[CRITIQUE] : Au revoir le bonheur

[CRITIQUE] : Au revoir le bonheur
Réalisateur : Ken Scott
Avec : Louis Morissette, François Arnaud, Antoine Bertrand, Patrice Robitaille, …
Distributeur : Apollo Films
Budget : -
Genre : Comédie
Nationalité : Canadien
Durée : 1h48min
Synopsis :
Lors des funérailles de leur père, quatre frères que tout oppose promettent de mettre leurs différends de côté pour lui rendre un dernier hommage. Accompagnés de leurs femmes et leurs nombreux enfants, ils se rendent à la maison d’été familiale pour faire leurs derniers adieux et répandre les cendres de cet homme qui a été si important pour chacun d’eux. Lorsque Nicolas, le plus jeune frère, perd l’urne contenant les cendres de leur père, les conflits commencent.
Critique :

Porté par une écriture sans surprise qui joue des archétypes de ses persos pour créer un ton humoristique, #AuRevoirLeBonheur s'avère une comédie familiale plaisante malgré la platitude des péripéties déclamées avec sérieux par un quatuor à la bonhomie salutaire. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/YTicoWMolD

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 10, 2023

Onze ans après le remarqué Starbuck, Ken Scott revient avec une comédie familiale populaire. Au revoir le bonheur s’intéresse à quatre frères que tout oppose. Il y a Charles (Louis Morissette) le businessman sans cœur, Nicolas (François Arnaud) le raté, Thomas (Antoine Bertrand) l’émotif et enfin, William (Patrice Robitaille) le dramaturge. À la mort de leur père, ils décident de tous se retrouver dans leur (magnifique) maison d’enfance dans les (non moins magnifiques) îles-de-la-Madeleine pour un dernier hommage. Embrouille, chamaillerie, combat d’héritage sont au programme.

[CRITIQUE] : Au revoir le bonheur

©EricMyre-Québec inc


Ah la famille ! Elle peut être un fléau comme elle peut nous apporter la joie et le bonheur. Pour la famille Lambert, dont le père décédé a bâti un empire financier, la question est plus nuancée. Les quatre frères ont de quoi être fâchés les uns avec les autres : entre le premier qui écrit sur leur vie intime sans leur autorisation, le deuxième qui s’est proclamé chef de famille et prend toutes les décisions, sans leur autorisation également et les deux autres paumés dans leur vie comme dans leur sentiment, les conflits s’installent et restent bien au chaud, ils ont de quoi se nourrir. Mais la maison des îles semble être le seul lien qui les soude encore, le seul lien tangible. Une maison que leur père a construite à la sueur de son front, comme le montre le début du film. Par un effet de répétition, les ellipses peignent un portrait habile du père absent, un homme volubile, passionné, têtu, qui par sa force de caractère, finit par obtenir ce dont il rêve : une maison familiale où il fait bon vivre.
Au revoir le bonheur déroule un récit sans grande surprise et joue des archétypes de ses personnages pour créer un ton humoristique. Il est vrai que l’on peut se gausser devant les obsessions ridicules de ces quatre frères dont les caractéristiques principales ont été amplifiées afin d’amuser le public. Le businessman sans cœur est si froid et impassible que le visage de l’acteur ne bouge pas un seul muscle durant l’intégralité du long métrage. Le dramaturge est bien évidemment atteint du syndrome de la plage blanche, mais aura de nouveau de l’inspiration en … racontant la vie intime de ses frères. L’émotif s’émeut de rien et de tout, mais souvent de rien. Et le raté rate beaucoup avant de réussir. Pourtant, malgré les platitudes de sa narration, le film tient quelque chose quand il réunit les frères dans un rare moment de partage, au sein des paysages de l’île. Là, sur cette falaise magnifiée par le directeur photo Norayr Kasper se joue une scène simple mais emplie de charme, nous faisant rêver d’un autre film un peu plus enlevé.

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©EricMyre-Québec inc


On pourrait voir Au revoir le bonheur comme un film à la gloire des paysages des îles tant ceux-ci sont photographiés avec un soin minutieux, au détriment du scénario. On ne boude cependant pas notre plaisir devant les platitudes des péripéties mais déclamées avec sérieux par les quatre acteurs principaux, dont la bonhomie sauve un tant soit peu le film de Ken Scott. Le jury du Festival de l’Alpe d’Huez de 2022 s’était d’ailleurs empressé de leur adresser, à tous les quatre, un prix d’interprétation commun, amplement mérité.
Laura Enjolvy
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