Vaincre ou Mourir (2023) de Vincent Mottez et Paul Mignot

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Voilà un film qu'on n'avait pas forcément vu venir, le premier long métrage produit par la société Puy du Fou Films créée en 2021 et filiale du Puy du Fou, parc de loisirs exceptionnel créé par l'homme politique Philippe De Villiers qualifié de "Parc de loisirs préféré des français en 2012, et élue notamment "Meilleur parc d'Europe 2013" entre autre multiples autres distinctions. Ce premier projet est tiré précisément spectacle "Le Dernier Panache" lui-même inspiré du héros des guerres vendéennes François Athanase Charette de La Contrie dit "Charette" (Tout savoir ICI !). Pour diriger ce film la production a choisi comme réalisateur deux débutants et inconnus à ce poste, Paul Mignot cameraman pour la télévision essentiellement et sur le film "Scorpion" (2007) de Julien Seri et remarqué pour son court métrage "All Blood Runs Red" (2019) sur le premier pilote de chasse de l'Histoire, puis Vincent Mottez réalisateur-scénariste de plusieurs émissions TV de "Secrets d'Histoire" (2017-2021). Ce dernier écrit le scénario, officiellement avec Nicolas de Villiers fils de et Président du Puy du Fou depuis 2004. Les auteurs ont reçu l'aide de nombreux historiens comme Reynald Secher, Nicolas Delahaye, Anne Bernet ou Jean-Clément Martin bien que ce dernier ait demandé le retrait de son nom lorsqu'il a compris (semble-t-il ?!) que le projet de docu-fiction avait évolué pour devenir un long métrage de cinéma. Le film est distribué par SAJE Distribution, spécialiste des oeuvres d'inspiration chrétienne comme "Cristeros" (2014) de Dean Wright, "La Résurrection du Christ" (2016) de Kevin Reynolds ou "Jésus l'Enquête" (2018) de Jon Gunn... 1793, alors que Charette ancien officier de la Marine Royale s'est retirée chez lui en Vendée, le peuple vendéen qui se révolte contre le pouvoir révolutionnaire fait appel à ses services pour qu'il prenne le commandement pour tenter d'en faire une armée digne de ce nom et de lutter contre la République de la Terreur et pour la sauvegarde de la Vendée...

Charette est incarné par Hugo Becker vu récemment dans "Paradise Beach" (2019) de Xavier Durringer, "Jusqu'ici Tout va Bien" (2019) de Mohamed Hamidi et "Le Dernier Voyage" (2021) de Romain Quirot. Il est entouré de Jean-Hugues Anglade vu dernièrement dans "Super-Héros Malgré Lui" (2021) de Philippe Lacheau et "Alors on Danse" (2021) de Michèle Laroque, Rod Paradot vu dans "La Tête Haute" (2015) de Emmanuelle Bercot, "Luna" (2018) de Elsa Diringer et retrouve après "Balle Perdue" (2020) de Guillaume Perret sa partenaire Anne Serra vue dans "Antigang" (2014) de Benjamin Rocher et "Balle Perdue 2" (2022) de Perret, Gilles Cohen vu dans "Comment je suis devenu Super-Héros" (2021) de Douglas Attal ou "OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire" (2021) de Nicolas Bedos, Grégory Fitoussi vu dans "Jamais le Premier Soir" (2014) de Mélissa Drigeard ou "L'Ecole est Finie" (2018) de Anne Depétrini, Francis Renaud acteur fétiche de Olivier Marchal de "Gansgter" (2001) à "Overdose" (2022), retrouvant après ce dernier l'acteur Olivier Barthélémy avec qui il était également dans "Aux Yeux de Tous" (2012) de Cédric Jimenez, Constance Gay aperçue dans "Chamboultout" (2019) de Eric Lavaine et "La Belle Époque" (2019) de Nicolas Bedos, puis enfin Damien Jouillerot vu chez Gérard Jugnot avec "Monsieur Batignole" (2001) et "Rose et Noir" (2009) et plus récemment dans "Grâce à Dieu" (2018) de François Ozon... L'oeuvre débute avec quelques phrases de quelques historiens (dont certains de mouvance extrême droite et/ou traditionnaliste catholique) qui impose donc une justification du projet, une recherche de légitimité ou de crédibilité ce qui est souvent et logiquement contre-productif. Ce prologue très émission documentaire télé est évidemment peu séduisant quand on vient en salles obscures. Le film est un produit 100% Puy du Fou, en cela reprend vraiment et en grande partie des caractéristiques du spectacle "Le Dernier Panache", et surtout le tournage s'appuie sur l'expérience même du parc du Puy du Fou notamment sur les costumes, décors, cascadeurs et artistes du parc.

Sur ce dernier point c'est forcément un atout majeur, le parc a fait ses preuves et le travail sur la reconstitution historique est impressionnant. Par contre, en ce qui concerne "Le Dernier Panache" on n'est moins d'accord. Reprendre la voix Off en narrateur omniprésent, mais ce qui passe sur le spectacle docu-fiction en live l'est moins sur un film de cinéma où c'est déjà bien plus lourd et poussif. Insister autant sur cette narration orale est juste anti-cinématographique et casse l'élan épique dont a besoin une telle fresque. Par exemple, ce système appuie, martèle, souligne et surligne, surexplique tout ce qu'on voit à l'écran et/ou ce que le film se doit de nous faire comprendre et vibrer. Pas 5mn ne passe sans cette voix Off absolument insupportable et inutile. Ensuite, le film est si dirigé vers une héroïsation à outrance de Charette et des vendéens que le film tient très vite plus de la propagande que du film historique. La mise en scène est de surcroît une catastrophe, oscillant entre des scènes qui tiennent du plan photographique ou du tableau (parties calmes ou intimistes) souvent plutôt belles et inspirées, avec les scènes de combats ou de violences (batailles, guillotines...) qui sont hyper découpées, elliptiques voir épileptiques qui ne laissent jamais le temps à ces scènes de gagner en ampleur et en fluidité. Historiquement le film reste intéressant, forcément, les faits sont les faits, par une bataille a bien eu lieu à telle date, il s'agit bien d'une guerre civile... etc... Mais le film occulte tout de même que Charette comme les autres chefs nobles n'ont pas eu le choix de leur commandement, rappelons par exemple à propos du héros : "On disait dans l'armée que cet homme, qui devait se distinguer entre tous par l'opiniatreté de la résistance, s'était vu arraché par les paysans de la cachette peu glorieuse qu'il était allée chercher sous son lit." Mais c'est la façon, la manière et le style qui fausse toute sensation et toute objectivité, ainsi ce film tient plus du lavage de cerveau que d'une histoire ludique. Finalement le réalisateur oublie qu'il signe un long métrage de cinéma (normalement !), ce film tient plus du docu-fiction télévisé produit par un ersatz de Stephane Bern avec toute sa théâtralité pompeuse. Un film qui est largement plus solennel qu'épique, plus démonstratif que flamboyant. 

Note :  

05/20