "Le Bal des Actrices" (2009), Pierre Richard vu dans "Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu" (2023) de et avec Guillaume Canet et "La plus Belle pour Aller Danser" (2023) de Victoria Bedos, Capucine Valmaryvue dans "Mon Cousin" (2020) de Jan Kounen ou "Le Torrent" (2022) de Anne Le Ny, Noémie Lvovsky vue cette année déjà dans "Youssef Salem a du Succès" (2023) de Baya Kasmi et son film "La Grande Magie" (2023) après lequel elle retrouve un de ses acteurs fétiches Micha Lescot qui était par exemple aussi dans "Camille Redouble" (2012) et "Demain et Tous les Autres Jours" (2017) dans lesquels jouait également l'actrice India Hair vue dans "Annie Colère" (2022) de Blandine Lenoir et "Les Petites Victoires" (2023) de Mélanie Auffret... Première chose, on pense d'abord à une erreur de casting, celui de Maïwenn elle-même. D'abord parce que la Du Barry est la maîtresse du roi entre ses 25 et 31 ans, l'actrice a 47 ans, elle était blonde et ensuite parce que la Favorite était considéré comme l'une des plus belles femmes du Royaume et si ça reste subjectif forcément ça gêne un peu aux entournures. Ceci amène logiquement à la véricaité des faits dans ce film historique. Sur ce point on va dire que dans l'ensemble c'est plutôt réaliste et fidèle aux événements. Rappelons quelques faits véridiques : que le Duc de Richelieu a sans doute été un "testeur" et entremetteur avec le Premier Valet du Roi Lebel (et non La Borde comme le film), ensuite rappelons que la Du Barry est devenue maîtresse du roi en 1769, que la Reine est morte avant en 1768, elle épouse Guillaume Du Barry et non son amant Jean-Baptiste et que, surtout, le Parc-aux-Cerfs a été fermé en 1765.

Jeanne du Barry (2023) de Maïwenn

Pour le reste on savoure au contraire les précisions comme la haine des filles du Roi ou la petite phrase de Marie-Antoinette. Par contre d'autres points sont étonnamment occultés ou omis comme le mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette et, surtout, la disgrâce de Choiseul. Le plus gênant concerne le petit esclave Zamor, qui était en vérité un "jouet" rebaptisé Louis-Benoît, et qui fut congédié par l'ancienne Favorite Jeanne Du Barry pour les activités révolutionnaires alors que la réalisatrice-scénariste-actrice semble s'être attaché à effacer les "vices" de son personnage. Outre son libertinage et la luxure, Jeanne Du Barry est ainsi combattive, loyale, gentille, et réellement amoureuse.Bref, sans faire dans la dentelle de ses magnifiques costumes la cinéaste s'échine à façonner Jeanne Du Barry en symbole d'un féminisme qui n'existait alors pas. Niveau mise en scène Maïwenn soigne ses plans, plusieurs passages forment des tableaux magnifiques, d'autres sont d'un symbole plus ou moins malin comme la montée des marches en courant. Le plus décevant c'est que le réalisatrice-scénariste manque d'audace justement là où elle aurait pu et dû, à savoir l'intimité du Roi et sa Favorite. En effet, c'est le seul moment où elle a toute latitude pour imaginer et oser. Résultat, la chair est triste hélas. Pour finir on s'attarde sur les déclarations de la réalisatrice qui s'est inspiré du chef d'oeuvre "Barry Lyndon" (1975) de Stanley Kubrick, et dit : "Jeanne Du Barry me séduit car c'est une looseuse magnifique." On est à des années-lumière de Kubrick, et on ne comprend pas bien où elle voir une "looseuse" en la Du Barry qui a au contraire gravit l'échelle sociale avec un certain panache. En conclusion, Maïwenn signe un film historique bien fait, aux costumes et décors somptueux (une partie tournée à Versailles), qui pêche surtout par ce décalage entre le classicisme ambiant et l'envie de modernité et de féminisme. Un bon film à défaut d'être dans le must du genre. 

Note :  

Jeanne Barry (2023) MaïwennJeanne Barry (2023) Maïwenn

13/20