Les Trois Mousquetaires (1973) de Richard Lester

Énième adaptation du célèbre roman éponyme (1844) de Alexandre Dumas Père, qui est vu d'abord en une grande fresque de 3h avant de devenir un dyptique à l'instar justement des films en deux parties les plus populaires en France, "Les Trois Mousquetaires" (1953) de André Hunebelle et "Les Trois Mousquetaires" (1961) de Bernard Borderie. Au départ, les mousquetaires devaient être incarné par les membres du groupe The Beatles qui avaient déjà tourné sous la direction de Richard Lester dans "Quatre Garçons dans le Vent" (1964) et "Au Secours !" (1965), mais leur séparation en 1970 a stoppé le projet un temps. Lester garde la réalisation, tandis que le scénario est confié à George MacDonald Fraser, auteur de romans historiques dont la fresque Flashman" (1969-2005). La production britannique est aux mains de la famille Salkind, Michael, Alexander et Iliya, trois générations dont le patriarche Michael dont c'est le dernier film après une demi-siècle dans le cinéma depuis "La Rue sans Joie" (1925) de G.W. Pabst, son fils et son petit-fils seront ensuite derrière la franchise des "Superman" (1978-1983) initié par Richard Donner mais poursuivi par un certain Richard Lester. À l'origine le film devait être une grande fresque de 3h, mais la post-production fut trop longue et afin d'assurer la sortie prévue il est décidé de scinder le film en deux parties. Ainsi la suite "On l'Appelait Milady" (1974) sortira plusieurs mois après. Cette décision n'a pas été du goût des acteurs, le casting étant composé de nombreuses stars, car leur cachet ne concernait qu'un seul et unique film. Après un procès, les acteurs ont obtenu gain de cause ce qui n'empêchera pas la plupart de revenir des années plus tard pour confirmer l'adage du jamais deux sans trois... Tout le monde connaît l'histoire de D'Artagnan et de ses trois amis mousquetaires, Athos, Portos et Aramis qui vont secourir la Reine Anne d'Autriche tandis que D'Artagnan tombe amoureux de Constance. Richelieu étant dans l'ombre pour les faire échouer aider du comte de Rochefort et de Milady de Winter...

Les Trois Mousquetaires (1973) de Richard Lester

D'Artagnan est incarné par Michael York vu révélé par "La Mégère Apprivoisée" (1967) et "Roméo et Juliette" (1968) tous deux de Franco Zeffirelli, vu depuis dans "Cabaret" (1972) de Bob Fosse. Athos est incarné par Oliver Reed star depuis "Oliver !" (1968) de son oncle Carol Reed et confirmé grâce à "Love" (1969) et surtout "Les Diables" (1970) tous deux de Ken Russell, Portos est incarné par Frank Finlay vu dans "Trois Milliards d'un Coup" (1967) de Peter Yates et "Traître sur Commande" (1970) de Martin Ritt, et Aramis est incarné par Richard Chamberlain qui retrouve Richard Lester après "Petulia" (1968) et vu dans "La Symphonie Pathétique" (1971) de Ken Russell. Constance Bonnacieux est jouée par Raquel Welsh star sculpturale vue dans "Un Million d'Années avant J.C." (1966) de Don Chaffey ou "Les Cents Fusils" (1969) de Tom Gries. Milady de Winter est interprétée par Faye Dunaway star depuis "Bonnie and Clyde" (1967) de Arthur Penn et icône depuis "Portrait d'une Enfant Déchue" (1970) de Jerry Schatzberg. Richelieu est incarné par Charlton Heston monstre sacré hollywoodien depuis "Les 10 Commandements" (1956) de Cecil B. De Mille et "Ben-Hur" (1959) de William Wyler et vu cette même année dans "Soleil Vert" (1973) de Richard Fleischer, il retrouve après "Jules César" (1970) de Stuart Burge son partenaire Christopher Lee acteur fétiche de la Hammer et donc de Terence Fisher comme dans "Le Chien de Baskerville" (1959) ou "Les Vierges de Satan" (1968), et vu cette même année dans le culte "The Wicker man" (1973) de Robin Hardy. N'oublions pas le couple royal, incarné par Géraldine Chaplin vue dans "Le Docteur Jivago" (1966) de David Lean et "La Comtesse de Hong-Kong" (1967) de son père Charles Chaplin, puis Louis XIII alias Jean-Pierre Cassel vu dans "L'Armée des Ombres" (1969) de Jean-Pierre Melville et "Le Charme Discret de la Bourgeoisie" (1972) de Luis Bunuel. Citons ensuite les acteurs Spike Milligan, écrivain humoriste qui retrouve Lester après "L'Ultime Garçonnière" (1969) à l'instar de l'acteur Roy Kinnear acteur fétiche du réalisateur depuis "L'Indic" (1963) retrouvant ainsi Frank Finlay. Citons encore Georges Wilson vu dans "Liens d'Amour et de Sang" (1968) de Lucio Fulci ou "La Belle et le Cavalier" (1968) de Francesco Rosi, Simon Ward vu dans "Les Griffes du Lion" (1972) de Richard Attenborough, qui retrouve après "Les Dix Derniers Jours d'Hitler" (1973) de Ennio De Concini son partenaire Joss Ackland surtout connu pour son rôle dans "Sur la Route de Nairobi" (1987) de Michael Radford, Michael Gothard vu dans "Michael Kohlhaas" (1969) de Volker Schlöndorff et retrouve Oliver Reed après "les Diables" (1971), Francis De Wolff acteur vu notamment dans "Les Amants du Capricorne" (1949) de Alfred Hitchcock, "Bons Baisers de Russie" (1963) de Terence Young ou "Les Contes de Canterbury" (1972) de Pier Paolo Pasolini...

Les Trois Mousquetaires (1973) de Richard Lester

Dans un premier temps on apprécie le travail de la reconstitution historique, les costumes essentiellement très réussis mais on va se rendre compte que pour les décors c'est un peu le contraire, logique le tournage a eu lieu en Espagne, loin de la France et du faste du Louvres et des château de la Loire. Pour l'immersion à la cour de France on repassera. Ensuite, on constate au fur et à mesure que le film oscille constamment entre scènes burlesques digne d'une parodie et des séquences plus sérieuses et fidèles au roman (tout en rappelant que le roman est fictif !). Ainsi les rencontres entre D'Artagnan et les trois mousquetaires sont fidèles ou que Constance est belle et bien l'épouse Bonnacieux (alors que la censure en faisait la nièce ou la fille dans les adaptations précédentes). Mais dans le même temps, régulièrement des gags plus ou moins réussis, ou juste comme un cheveu sur la soupe, s'immisce dans le récit sans compter quelques passages érotico-soft. Bref on ne sait pas vers quelle direction veut nous mener le réalisateur en témoigne aussi le jeu des acteurs, les "méchants" (Heston, Dunaway, Lee...) qui sont plutôt premier degré, tandis que les "gentils" (les mousquetaires, mais aussi les Bonnacieux) abuse des pitreries en tous genres. Le plus gênant, le plus décevant reste les scènes d'action, où comment retirer tout ce qui fait l'escrime et les joutes à l'épée dans le must du Cape et d'Épée. Les combats se résument essentiellement à des capes, des coups de bâtons, des poussettes fessiers (?!)... etc... Les duels virevoltants n'existent pas dans ce film. Finalement on reste assez circonspect par un film qui a des qualités (casting quatre étoiles, costumes, fidélité au roman dans son récit...) mais parasité par des choix hasardeux qui font un film très inégal et parfois même grotesque....

Note :      

Trois Mousquetaires (1973) Richard LesterTrois Mousquetaires (1973) Richard Lester

10/20