[CRITIQUE] : Ramona fait son cinéma

[CRITIQUE] : Ramona fait son cinémaRéalisatrice : Andrea Bagney
Acteurs : Lourdes Hernández, Bruno LastraFrancesco Carril,...
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Romance.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h20min
Synopsis :
De retour à Madrid avec son petit ami Nico, Ramona veut tenter sa chance comme actrice. La veille d’une première audition, elle fait une rencontre pleine de promesses. Elle ne se doute pas que celle-ci va chambouler ses rêves et ses certitudes.

Critique :

Porté par une Lourdes Hernández incroyablement solaire, #Ramonafaitsoncinéma est une fable sous-influence (et qui l'assume totalement), mais sincèrement authentique et qui fait du bien, à qui il ne manque in fine qu'une vraie puissance narrative pour nous enflammer totalement. pic.twitter.com/RAiiCO9Zjg

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 17, 2023

La comparaison est facile pourtant difficile de ne pas penser au formidable Julie (En 12 chapitres) de Joachim Trier, à la trilogie des Before - voire même au magnifique Frances Ha de Noah Baumbach, dont il reprend (en partie) le noir et blanc autant que la partition classique -, à la vision de Ramona fait son cinéma, estampillé premier long-métrage d'Andrea Bagney - également derrière le script -, quand bien même celui-ci est, justement, frappé des tics familiers des premiers efforts et n'a pas forcément l'appuie d'un scénariste chevronné tel que Eskil Vogt, pour bétonner sa narration.
Mais il faut considérer dès le départ que l'on est face ici à une vraie œuvre artisanale - dans tout ce que cela comporte de qualité comme de légères lacunes -, tournée presque à l'arrachée (entre deux restrictions du au Covid-19, au printemps 2021 à Madrid), et non une confortable œuvre de studio.
C'est d'ailleurs ce charmant petit esprit bricolé qui rend prenant le parcours chaotique de son héroïne, qui désespère de devenir un jour une actrice reconnue et de pouvoir vivre de sa passion.

[CRITIQUE] : Ramona fait son cinéma

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Bien qu'indécise, Ramona n'en manque pas de passion, trente-deux au compteur et madrilène pur jus - même si elle a passé sa jeunesse au Royaume-Uni -, une âme étouffée comme beaucoup par le carcan anxiogène de la société patriarcale, et qui boucle ses fins de mots en tant que nounou et traductrice en attendant de décrocher le rôle de sa vie, quitte à, justement, ne pas totalement vivre la sienne en attendant.
Mais tout se bouscule, littéralement, lorsqu'elle rencontre Bruno, qui ne cache pas son attirance pour elle (bien qu'elle soit en couple avec le cuisto Nico) et qui lui propose le premier rôle de son prochain film...
On suit donc son spleen existentielle un brin méta dans un Madrid tout droit sorti du cinéma de Luis García-Berlanga, segmenté en six chapitres (Trier qu'on vous dit) qui tire un brin longueur mais ne manque jamais de naturel, que ce soit dans ses dialogues et ses situations peut-être un brin sur-écrite mais toujours passionnante à suivre, le tout dominé par une Lourdes Hernández solaire, dont l'énergie positive et enjouée masque gentiment les lacunes d'un jeu certes encore tendre, mais définitivement plein de promesses.
Ramona fait son cinéma où une fable sous-influence donc (et qui l'assume totalement), mais sincèrement authentique et qui fait du bien, à qui il ne manque qu'une vraie puissance narrative pour nous enflammer totalement.
Mais comme Scott Pilgrim, on a le cœur qui bat pour une Ramona.

Jonathan Chevrier
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