[CRITIQUE] : Los Reyes del mundo

[CRITIQUE] : Los Reyes del mundo

Réalisatrice : Laura Mora

Avec : Carlos Andrés Castañeda, Brahian Estiven Acevedo, Davison Florez,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Drame, Aventure.
Nationalité : Colombien, Luxembourgeois, Mexicain, Français, Norvégien.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Le jeune Rá vit avec ses amis Culebro, Sere, Winny et Nano dans les rues de Medellin. Leur espoir renaît lorsque le gouvernement promet à Rá le droit d’acquérir un terrain duquel sa famille avait été chassée, comme des milliers d’autres Colombiens, par les paramilitaires. La bande de copains se met donc sur la route périlleuse qui mène dans l’arrière-pays. Un voyage palpitant entre aventure et délire commence.

Critique :

À la fois ode énergique à l'amitié et à la fraternité, récit initiatique aux doux accents vintage (coucou #StandByMe) et pur drame social dans une Colombie bouffée par la violence, #LosReyesdelmundo incarne une fantastique fable désenchantée sur une jeunesse qui l'est tout autant pic.twitter.com/zAyOuC53Gv

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 30, 2023

Le cinema sud-américain va très bien, merci pour lui, et on ne peut que se réjouir de le voir occuper aussi massivement nos salles obscures, d'autant plus à une heure où une belle horde de jeunes cinéastes chiliens, colombiens où même argentins, viennent pointer le bout de leur nez.
À l'instar de ses compatriotes masculins Fabián Hernández et Andrés Ramirez Pulido, dont les efforts - respectivement Un Varón et L'Eden - ont atteint nos salles obscures un peu plus tôt ce mois-ci, Laura Mora s'attache elle aussi avec Los Reyes del mundo (tout comme pour son autobiographoque Matar a Jesus), à scruter les affres de la violence qui gangrène sa nation, au travers de figures adolescentes masculines qui y sont non seulement directement confrontés, mais qui en font un usage presque obligatoire pour accentuer leur difficile passage à l'âge adulte et affirmer pleinement leur virilité - essentiel pour " être " un homme dans une société aussi patriarcale.

[CRITIQUE] : Los Reyes del mundo

Copyright Rezo Films


Plein de dureté et de tendresse, le film se fait une fable désenchantée sur une jeunesse qui l'est tout autant, un road movie vissée sur une bande d'ados rebelles qui errent dans une Medellin crasseuse et hostile en quête de liberté et d'un avenir meilleur, des chevaux sauvages qui ne rêvent que de liberté et d'indépendance dans une société oppressive.
Presque à la croisée des chemins entre Stand By Me et les premiers efforts d'Iñárritu (voire même un vrai esprit libertaire tout droit sortie du cinéma ricain de la fin des 60s, début 70s) qui se dégage dans l'odyssée magnifiquement tragique et anarchique de Rá et sa bande de potes inséparables (tous des comédiens amateurs superbement dirigés), des marginaux/gosses de la rue et orphelins qui voient une opportunité de quitter leur quotidien baigné dans la violence, alors que le gouvernement - tout aussi violent - s'engage à restituer au premier des terres dont sa famille a jadis été chassées.
S'engage alors un voyage au coeur du folklore d'une nation et d'un héritage qu'ils (ré)apprennent à connaître, à la fois beau (la communion avec la nature) et dur (une humanité tout aussi dévastatrice qu'en terres urbaines, gangrenée par le racisme, l'esclavage,...), dont l'exaltation remettra encore plus en cause l'existence, littéralement à fleur de peau, et la perception qu'ont ses jeunes protagonistes insouciants de la réalité contemporaine.

[CRITIQUE] : Los Reyes del mundo

Copyright Rezo Films


Réaliste tout en étant parsemé de quelques saillies surréalistes/oniriques salvatrices, à la fois ode énergique à l'amitié et à la fraternité (même dans l'adversité la plus totale), pur récit initiatique et incursion profondément vintage et poétique au sein d'un cinéma social latino-américain où la frontière entre passé et présent est définitivement plus poreuse qu'on ne le pense; Los Reyes del mundo subjugue par sa pluralité autant que par sa justesse et sa mélancolie.
Une put*** de belle découverte, rien de moins.
Jonathan Chevrier[CRITIQUE] : Los Reyes del mundo