Tar (2023) de Todd Field

Par Seleniecinema @SelenieCinema

3ème long métrage après "In the Bedroom" (2001) et "Little Children" (2006) en tant que réalisateur pour Todd Field qui a d'abord été remarqué comme acteur notamment dans "Radio Days" (1987) de Woody Allen, "Twister" (1996) et "Hantise" (1999) tous deux de Jan De Bont, et surtout "Eyes Wide Shut" (1999) de Stanley Kubrick où il jouait l'ami pianiste de Tom Cruise. Le cinéaste annonce en 2021 qu'il assume les postes de Producteur-réalisateur-scénariste d'une fiction biographique sur le destin d'une compositrice et chef d'orchestre qui sera interprété par la star Cate Blanchett, en précisant qu'il a écrit en pensant à elle et que "le film n'aurait jamais vu le jour" si elle avait refusé le rôle. Un réalisateur et une actrice bien inspirés puisque le film a été bien accueilli avec ne prime la Coupe Volpi de la meilleure actrice à la Mostra de Venise 2022... Lydia Tar, cheffe avant-gardiste d'un grand orchestre allemand est au sommet de son art tandis que son livre va bientôt sortir et qu'elle prépare un concerto important. Mais en quelques semaines sa vie va être fortement  bousculée entre ce qui semble être des angoisses, un drame et le besoin d'imposer ses choix...

Le rôle titre est donc logiquement incarné par Cate Blanchett vue récemment dans "Don't Look Up" (2021) de Adam McKay et "Nigtmare Alley" (2022) de Guillermo Del Toro, puis retrouve après "Robin des Bois" (2010) de Ridley Scott son partenaire Mark Strong vu dernièrement dans "Shazam !" (2019) de David F. Sandberg, "1917" (2019) de Sam Mendes ou "Cruella" (2021) de Criag Gillepsie et retrouve de son côté après "Victoria : les Jeunes Années d'une Reine" (2009) de Jean-Marc Vallée l'acteur Julian Glover remarqué d'abord dans "Tom Jones" (1963) de Tony Richardson, puis vu notamment dans "Rien que pour vos Yeux" (1981) de John Glen, "Cry Freedom" (1987) de Richard Attenborough jusqu'à "L'Ombre d'un Mensonage" (2022) de et avec Bouli Lanners. Lydia Tar alias Cate Blanchett est entourée de la frenchy Noémie Merlant vue dans "Les Olympiades" (2021) de Jacques Audiard et "L'Innocent" (2022) de et avec Louis Garrel, l'allemande Nina Hoss actrice fétiche de Christian Petzold vue aussi dans "Gold" (2013) de Thomas Arslan, "Un Homme très Recherché" (2013) de Anton Corbjin ou "Retour à Montauk" (2017) de Volker Schlöndorff, puis enfin Sam Douglas aperçu notamment dans "Le Cinquième Elément" (1997) et "Valérian et la Cité des Mille Planètes" (2017) tous deux Luc Besson, "Snatch" (2000) de Guy Ritchie ou "Colombiana" (2011) de Olivier Megaton, mais surtout Sam Douglas retrouve son réalisateur après avoir partagé l'affiche dans "Eyes Wide Shut" (1999)... Le film débute avec un monologue long, très long, très très long de Tar la star des chefs d'orchestre. Sachant que le film dure plus de 2h35 on prend peur devant une première partie aussi bavarde et aussi inepte. Ensuite le récit devient un peu plus intéressant, on apprend à connaître cette femme, ses proches, sa façon de travailler, son emprise sur tous ceux qui l'entourent jusqu'à ce qu'on comprenne que Tar est avant tout une castratrice tyrannique au point d'être aussi antipathique pour les autres personnages que pour le spectateur.

Mais l'atmosphère singulière et quelques événements énigmatiques passionnent de plus en plus au fil du récit oscillant entre fantastique et thriller. Forcément il va y avoir une révélation , un twist qui va nous scotcher au fauteuil. En parallèle il y a la musique, qui reste malheureusement toujours trop intellectualisée, et finalement très superficielle à l'image faut bien le dire de la cheffe d'orchestre froide et cassante. On est surtout déçu que la dimension sensorielle et donc émotionnelle de la musique soit si occultée, on serait presque en hors sujet. La musique a évidemment son importance dans cette histoire dont la B.O. qui est pourtant signée de Hidur Guonadottir, compositrice entre autre des récents "Joker" (2019) de Todd Phillips et "Amsterdam" (2022) de David O. Russell, et même violoncelliste notamment dans "The Revenant" (2016) de Alejandro Gonzales Inaritu. La musique est si peu empreinte d'émotion qu'on espère alors que va se révéler un film de genre mais là aussi on an vite déchanter, tout se dégonfle avec un épilogue très long pour bien nous expliquer les choses. Bref, sur le fond le potentiel est certain mais il semble qu'amorcer des sous-intrigues ne veut pas dire savoir les conclure, et surtout pour si peu la durée de 2h35 n'est clairement pas justifiée, ni dans la densité ni dans l'ampleur ni même dans une quelconque volonté contemplative. Certe, les actrices sont impeccables et merveilleuses, avec une très belle photographie mais pour une histoire qui reste aussi vaine qu'ennuyeuse. La première grosse déception 2023.

Note :      

10/20