Kalifornia

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à BQHL Éditions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Kalifornia » de Dominic Sena.

« Je crois que le Seigneur aussi il va te maltraiter quand tu vas te présenter devant lui »

Brian et Carrie, deux étudiants passionnés, préparent un ouvrage sur les tueurs en série et partent à la recherche des lieux des crimes les plus sanglants. Pendant leur périple, ils font la connaissance de Early et de sa petite amie Adele. Rapidement, la véritable nature d’Early émerge, violente et brutale. Brian et Carrie, terrifiés, se trouvent alors au cœur même de leur sujet…

« Le karma c’est quand vous faites quelque chose de mal à quelqu’un et qu’un autre vous le fait payer »

D’abord chef opérateur, la carrière de Dominic Sena s’accélère au milieu des années 80 lorsqu’il participe à l’aventure de Propaganda Films (dont il est co-créateur au même titre notamment que David Fincher), société qui se spécialise dans production de clips musicaux et publicitaires et qui lance la carrière de nombreux jeunes réalisateurs (comme Antoine Fuqua, Michel Gondry ou Michael Bay) dont il fait partie. Remarqué pour les clips qu’il réalise pour Janet Jackson, Sting ou Brian Adams, il finit par sauter le pas et réalise en 1993 sous la bannière de Propaganda Films un premier long-métrage de fiction, « Kalifornia », basé sur un scénario écrit notamment par Tim Metcalfe sur lequel Propaganda avait mis une option plusieurs mois plus tôt. Mais le développement du film sera marqué par de nombreux désaccords entre le scénariste et le cinéaste, qui fera finalement réécrire de nombreuses fois le scénario, jusqu’à le dénaturer en partie de sa tonalité originelle. Ce qui se traduira au final par un échec critique et commercial qui marquera durablement le jeune réalisateur. Ce dernier mettra d’ailleurs sept ans à revenir au cinéma où il signera coup sur coup deux succès commerciaux avec « 60 secondes chrono » (2000) et « Opération espadon » (2001). Et mettra encore près de dix ans avant de revenir le temps de deux films assez décevants, « Without » (2009) et « Le dernier des templiers » (2011), qui reste à ce jour son dernier film en date.

« Quand un type se donne tant de mal pour bissecter un autre type, c’est qu’il prend son pied. Et qu’il recommencera encore et encore tant qu’il n’y aura personne pour l’arrêter. »

« Kalifornia » était ainsi, au départ, construit autour d’une ironie du sort plutôt simple : un auteur qui se veut expert en tueurs en série et qui sillonne l’Amérique à la recherche des scènes de crime les plus célèbres se retrouve à prendre en stop sans (sa)voir l’un des pires spécimens de sociopathe qui soit. Mais malheureusement, le scénario – réécrit de nombreuses fois – opte pour une forme de facilité en renonçant d’entrée à maintenir une forme de suspense quant à la nature profonde du personnage d’Early et en préférant tout miser sur une représentation très explicite de la violence, transformant de fait ce qui avait été pensé au départ comme un thriller psychologique en un film hybride mêlant différents genre du cinéma bis, tels que la hixploitation (littéralement films de rednecks) ou le slasher. Et de fait, beaucoup de choses sonnent un peu faux dans ce film, à commencer par l’étrange relation qui se noue entre les deux protagonistes masculins, teintée de fascination pour l’un et de volonté de domination pour l’autre. Quant au personnage plus spécifique du tueur en série, il se retrouve construit sans nuances (quelque part entre l’idiot du village et la bête), basculant rapidement dans une folie meurtrière prétexte à toutes sortes d’effusion de sang. Jusqu’à un final assez grandguignolesque. Dans ce chaos, seuls les deux personnages féminins sonnent juste et apportent un peu d’intérêt à l’ensemble. D’autant que les performances de Juliette Lewis et de Michelle Forbes sont très convaincantes. Avec son apparence crasseuse et débraillée, Brad Pitt trouve là un rôle étonnant, loin des personnages de bellâtres qui deviendront rapidement sa marque de fabrique. Pour autant, force est de constater qu’il en fait des caisses tout du long, face à un David Duchovny assez insignifiant. Pur exercice de style pour un jeune cinéaste cherchant avant tout à impressionner et à choquer son auditoire, « Kalifornia » passe un peu à côté de son sujet pour n’être au final qu’un simple film de tueur en série assez glauque, violent et tout au mieux inconfortable. Dans le genre, il n’égale pas certains de ses illustres modèles tels que « La nuit du chasseur », « La ballade sauvage » ou « Les tueurs de la lune de miel », bien plus subversifs. Quant à Brad Pitt, il retrouvera deux ans plus tard l’univers de la folie meurtrière avec l’iconique « Seven » de David Fincher qui fera de lui une star.

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Le DVD : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (5.1) ainsi qu’en version française (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une interview du réalisateur Dominic Sena (24 min.), d’une présentation du film par le journaliste Stéphane Moïssakis (23 min.) ainsi que d’une Bande-annonce.

Édité par BQHL Éditions, « Kalifornia » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 27 avril 2022.

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