Vivre (2022) de Oliver Hermanus

Par Seleniecinema @SelenieCinema

L'idée de ce film est venu de façon complètement inattendue, l'acteur Bill Nighy débarquant à l'improviste à un dîner entre Stephen Woolley, producteur entre autre des films "Entretien avec un Vampire" (1994) et "Byzantium" (2014) tous deux de Neil Jordan, et l'écrivain Kazuo Ishiguro dont le roman le plus connu et Lauréat du Prix Nobel de Littérature a été porté sur grand écran avec "Les Vestiges du Jour" (1993) de James Ivory. Après ce dîner, le romancier aurait alors rappelé le producteur pour lui suggérer que Bill Nighy devrait reprendre le rôle principal d'un remake du grand film "Vivre" (1952) de Akira Kurosawa, en transposant l'histoire à Londres. Le producteur est séduit et surtout convainc le romancier d'assurer l'écriture du scénario ce qui sera essentiel pour que les ayants-droits de Akira Kurosawa accepte ce projet. Stephen Woolley avait dès le début une idée précise du type de réalisateur qu'il fallait au film : "On a décidé - et j'y tenais particulièrement - de faire appel à un réalisateur qi n'ait pas un point de vue stéréotypé sur l'Angleterre. J'étais également convaincu qu'il nous fallait un metteur en scène très cinéphile." Finalement le choix s'est porté sur Oliver Hermanus dont le film "Moffie" (2019) sur des recrues homosexuelles dans l'armée sud-africaine des années 80 l'a impressionné... 

1953, alors que que Londres est encore en train de se reconstruire après la Seconde Guerre Mondiale, Williams est un fonctionnaire chevronné qui ne vit que pour son travail, sa vie intime reste morne et austère. Mais, lorsqu'il apprend qu'il est atteint d'une maladie grave il commence à voir la vie autrement et commence alors à bousculer son quotidien jusque là si routinier... Ce fonctionnaire londonien est incarné par l'excellent Bill Nighy vu récemment dans "Emma" (2020) de Autumn De Wilde et "Minamata" (2021) de Andrew Levitas, puis retrouve après "Harry Potter et les Reliques de la Mort - 1ère Partie" (2010) de David Yates son partenaire et Adrian Rawlins vu dans "Breaking the Waves" (1996) de Lars Von Trier, "Wilbur" (2004) de Lone Sherfig et sur toute la saga "Harry Potter" (2001-2011). Citons ensuite Aimee Lou Wood révélée par la série TV "Sex Education" (2019-...) et aperçue dans "La Vie Extraordinaire de Louis Wain" (2022) de Will Sharpe, Alex Sharp vu dans "Le Coup du Siècle" (2019) de Chris Addison et "Les Sept de Chicago" (2020) de Aaron Sorkin, Oliver Chris vu dans la série TV "Bluestone" (2013-2015) et "Trying" (2020-...), Zoe Boyle vue dans des séries TV dont "Witless" (2016-2017) et le film "Rémi sans Famille" (2018) de Antoine Blossier, Tom Burke vu dans "Chéri" (2009) de Stephen Frears, "Only God Forgives" (2013) de Nicolas Winding Refn ou "Mank" (2020) de David Fincher, et enfin Michael Cochrane qui débuta dans "A Nous la Victoire" (1981) de John Huston mais qui tournera surtout pour le petit écran à l'exception entre autre de "La Dame de Fer" (2012) de Phyllida Lloyd... Le film reprend en gros la construction narrative du film original de Kurosawa, à savoir deux grandes parties distinctes. La première, monsieur Williams apprend qui lui reste quelques mois à vivre et constate alors que toute sa vie de fonctionnaire a été une vie dérisoire qui n'a servi à pas grand chose et surtout où il n'a pas pris le temps de profiter. Il va donc tenter de savourer un peu plus le temps qui passe. La seconde partie est une petite ellipse où les "proches", collègues, connaissances vont se remémorer quelques moments qui le sont marqué avec monsieur Williams. Si ce remake situe l'histoire en 1953, soit à la même époque que le film de Kurosawa, on remarque surtout que cette fois le propos est plus sage et plus direct, voir moins précis dans le changement de monsieur Williams.

Ainsi dans cette version il est responsable d'un service, un cadre donc, mais on comprend mal pourquoi il est si respecté par ses subalternes alors qu'il n'a rien de spécial ou de spécifique. On sourit forcément à cette partie administrative qui fait penser à un des 12 travaux de Astérix et Obélix, en plus so british forcément. Ensuite il apprend dès le début qu'il est condamné ce qui occulte toute une partie hospitalière pourtant intéressante. Le plus gênant est qu'il est un cadre et qu'il a possibilité de faire plus que son alter ego japonais, ce qui enlève bien des causes et conséquences vis à vis des méandres administratives. On attend donc qu'il profite de la vie, qu'il fasse des changements valables. Malheureusement, on attend encore à l'image de la lourdeur bureaucratique finalement. Monsieur Williams ne change pas assez, ses derniers mois sont toujours aussi dérisoires même si il reste touchant. L'agonie du personnage et la performance de Bill Nighy n'y est pas pour rien forcément. Sur le fond, tout ça est un peu vain et futile même si on comprend le message (on apporte tous un petit quelque chose à la communauté, chacun à son importance... etc...) avec une fin pourtant bien pessimiste. Heureusement, la reconstitution est très bien faite, le poids adminsitratif bien rendu, un joli casting et une réalisation aussi subtile qu'élégante finit pas emballer l'écrin, qui reste un peu trop vide pour convaincre pleinement.

Note :                 

11/20