Quand siffle la dernière balle

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Quand siffle la dernière balle » d’Henry Hathaway.

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« Je ne ferai de mal à personne, à une exception près ! »

Un homme, Clay Lomax, sort de prison après avoir purgé une peine de 8 ans et veut se venger de Sam Foley, un complice qui l’a trahi. Mais au passage, il lui échoit la petite fille de 7 ans de la femme qu’il avait aimé avant son incarcération et qui est morte entre temps. Donc il lui reste à poursuivre son objectif, avec une petite fille dans les pattes, et une bande de tueurs à ses trousses engagés par le fameux traitre.

« Confier un enfant à un représentant de la loi ? J’ai fait des choses affreuses dans ma vie. Mais jamais rien d’aussi terrible ! »

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On ne peut pas être et avoir été. Et s’il fut sans nulle doute une figure majeure de l’âge d’or des studios hollywoodiens depuis les années 30, en ce début des années 70, Henry Hathaway est un cinéaste sur le déclin, plus trop en phase ni avec les goûts du public ni avec la politique des studios. Pourtant, il aura repoussé l’échéance le plus longtemps possible, en signant encore quelques bons westerns au cours des sixties, notamment « Les quatre fils de Katie Elder » (1965) et « Nevada Smith » (1966). Mieux encore, il renoue avec le succès avec son film « Cent dollars pour un shérif » (1969) qui vaut au grand John Wayne d’obtenir le seul Oscar de sa carrière. Mais l’illusion est de courte durée et son film suivant, le modeste « Cinquième commando » (1971), petite aventure militaire de série b, se révèle être un parfait ratage. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais sollicité par l’acteur Gregory Peck qui espère pouvoir rééditer le succès de « Cent dollars pour un shérif » en s’appuyant sur le même réalisateur et le même producteur, Henry Hathaway accepte de le diriger dans un nouveau projet. Ce sera « Quand siffle la dernière balle » (1971), western au budget limité qui sera un échec au box-office. Et qui marquera quasiment la fin de la carrière du cinéaste, qui passera une ultime fois derrière la caméra trois ans plus tard pour « Hangup », film de blaxploitation fauché et passé aux oubliettes.

« Le tuer serait trop simple. Je veux le voir souffrir ce type ! »

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Adaptation du roman « The lone cowboy » de Will James, « Quand siffle la dernière balle » reprend peu ou prou les mêmes éléments que ceux qui avaient fait le succès de « Cent dollars pour un shérif ». A savoir l’association improbable entre un cowboy vieillissant au passé trouble et une innocente mais capricieuse fillette, lancés sur les routes de l’ouest avec à leurs trousses un trio de jeunes pistoleros aussi bêtes que retors. Mais force est de constater que la recette fonctionne moins bien. Et ce pour une raison assez simple qui réside dans l’absence d’un enjeu dramatique réel et clairement identifiable. En effet, s’il y a bien là encore une histoire de vengeance, le principal antagoniste n’apparait finalement que trop peu à l’écran, laissant la place à sa horde de sbires qui manquent cruellement de de charisme et de relief. Surtout, il manque (cruellement) au film ce second degré qui tenait beaucoup au personnage un peu décalé, tonitruant et finalement débonnaire de Rooster Cockburn qui conférait à « Cent dollars pour un shérif » sa tonalité si particulière et attachante. Pour tenter d’insuffler un peu de tension à son récit, le cinéaste instille ça et là quelques scènes d’action plus ou moins efficaces, comme ce concours de tir façon Guillaume Tell sur la tête de la petite fille, qui rappelle de loin celle du petit garçon dans « L’attaque de la malle-poste » qu’il dirigeait vingt ans plus tôt. Insuffisant néanmoins pour électriser ce western pas désagréable mais néanmoins un peu plat. Clairement, après une telle carrière, Henry Hathaway méritait sans doute de quitter le devant de la scène sur une note plus marquante. Frustrant.

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Le DVD : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition et présenté en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées par Patrick Brion et Jean-François Giré.

Édité par Sidonis Calysta, « Quand siffle la dernière balle » est disponible dans la collection Silver en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD depuis le 16 février 2023.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.