Emily (2023) de Frances O'Connor

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Premier long métrage de Frances O'Connor, d'abord connue comme actrice notamment dans les films "A.I. Intelligence Artificielle" (2001) de Steven Spielberg, "L'Importance d'Être Constant" (2002) de Oliver Parker ou "Conjuring 2 : le Cas Enfield" (2016) de James Wan. Pour son premier projet la cinéaste a choisi une biographie romancée sur la romancière Emily Brontë (Tout savoir ICI !) connue pour avoir écrit le sublime roman "Les Hauts de Hurlevent" (1847). A savoir que la cinéaste imagine ses jeunes années qui l'auraient amené à écrire son chef d'oeuvre, une possibilité sur le fait qu'on sache relativement peu de chose sur l'autrice morte très jeune. Un énième biopic, même si les films les plus connus abordent souvent la sororité avec Charlotte et Anne comme "La Vie Passionnée des Soeurs Brontë" (1946) de Curtis Bernhardt ou "Les Soeurs Brontë" (1979) de André Téchiné... Début du 19ème siècle, Emily est une jeune femme a une enfance confortable et libre qui va la mener vers l'écriture, comme ses soeurs. Le film imagine le parcours initiatique qui va mener cette jeune femme de bonne famille à écrire l'un des plus beaux romans de l'histoire...

Emily Brontë est incarnée par Emma Mackey vue dans "Eiffel" (2021) de Martin Bourboulon et "Mort sur le Nil" (2022) de Kenneth Branagh. Sa soeur Charlotte est interprétée par Alexandra Dowling aperçue dans "Hammer of the Gods" (2013) de Farren Blackburn et remarquée dans "The Musketeers" (2014-2016), la soeur Anne est jouée par Amelia Gething vue dans "The Spanish Princess" (2020), tandis que le frère Branwell est joué par Fionn Whitehead vu entre autre dans "Dunkerque" (2017) de Christopher Nolan, "The Picture of Dorian Gray" (2021) de Tamara Harvey ou "The Duke" (2022) de Roger Michell. Citons Oliver Jackson-Cohen vu dans "L'Ombre du Mal" (2012) de James McTeigue et "Invisible Man" (2020) de Leigh Whannell, Adrian Dunbar vu dans "My Left Foot" (1989) de Jim Sheridan, "Le Général" (1998) de John Boorman ou "Le Bonhomme de Neige" (2017) de Tomas Alfredson, Gemma Jones vu entre autre dans "Raison et Sentiments" (1995) de Ang Lee, "L'Honneur des Winslow" (1999) de David Mamet, "Rocketman" (2019) de Dexter Fletcher ou "Ammonite" (2020) de Francis Lee... Si il s'agit d'une fiction, le fait est qu'il s'agit tout de même d'une biographie et que vu le statut historique du personnage le plus important est de rester fidèle à ce que l'on sait, libre ensuite à la cinéaste d'imaginer le reste. D'emblée, on peut regretter quelques omissions, comme le fait que la fratrie s'est mise à écrire et à imaginer des histoires dès 1827 grâce à des soldats de bois offert au frère Branwell, que Emily était surtout proche de Anne, et surtout que les trois soeurs ont publié sous pseudo masculin un recueil de poésie en 1846. Mais on notera surtout une erreur à la fin, les trois soeurs publient leur premier roman respectif en 1847, que c'est Charlotte qui aura le plus grand succès, et que le frère meurt donc après la sortie des livres. 

Ainsi il est dommage que Anne soit si effacée et que la chronologie de la fin soit si réécrite. Et pourtant, le reste est impeccablement mis en place, de son cloisonnement dans la demeure familiale, son piano, son côté sauvageonne, l'importance même néfaste du frère, tandis que l'importance de la religion (dans l'éducation mais aussi dans sa réflexion) et des convenances sont parfaitement intégrés au récit et dans une reconstitution soignée de l'époque. On pense un peu à "Bright Star" (2010) de Jane Campion dans le style te le genre. L'atmosphère anglicane, le romantisme ambiant est à l'image de l'autrice rebelle et farouche, mais qui se cherche encore. Les éléments imaginés restent souvent cohérents avec ce que l'on sait, vraisemblable de toute façon comme l'opium, les jeux avec son frère, les relations avec les hommes, moins avec ses soeurs Charlotte étant sans doute trop mise en conflit et Anne trop sous-exploitée. Néanmoins, plusieurs passages restent inspirés comme la scène marquante du masque, l'appel à la liberté de pensée, ou l'étreinte fraternelle dans les draps blancs. Frances O'Connor signe un vrai-faux biopic plein de grâce et d'onirisme tout en restant réaliste. Malgré les maladresses ça reste un joli film, un bel hommage.

Note :      

14/20