Brillantes (2023) de Sylvie Gautier

Premier long métrage de Sylvie Gautier, auparavant surtout productrice à la télévision qui est passée derrière la caméra avec le court métrage "Il n'est pas Nécessaire de le dire aux Enfants" (2018). Elle explique son projet autour de la condition ouvrière : "C'est une classe sociale qui n'apparaît plus beaucoup dans les films d'aujourd'hui, sans doute parce que les réalisateurs pensent qu'elle concerne moins de monde. Or elle est encore très présente." D'emblée, on se dit surtout que la cinéaste est comme les politiques, "loin du terrain" ou "déconnectée" car rien qu'en omettant les hommes et en restant en France nous pouvons citer très récemment par exemple les films "Ouistreham" (2022) de Emmanuel Carrière, "Maria Rêve" (2022) de Lauriane Escaffre et Yvo Muller ou "À Plein Temps" (2022) de Eric Gravel. La réalisatrice-scénariste avoue plusieurs références, le film "Little Miss Sunshine" (2006) de Jonathan Dayton et Valerie Faris, ainsi que les films de Ken Loach, Stephen Frears et Claude Sautet...

Brillantes (2023) de Sylvie Gautier

Karine est femme de ménage de nuit, elle apprécie son travail surtout grâce à la bonne ambiance au travail et l'amitié qui la lie à ses collègues. Mais quand son entreprise est rachetée tout bascule, elle va devoir assumer son statut de déléguée syndicale mais un secret va la fragiliser... Karine est incarnée par Céline Sallette vue dans "Une Belle Équipe" (2020) de Mohamed Hamidi, "Rouge" (2020) de Farid Bentoumi et "Les Fantasmes" (2021) des frères Foenkinos. Elle est entourée de collègues interprétées par Camille Lellouche vu dans "Mon Inconnue" (2019) de Hugo Gélin, "Le Dindon" (2019) de Jalil Lespert et "Les SEGPA" (2022) des frères Bougheraba, Souad Amidou actrice fétiche de Claude Lelouch depuis "Un Homme et une Femme" (1966) au plus récent "Les Plus Belles Années d'une Vie" (2019), et Eye Haïdara vue récemment dans "Kung Gu Zohra" (2022) de Mabrouk El Mechri, "Les Goûts et les Couleurs" (2022) de Michel Leclerc et "Les Femmes du Square" (2022) de Julien Rambaldi. Les proches de Karine/Sallette sont joués par Bruno Salomone sur tout vu en papa de "Tamara" (2016-2018) de Alexandre Castagnetti et retrouve après "Madeleine Collins" (2021) de Antoine Barraud son jeune partenaire Thomas Gioria révélé dans le déchirant "Jusqu'à la Garde" (2017) de Xavier Legrand. Citons aussi Julie Ferrier vue dans "Le Flic de Belleville" (20180) de Rachid Bouchareb, "J'ai Perdu Albert" (2018) de Didier Van Cauwelaert et "En Passant Pécho" (2021) de Julien Hollande, puis Jérémie Poppe surtout vu à la télévision à l'exception d'une apparition dans le film "Père Fils Thérapie !" (2016) de Emile Gaudreault... Le film débute de façon très docu-fiction, on pense très fort à "Ouistreham" (2022) déjà cité plus haut mais à la différence près qu'au lien d'une journaliste infiltrée on a une femme de ménage illetrée, un sujet il est vrai très peu traité en général. Citons tout de même "Illettré" (2018) de jean-Pierre Améris ou bientôt "Les Petites Victoires" (2023) de Mélanie Auffret. C'est plutôt bien amené dans le récit d'ailleurs, d'abord par de petites touches ou on comprend que forcément, avoir des difficultés à lire et à écrire n'aide ni à évoluer en changeant de boulot par exemple, ni à devenir une déléguée du personnel. On apprécie le côté bande de copine entre les collègues pourtant très différentes. Une bande qui offre un joli panel de femmes même si on reste focalisé sur Karine / Sallette.

Brillantes (2023) de Sylvie Gautier

Mais malheureusement son personnage s'avère vite le moins intéressant finalement car son personnage reste top passive, trop victime sans une once de volonté et/ou de courage. En effet elle subit les choses et les événements, se victimise beaucoup trop et, surtout, être illettrée oblige à un minimum de culot et de débrouillardise, Ce dont Karine est complètement dépourvue. On s'étonne aussi que jamais il n'est question d'apprendre ou même de commencer à apprendre ce qui surprend, surtout vu le sujet on s'étoone que ça ne soit aborder que comme une sorte d'insulte (?!). D'ailleurs on ne comprend pas toujours ses réactions, par exemple on se dit mais le pauvre gosse, le pauvre pêcheurs. Heureusement, les trois copines étoffent les styles et les caractères et donnent de l'épaisseur au récit bien malgré le personnage principal, sans oublier la quatrième à la fois ennemie et collègue. Elles ont leurs défauts mais elles ont des qualités qui compensent et qui en font des femmes d'exception incarnées par de merveilleuses actrices. L'équilibre entre émotion et fantaisie est juste et arrache autant un sourire qu'une larme. En conclusion le grand défaut du film reste l'écriture du personnage de Karine, qui manque cruellement d'épaisseur même si c'est un peu arasé par le talent de son interprète. Un joli film néanmoins, avec des scènes touchantes et pertinentes qui mérite un détour. 

Note :                 

Brillantes (2023) Sylvie GautierBrillantes (2023) Sylvie Gautier

13/20