Le Boss (1973) de Fernando Di Leo

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après "Milan Calibre 9" (1972) et "L'Empire du Crime" (1972) qui ont connu un gros succès national le réalisateur enchaîne les tournages avec la même équipe technique et une partie du casting mais cette fois il change de matériau de base et adapte le roman "Mafioso" (1970) de Peter McCurtin et assume aussi seul l'écriture du scénario comme sur "Milan Calibre 9". Ce nouveau film clôt donc sa trilogie poliziottesco dite "The Italian Connection". Après un ancien taulard qui est soupçonné par le Parrain de s'être gardé un butin, après deux tueurs américains venus s'occuper de celui que tout accuse sur la disparition d'une cargaison, voici donc un homme demain plus ambitieux que l'imagine ses employeurs... Homme de main de Don Daniello, lui-même lieutenant du Parrain Don Corrasco, Nick Lanzetta profite d'une réunion de la famille rivale Don Attardi pour faire un carnage. Mais l'héritier fait enlever la fille de Don Daniello en échange de sa propre vie. Finalement, il est décidé de proposer une rançon assez importante que l'héritier du clan ne pourra refuser mais entre temps Don Corrasco charge Lanzetta de lancer une guerre des gangs...

Lanzetta est incarné par Henry Silva qui retrouve donc le même univers que dans "L'Empire du Crime" (1972) à l'instar de son partenaire Andrea Scotti vu dans "La Reine des Barbares" (1960) de Sergio Grieco, "Don Camillo Monseigneur" (1961) de Carmine Gallone ou "Journée Noire pour un Bélier" (1971) de Luigi Bazzoni. Henry Silva habitué aux rôles de gangster retrouve aussi un acteur avec qui il partage d'avoir tourné avec Frank Sinatra, dans "Un Crime dans la Tête" (1962) de John Frankenheimer et surtout dans "L'Inconnu de Las Vegas" (1960) de Lewis Milestone après lequel il retrouve donc Richard Conte qui retrouve Sinatra ensuite dans "Tony Rome est Dangereux" (1967) et "La Femme au Ciment" (1968) tous deux de Gordon Douglas, avant de jouer un mafieux dans "Le Parrain" (1972) de Francis Ford Coppola avant de le devenir ici comme chef de Silva. La fille enlevée est interprétée par la très belle Antonia Santilli qui connaîtra une carrière courte d'une douzaine de films quatre dont "Meurtre par Interim" (1971) de Umberto Lenzi, "Merci, Mesdames les P..." (1972) de Renato Savino, "Moi et Lui" (1973) de Luciano Salce ou "Les Incroyables Aventures d'Italiens en Russie" (1974) de Eldar Riazanov et Francesco Prosperi. Citons ensuite Howard Ross vu dans "Maciste contre les Mongols" (1963) de Domenico Paolella, "Les Chiens Verts du Désert" (1967) de Umberto Lenzi, "L'Île de l'Épouvante" (1970) de Maria Bava, retrouvant aussi après "Les Amours de Lady Hamilton" (1968) de Christian-Jaque son partenaire Mario Pisu vu entre autre dans "Les Camaradse" (1963) de Mario Monicelli, "Le Gendarme à New-York" (1965) de Jean Girault et "Juliette des Esprits" (1965) de Federico Fellini, retrouvant après "Moi, Moi, Moi et les Autres" (1966) de Alessandro Blasetti l'acteur Vittorio Caprioli vu dans "Zazie dans le Métro" (1960) de Louis Malle, "Tout va Bien" (1971) de Jean-Luc Godard et "Le Magnifique" (1973) de Philippe De Broca, Mario Pisu retrouev aussi après "Hannibal" (1959) de Carlo Ludovico Bragaglia et Edgar G. Ulmer son partenaire Andrea Aureli vu notamment dans "Ringo au Pistolet d'Or" (1966) de Sergio Corbucci et "La Longue Nuit de l'Exorcisme" (1972) de Lucio Fulci. Citons encore Gianni Musy vu dans "Meurtre à l'Italienne" (1959) de Pietro Germi, "Des Pissenlits par la Racine" (1964) de Georges Lautner ou "L'Homme qui Rit" (1966) de Sergio Corbucci, Gianni Garko vu dans "Kapo" (1959) de Gillo Pontecorvo, "Roses Rouges pour le Führer" (1968) de Fernando Di Leo ou "Sartana" (1968) de Gianfranco Parolini, Marino Masè remarqué en quelques mois grâce à "Les Carabiniers" (1963) de Jean-Luc Godard, "Le Guépard" (1963) de Luchino Visconti et "Les Monstres" (1963) de  Dino Risi, puis enfin Pier Paolo Capponi vu dans "Le Roi de Coeur" (1966) de Philippe De Broca, "Le Chat à Neuf Queues" (1971) de Dario Argento et "Le Tueur à l'Orchidée" (1972) de Umberto Lenzi...

Le film démarre encore plus fort que les deux précédents films avec une attaque à l'arme lourde assez unique et qui donne le ton : c'est la guerre inévitablement. Ce film se démarque un peu, d'abord logiquement le matériau de base n'est clairement pas le même. Cette fois le récit est plus balisé, le fil conducteur va plus directement de A à Z. Maison reconnaît le style Di Leo avec une caméra toujours en mouvement, film comme si tout était dans l'urgence on perçoit comme un ultimatum quais constant ce qui est cette fois complètement raccord si on pense à la survie de l'otage. Une otage qui est un bien bel atout charme, mais qui reste un personnage dont on a bien du mal à croire dans toute son ambiguïté (syndrôme de Stokholm ?! Relation réelle avec son père ?!) au point qu'elle est peut-être même trop sous-exploitée, ce qui est dommage avec le quasi unique personnage féminin. Cette fois le réalisateur semble vouloir terminer en apothéose dans le propos de fond, à savoir, tous pourris ! Après deux films où un des leurs devient une cible du patron, cette fois c'est une guerre de pouvoir entre deux familles rivales au milieu de laquelle un homme de mai va tenter de sortir son épingle du jeu. La violence est toujours aussi abrupte et sans pitié avec une atmosphère pesante où tout peut se passer. Ce film clôt à merveille cette trilogie particulièrement cohérente sur le fond et la forme même si on aurait aimé un fil conducteur qui relierait plus directement les trois films. Du bon cinoche.

Note :                 

12/20