Milan Calibre 9 (1972) de Fernando Di Leo

Par Seleniecinema @SelenieCinema

D'abord connu comme scénariste notamment et surtout pour les westerns spaghetti dont les monuments "Pour une Poignée de Dollars" (1964) et "Et pour Quelques Dollars de Plus" (1965) tous deux de Sergio Leone. Logiquement il est passé à la réalisation avec entre autre "Roses Rouges pour le Führer" (1968) et le giallo "La Clinique Sanglante" (1971). Il décide d'adapter le roman éponyme (1969) de Giorgio Scerbanenco pour un polar à l'italienne, intitulé alors Poliziottesco ou néo-polar italien voir même polar-spaghetti qui colle parfaitement au genre reprenant les codes en milieu urbain, un genre spécifique qui va en gros de la fin des années 60 au début des années 80. Fernando Di Leo en est le réalisateur-scénariste qui va en faire le premier opus d'une trilogie connue désormais sous le nom de la Trilogie du Milieu, qui sera ensuite composé des suites "L'Empire du Crime" (1972) et "Le Boss" (1973). Néanmoins, notons qu'il ne s'agit pas d'une trilogie dont les films se suivent vraiment dans la narration, mais plutôt d'une trilogie "thématique"... Après avoir purgé sa peine de 4 ans de prison, libérée précocement pour bonne conduite, Ugo Piazza est attendu par un ancien complice, le baron du crime régnant sur la région, voulant retrouver le butin de 300000 dollars disparus avant que Piazza soit condamné, ce dernier étant à l'évidence celui qui a voulu se la jouer solo. L'Américain, le patron, décide contre toute attente de réengager Piazza afin de l'avoir à l'oeil, tandis que Piazza réfute l'accusation et affirme vouloir retrouver le vrai coupable... 

Le personnage principal est incarné par Gastone Moschin vu dans "Le Conformiste" (1970) de Bernardo Bertolucci et "Scandale à Rome" (1971) de Carlo Lizzani, qui sera dans une autre facette de la Mafia dans "Le Parrain 2" (1974) de Francis Ford Coppola, puis retrouve et retrouvera avec "Le Spécialiste" (1969) de Sergio Corbucci et "Le Lion du Désert" (1981) de Moustapha Akkad son partenaire Mario Adorf à une carrière aussi prolifique qu'éclectique de "Les Mutins du Yorik" (1959) de Georg Tressler à "Le Tambour" (1979) de Günther Grass en passant par "Le Joueur d'Echecs" (1960) de Gerd Oswald, "Major Dundee" (1965) de Sam Peckinpah, il retrouvera le réalisateur pour la suite "L'Empire du Crime" (1972) et retrouvera dans "Les Aventures de Pinocchio" (1972) de Luigi Comencini son partenaire Lionel Stander acteur à la carrière atypique et hétérogène de "L'Extravagant Mr. Deeds" (1936) de Frank Capra à la série TV culte "Pour l'Amour du Risque" (1979-1984) en passant par "Les Bourreaux meurent aussi" (1943) de Fritz lang et surtout "Il était une fois dans l'Ouest" (1968) de Sergio Leone retrouvant ainsi Frank Wolff vu dans "Le Démon dans la Chair" (1963) de Brunello Rondi et "Dieu Pardonne... Moi Pas !" (1967) de Giuseppe Colizzi, puis retrouve après le magnifique "le Grand Silence" (1968) de Sergio Corbucci l'acteur Luigi Pistilli vu dans la trilogie mythique de Sergio Leone, puis plus tard dans "La Baie Sanglante" (1971) de Mario Bava et "Cadavres Exquis" (1976) de Francesco Rosi, puis retrouve après le western spaghetti "Texas Adios" (1966) de Fredinando Baldi son partenaire Mario Novelli vu dans "La Nuit des Assassins" (1970) de Adriano Bolzoni ou "Le Désert des Tartares" (1976) de Valerio Zurlini, retrouve après "Un Homme, Un Cheval et un Pistolet" (1967) de Luigi Vanzi l'actrice Rossella Bergamonti vue dans "Surcouf, le Tigre des Sept Mers" (1966) de Sergio Bergonzelli et Roy Rowland et "Aujourd'hui ma Peau, Demain la Tienne" (1968) de Enzo G. Castellari. Puis Ivo Garrani vu dans "La Bataille de Marathon" (1959) de Jacques Tourneur, "Le Guépard" (1963) de Luchino Visconti et "Waterloo" (1970) de Serguei Bondartchouk, Barbara Bouchet vue du film collectif "Casino Royale" (1967), actrice de Giallo surtout qui tourne encore notamment vue dans le récent "Tolo Tolo" (2020) de Checco Zalone, puis enfin le français Philippe Leroy révélé dans "Le Trou" (1960) de Jacques Becker, et vu dans "Une Femme Mariée" (1964) de Jean-Luc Godard et plus tard dans "R.A.S." (1973) de Yves Boisset ou "Portier de Nuit" (1974) de Liliana Cavani... L'ouverture du film est aussitôt prenante, avec une caméra fluide multipliant les angles différents qui accentue l'urgence avec une musique mêlant classique et Morricone (mais signée Luis Bacalov autre spécialiste du Spaghetti), quand soudain on est un peu surpris par un court passage plus rock (partie signée du groupe Osanna) qui apparaît comme un choix maladroit qui se répétera un court instant vers la fin du film. Le prologue annonce la couleur, un thriller froid dont on ressent le côté anxiogène et violent.

Dans un premier temps on est un peu déçu (si c'est le terme !) quand le personnage principal, le héros, apparaît l'acteur Gastone Moschin étant trop fade, aux nuances inexistantes, trop monolithique, une erreur de casting car son magnétisme n'est pas suffisant pour un tel rôle, d'ailleurs la très grande majorité de sa carrière sera en second voir troisième rôle. Il se retrouve à se faire voler la vedette par les autres rôles principaux dont surtout le "méchant" Rocco/Adorf. L'intrigue prend petit à petit place et reste plutôt passionnante tant on attend que le coupable, voleur du butin, se découvre et c'est sur ce point que le film garde la tête haute avec un suspense savamment instauré jusqu'à un twist malin. Malheureusement, le film est truffé de séquences plus ou moins maladroites, comme de compter sur ses doigts de façon ostentatoire le nombre de sonneries de téléphone alors qu'il est seul, et donc sous-entend que le spectateur n'aurait pas pu comprendre avec un simple jeu d'acteur, comment comprendre que Piazza demande des infos sur l'Américain alors qu'il le connait aussi bien voir plus (?!), comment croire que Rocco puisse avoir peur de Chino alors que juste avant ce dernier dit qu'il n'est plus rien dans le milieu, et surtout qu'est-ce que c'est que cette scène finale avec Rocco complètement incohérente du point de vue émotionnelle... Bref des passages qui ne tiennent pas la route car dès qu'on quitte la ligne directrice du butin ça devient bancal. Ca ne gêne pas tout le monde puisque ce film serait "Le meilleur thriller italien de tous les temps" selon Quentin Tarantino (!), tandis que son pote Robert Rodriguez s'inspirera de la danse lascive de Barbara Bouchet pour cette de Rose McGowan dans "Planète Terreur" (2007). Peut-être pas, mais on aime effectivement l'atmosphère et surtout l'évolution du récit autour du butin, dommage que le reste soit bâclé. Ca reste un bon moment cinoche. Outre les deux suites "thématiquues" de la trilogie du réalisateur, une suite directe a été tournée, "Calibro 9" (2020) de Toni d'Angelo produite par le fils d'un des co-producteurs de l'époque avec une partie du casting original dont Barbara Bouchet.

Note :      

12/20