Le Sixième Enfant (2022) de Leopold Legrand

Premier long métrage de Leopold Legrand après les courts métrages "Les Yeux Fermés" (2017) et "Mort aux Codes" (2018), en poursuivant tout de même sur des thèmes déjà abordés comme la filiation, la maternité et l'abandon. Pour son nouveau film, il adapte le roman "Pleurer des Rivières" (2018) de Alain Jaspard ; ce dernier était auparavant lui-même cinéaste ayant débuté comme assistant entre autre sur "Les Vieux de la Vieille" (1960) de Gilles Grangier ou "Le Président" (1961) de Henri Verneuil, avant de signer ses propres films dont "La Frisée aux Lardons" (1978) avec Bernadette Lafont et Michel Aumont. Le roman touche logiquement Leopold Legrand qui est un enfant adopté : "Cette femme est devenue ma deuxième mère. J'ai donc grandi avec une double figure maternelle. L'histoire de ces deux femmes réunies autour d'un seule et même enfant m'a donc intrigué. En refermant le roman, j'étais très ému par les trajectoires de Meriem et Anna." Pour son histoire la réalisatrice-scénariste a rencontré des gens du voyage au pèlerinage des Saintes-Maries de la Mer, surtout et notamment avec Nathalie Meyer une femme yéniche, une rencontre enrichissante au point que son nom a été donné au couple du film. Leopold Legrand co-signe le scénario avec Catherine Paillé auquel on doit "Tonnerre" (2013) de Guillaume Brac, "Les Ogres" (2016) de Léa Fehner et "Shéhérazade" (2018) de Jean-Bernard Marlin... 

Le Sixième Enfant (2022) de Leopold Legrand

Gens du voyage, Franck et Merien ont déjà cinq enfants. Franck est ferrailleur et la famille ne roule pas sur l'or mais quand Meriem tombe une nouvelle fois enceinte ce n'est plus possible mais ils leur vient une idée. Les futurs parents connaissent un avocat dont le couple ne peut avoir d'enfant, ils leur proposent alors d'acheter leur bébé... Le couple de l'avocat est interprété par Sara Giraudeau vue récemment dans "Adieu Monsieur Haffmann" (2022) de Fred Cavayé et "La Page Blanche" (2022) de Murielle Magellan, puis retrouve après "Le Discours" (2020) de Laurent Tirard son partenaire Benjamin Laverhne qui, de son côté retrouve les acteurs jouant le couple des gens du voyage, Judith Chemla après "Le Sens de la Fête" (2017) du duo Toldenao-Nakache et "Les Choses Humaines" (2021) de et avec Yvan Attal, puis Damien Bonnard après "Curiosa" (2019) de Lou Jeunet et "The French Dispatch" (2021) de Wes Anderson. Citons autour d'eux Marie-Christine Orry vue récemment dans "Kaamelott : Premier Volet" (2021) de et avec Alexandre Astier et "Incroyable mais Vrai" (2022) de Quentin Dupieux, Olivier Rabourdin vu dans "Benedetta" (2021) de Paul Verhoeven, "Boîte Noire" (2021) de Yann Gozlan et "L'Amour c'est Mieux que la Vie" (2021) de Claude Lelouch, puis enfin Naidra Ayadi vue dernièrement dans "Mon Légionnaire" (2021) de Rachel Lang, "Stillwater" (2021) de Thomas McCarthy et "Les Promesses" (2021) de Thomas Kruithof... Le sujet est difficile et polémique à bien des égards, et finalement assez rarement traité sur grand écran. Passons sur le début (un avocat emmène son épouse chez un client lambda pour boire un coup ?!) dont l'entrée en matière aussi peu inspirée qu'improbable. Ce qui importe est le cheminement qui peut amener des parents à se rencontrer, à réfléchir à leurs différentes options et à choisir celle qui est forcément pas idéale. D'abord on se pose la question sur le fait d'avoir choisit un couple d'avocats alors qu'ils sont justement à même de connaître et savoir que c'est à priori peine perdue ?!

Le Sixième Enfant (2022) de Leopold Legrand

Mais on finit pas acquiescer, en effet l'envie d'enfant est sans doute plus fort que tout, et en cela la performance des acteurs est essentiels. Idem, les gens du voyage ne peuvent plus subvenir à un 6èm enfant, ok mais quand il y en a pour 7 il y en a pour 8, on pense aussi aux aides sociales, à la solidarité de leur communauté... etc... Et surtout si c'est vraiment assez impossible pour penser le vendre comment cela se fait qu'au final ça s'arrange ?! Là aussi, toute la crédibilité repose sur le jeu des acteurs. En effet, les quatre acteurs offrent une performance merveilleuse, avec des situations aussi invraisemblables ils font passer la pilule doucement mais sûrement en passant les émotions qui nous touchent forcément avec un tel sujet. Un sujet qui touche aussi du doigt la problématique aussi complexe qu'inhumain de l'adoption, de la PMA et autres processus du système. Mais force est de constater que le scénario prend trop d'aise sur la mise en place du plan... ATTENTION SPOILERS !... Comment faire croire que personne durant toute la durée de la grossesse ne se pose des questions avec la Carte Vitale ?! Comment croire qu'une sage-femme ne voit pas que madame a déjà eu plusieurs accouchements ?! Comment penser que la grand-mère ne voit rien venir alors qu'ils vivent les uns avec les autres les uns sur les autres, sans compter un fils qui lui comprend au contraire trop facilement ?!... FIN SPOILERS !... En fait, le soucis du film est que Leopold Legrand choisit un thème ambitieux mais qu'il manque de l'audace nécessaire ensuite, comme si il avait eu peur de la polémique et/ou de son point de vue. Dommage, finalement son film reste dans une marge de sécurité morale qui ne rend pas hommage à ces femmes et encore moins à ces hommes. Heureusement, quelques séquences ne manquent pas de grâce (complicité entre les femmes, accouchement...) et surtout quatre acteurs exceptionnels en prime. Note indulgente. 

Note :      

Sixième Enfant (2022) Leopold LegrandSixième Enfant (2022) Leopold Legrand

12/20