Women Talking (2023) de Sarah Polley

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Nouveau film en tant que réalisatrice pour Sarah Polley après "Loin d'Elle" (2007), "Take this Waltz" (2010) et "Les Histoires qu'on Raconte" (2012) dans lequel elle jouait et qui reste sa dernière apparition devant la caméra pour celle qui fut révélée par les films "Exotica" (1994) et "De Beaux Lendemains" (1997) tous deux de Atom Egoyan. Pour ce nouveau projet la cinéaste se penche une nouvelle fois sur une thématique féminine et féministe en adaptant le livre éponyme en V.F. "Ce qu'elles Disent" (2018) de Miriam Toews, élu meilleur livre de l'année par le New-York Times, un livre qui s'inspire très largement de l'affaire des Abus sexuels dans la communauté ménnonite de Manitoba en Bolivie (Tout savoir ICI !)...

Dans une communauté religieuse isolée et rigoriste, les femmes ont subi des viols répétés après avoir été le plus souvent empoisonnées. Les hommes ont été arrêtés, la plupart des autres hommes de la communauté sont allés en ville pour tenter de payer une caution libératoire. Dans l'attente, les femmes se réunissent pour décider si elles doivent partir, rester et se battre ou pardonner selon leur foi. Un seul homme se joint à eux, instituteur afin qu'il rédige le procès-verbal de leur réunion. Elles doivent se décider avant le retour des hommes... La matriarche est interprétée par Judith Ivey remarquée particulièrement sur une courte période avec les films "Washington Square" (1997) de Agnieszka Holland, "L'Associé du Diable" (1997) de Taylor Hackford et "Une Vie moins Ordinaire" (1997) de Danny Boyle. Les autres femmes et certaines victimes sont incarnées par Rooney Mara vu récemment dans "Nightmare Allay" (2022) de Guillermo Del Toro, puis ayant jouée dans "Millenium" (2012) de David Fincher et "Effets Secondaires" (2013) de Steven Soderbergh ce qui lui donne un double point commun avec sa partenaire Claire Foy révélée dans "Paranoïa" (2018) de Soderbergh et vue dans "Millénium : ce qui ne me tue pas" (2018) de Fede Alvarez. Citons ensuite Jessie Buckley vue notamment dans "Wild Rose" (2019) de Tom Harper, "Judy" (2019) de Rupert Goold ou "Men" (2022) de Alex Garland, Frances McDormand vue dans "Nomadland" (2020) de Chloé Zhao, "The French Dispatch" (2021) de Wes Anderson et "Macbeth" (2022) de Joel Coen, Sheila McCarthy vue dans "58 Minutes pour Vivre" (1990) de Renny Harlin, "Le Jour d'Après" (2004) de Roland Emmerich ou "Antiviral" (2012) de Brandon Cronenberg, puis enfin, n'oublions pas l'instituteur joué par Ben Wishaw dont on peut citer "Le Parfum" (2006) de Tom Tykwer, "I'm Not There" (2007) de Todd Haynes et "Bright Star" (2009) de Jane Campion... Le film débute alors que les agressions ont déjà eu lieu, que les violeurs ont déjà été arrêté, que les hommes ont déjà quitté la communauté par solidarité avec les leurs. Ainsi on est mis devant le fait accompli que les femmes sont toutes des victimes meurtries et fragilisées ; on ne saura pourtant rien sur qui exactement, quoi et ou comment, depuis combien de temps.

L'histoire du film débute donc avec la réunion, où les femmes débattent afin de savoir ce qu'elles doivent faire, toutes ensembles forcément il ne peut en être autrement. Le film est donc un huis clos dans une grange où les femmes débattent alors que les blessures physiques et morales sont encore vivaces. Le concept s'avère malheureusement bien laborieux. Trop théâtral, trop pompeux, très et trop bavard sur des évidences qui tournent autour de 2-3 choses (la foi dit pardonner, mais survivre est une nécessité), et cette idylle comme un passage obligé. Les actrices sont merveilleuses, incarnent chacune une portrait de femmes mais peu approfondies car les débats sont peu étoffés, entrecoupés d'infos sur leur vie de famille ou leur passé intime. L'émotion est palpable mais reste trop en surface car reposant trop sur du blabla, tandis que seule la fin laisse vraiment le sort de ses femmes nous émouvoir. Le sujet est grave, l'histoire terrifiante et déchirante mais c'est trop bavard, la démonstration presque trop scolaire pour nous plonger vraiment dans cette communauté presque anachronique. Seuls quelques instants font qu'on garde un léger intérêt mais sur un long métrage ça reste ennuyeux et ennuyant sur l'ensemble.

Note :                 

09/20