[CRITIQUE] : Fast X

[CRITIQUE] : Fast XRéalisateur : Louis Leterrier
Acteurs : Vin Diesel, Jason Momoa, Charlize Theron, Michelle Rodriguez, Brie Larson, John Cena, Ludacris, Tyrese Gibson, Jason Statham, Sung Kang, Nathalie Emmanuel, Alan Richtson, Jordana Brewster, Scott Eastwood, Helen Mirren, Daniela Melchior, Pete Davidson, Cardi B,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h21min.
Synopsis :
Après bien des missions et contre toute attente, Dom Toretto et sa famille ont su déjouer, devancer, surpasser et distancer tous les adversaires qui ont croisé leur route. Ils sont aujourd’hui face à leur ennemi le plus terrifiant et le plus intime : émergeant des brumes du passé, ce revenant assoiffé de vengeance est bien déterminé à décimer la famille en réduisant à néant tout ce à quoi, et surtout à qui Dom ait jamais tenu.
Dans Fast and Furious 5 en 2011, Dom et son équipe avaient fait tomber l’infâme ponte de la drogue brésilienne, Hernan Reyes, en précipitant son empire du haut d’un pont de Rio De Janeiro. Ils étaient loin de se douter que son fils Dante, avait assisté impuissant à la scène et qu’il avait passé ces douze dernières années à échafauder le plan infernal qui exigerait de Dom un prix ultime.
Dante va débusquer et traquer Dom et sa famille aux quatre coins du monde, de Los Angeles aux catacombes de Rome, du Brésil à Londres et de l’Antarctique au Portugal. De nouvelles alliances vont se forger et de vieux ennemis réapparaitre. Mais tout va basculer quand Dom va comprendre que la cible principale de Dante n’est autre que son fils à peine âgé de 8 ans.

Critique :

Certes plus fun que les deux derniers films de la saga, #FastX n'en reste pas moins un blockbuster décérébré et foutraque qui appuie sur le frein de l'inventivité pour mieux regarder dans le rétroviseur du passé non pas par nostalgie, mais par cynisme. Même démesure à ses limites pic.twitter.com/ax5JPNX4dC

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 17, 2023

Ce n'est un secret pour personne : Vinou Diesel met le paquet sur la franchise Fast and Furious car ce bon vieux Baboulinet n'a que le marcel de tonton Toretto pour pleinement faire exploser le box-office.
Les succès relatifs de toutes ses tentatives avortées, du Dernier Chasseur de Sorcières, à Riddick en passant par xXx : Reactivated (qui n'a cartonné que du côté du B.O. chinois), ont donc poussés le bonhomme à focaliser tous ses biscottos sur la saga Fast, quand bien même le final poignant de Furious 7, pouvait décemment incarner un au-revoir plus que satisfaisant, autant pour les aventures de la familia que pour le regretté Paul Walker.

[CRITIQUE] : Fast X

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Mais que nenni, avec une nouvelle trilogie toute pimpante de planifié (fini les épisodes 10 et 11 pour la conclusion, il vient de nous rajouter un 12ème film il y a une poignée de jours) et l'arrivée du frenchy Louis Leterrier à la barre, après la mini-catastrophe du départ de Justin Lin quelques jours avant le tournage, la Familia a encore de beaux jours devant elle et Diesel de quoi subsister encore un peu dans la chaîne alimentaire Hollywoodienne.
Dixième film donc pour la saga mère, onzième en comptant le spin-off, un chiffre vraiment astronomique pour une franchise charnière (oui) du cinéma d'action moderne, qui se devait d'atteindre - au minimum - le statut de monument du fun littéralement WTF et cartoonesque des cinq derniers films (les plus spectaculaires, même si dès le huitième cela commençait déjà à sentir le pâté), ce Fast X use toute l'aura magiquement barré des précédents opus pour se transformer en une cours des miracles faisandé tournant à l'huile de friture, puant autant l'auto-suffisance que la paresse irritante.

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Bigger and faster mais jamais better, la péloche enfonce le clou de l'indécence en en incarnant un trip turbo-débile dénué de toute finesse narrative (et le mot est faible), de cohérence (un vilain sorti de nulle part dans le rétroviseur, des morts qui ne sont même plus morts) et y allant constamment franco dans le déballage de l'action outrancière au coeur de décors tous plus interchangeables les uns des autres (excepté un jouissif petit quart d'heure destruction à Rome); comme si la naïveté stupide mais jouissive du passé, avait finalement changé sa recette clé pour devenir le pire du fast-food indigeste qu'Hollywood nous pond depuis deux décennies.
Passé une introduction qui servait jadis d'épilogue, où on voit la Sainte Trinité Torettorienne " Barbec - Corona - prêche religieuse façon discours sirupeux sur l'importance de la famille " (le tout culminant à une scène où Dom apprend - évidemment - la conduite à son fils), bonjour Dante donc, campé par un Jason Momoa jouant les équilibristes sous exta, totalement en roue libre et visiblement très (trop) content d'être là, rejeton d'un Herman Reyes - le " méchant " du cinquième film que la familia va piller de ses économies - qui n'avait jusqu'ici plus d'incidence sur l'histoire, et qui se met en tête de répliquer dix ans plus tard (le temps de cultiver les raisins de la colère, sûrement) la vendetta de Ian Shaw/Jason Statham dans le septième film (devenu depuis gentil, parce que... ta gueule) en poussant les potards de l'indécence au maximum, obligeant Jakob Toretto/John Cena à lui aussi redevenir un bon tonton Toretto (parce que ta gueule, toujours) pour sauver Brian, le fils de Dom...

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Force est d'admettre que la métamorphose de la franchise Fast & Furious au cours des dix dernières années est l'une des réussites les plus étranges du cinéma ricain.
Passant de ses humbles origines prises à la volée à Point Break, en passant par la petite sortie de route plutôt charmante à ses ambitions plus modestes adoptant un ton " casse du siècle " à la The Italian Job, avant d'étreindre de manière gentiment absurde l'esprit d'espionnage bigger than life digne de la saga Mission: Impossible; Dom Toretto et sa familia ont mis en place un parcours assez impressionnant malgré des récits dérivés sans grandes ambitions, au point même qu'un crossover avec la trilogie Jurassic World est devenue une idée naturellement plausible.
Mais plus les films sont devenus bruyants, incohérents et gentiment grand-guignolesques, moins la " Famille " scandée à tout bout de champs par Baboulinet Diesel a perdu de son importance, tout juste bonne à remplir les obligations narratives d'un briefing de mission à la James Bond, expliquant plus ou moins fébrilement pourquoi la saga revient encore et toujours sur le devant de la scène.
Parce que oui, Toretto à tellement d'ennemis increvables que même à quatre-vingt-dix ans, il va devoir encore jouer des muscles et casser des bouches - sans qu'une goutte de sang ne soit versé, tout public oblige.

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Une préoccupation lointaine et secondaire, dont on ne se borne même plus à justifier les retours où les arrivées rocambolesques puisque, après tout, les familles sont grandes donc les possibilités sont infinies.
Passé une intrigue passe-partout recyclant celles des opus précédents, bourré jusqu'à la gueule de scènes d'action prévisibles et ronflantes - expurgées de toute notion physique et émotionnelle -, démontrant l'incapacité latente de Leterrier (ici uniquement un pompier de service à la limite de la figuration de luxe) et de la saga, à renouveller les rendements spectaculaires de personnages ayant trop de fois déjouer la mort et la cohérence pour surprendre; Fast X est avant tout et surtout plombé par son rythme foutrement décousu et une écriture amorphe et étrangement sérieuse puisque continuellement contredite par son action décérébrée et un vilain plus cartoonesque que Bugs Bunny lui-même.
Que tout ce petit monde joue au flipper dans Rome pour sauver un Vatican qui n'en a strictement rien à foutre de tout ce bordel (manquait plus qu'on voit débarquer Russell Crowe sur sa Vespa, en mode crossover de l'extrême pas si dissonant tant la saga mérite un bon petit exorcisme pour revenir à ses fondamentaux), passe encore, mais qu'il rejoue sans broncher et avec un désinvestissement total le même final que le cinquième opus, rend encore plus épileptique et illisible ses corps à corps (un problème récurrent depuis... Wan) et fait continuellement fit de ses personnages au profit du spectaculaire le plus ronflant (quoiqu'ils ne vont pas dans l'espace, cette fois-ci), même si le résultat s'avère plus fun que les opus 8 et 9 - pas difficile -, c'est l'ultime goutte de pisse qui fait déborder la cuvette.
Toujours plus loin, toujours plus fort qui disait Olivier Minne...

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Tout comme toutes les suites depuis le septième film de Wan, Fast X semble déjà trop vieux pour ses propres conneries et sa démesure sans limite, conscient de son déclin déjà salement amorcé avant même d'entamer son dernier (pour le moment) virage.
Comme si, au fond, la franchise n'était devenu que le jouet d'un sale gosse (Diesel) qui fait revivre encore et encore les mêmes aventures à ses poupées usées.
Et un blockbuster décérébré et foutraque qui appuie sur le frein de l'inventivité et du fun en pleine ligne droite, évidemment ça n'excite plus vraiment son amateur de plaisir coupable.
Pas de suspense, Dom et sa familia sont invincibles mais votre (notre) patience elle, l'est nettement moins...

Jonathan Chevrier
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