Remorques

Par Dukefleed
T'as de beaux restes tu sais!

Jean Gremillon, oublié de son époque car contemporain de deux monuments du cinéma (Carné et Renoir), réalise ici un de ses films majeurs. Le tournage s’étalera sur près de deux ans, l’occupation allemande condamnera aussi Gremillon à tourner les scènes de tempête avec des maquettes. Lui qui filme si bien la mer, ces scènes font pâle figure aujourd’hui.

La mer est bien au centre de son film, Jean Gabin est le capitaine d’un remorqueur. Lui qui était déjà cheminot dans « La bête humaine », c’est à nouveau l’éloge de la mécanique et de la puissance incarnée par les moteurs qui est mis à l’honneur à nouveau. C’est aussi l’éloge du groupe et de la force du collectif ; le capitaine fait corps avec son équipage ; on retrouve aussi le Gabin de « La belle équipe ». C’est donc vraiment un film témoin de son époque.

Jean Gremillon a l’occasion de réformer le couple de « Quai des brumes » avec Michelle Morgan et Jean Gabin pour un drame amoureux bien classique mais superbement écrit. L’originalité du scénario réside dans le fait de donner à Gabin un rôle plus ambigu que ses précédents mais aussi de montrer un monstre d’humanité derrière le meneur d’homme autoritaire. L’histoire de ce trio amoureux est touchant jusqu’à un final très émouvant.

Vu dans sa version restauré en 4K, la beauté des extérieurs et d’un noir et blanc lumineux et tout en contraste magnifient la mise en scène. Ce film regorge de portraits d’acteurs qui pourraient tapisser les murs d’une expo photo ; un gage de qualité des très bons films de cette époque.

Un film à voir ; 80 ans après, le rythme et l’universalité de l’histoire lui permettent de ne pas souffrir des affres du temps.

Sorti en 1941

Ma note: 16/20