A Chiara

A ChiaraPookie

Chiara, 15 ans, vit dans une famille aimante dans une ville moyenne de Calabre. Au cours d’une fête de famille, dont le parfum mafieux infuse sous une forme moins romantique que dans l’ouverture du « Le Parrain », le père fuit ; il part en cavale. Chiara aime ce père proche de ses enfants ; elle part à sa recherche. Plus elle avance dans sa quête plus elle va découvrir la face cachée d’un père peu honorable ; un mafieux local.

Jonas Carpignano va mener deux trames narratives de front. Le premier sujet du film concerne Chiara ; et là, c’est le récit initiatique d’une jeune fille se trouvant dans un conflit de loyauté vis-à-vis d’une famille qu’elle aime mais dont elle découvre l’envers du décor. Swamy Rotolo fait preuve d’un charisme crevant l’écran à l’image de ce regard franc posé sur la vie et la caméra. Les Rotolo et les Fumo trustent le casting qui se veut non professionnel, mais très pertinent ; dans cette famille de fiction, chacun joue son rôle dans la « real life ». C’est troublant et quasi documentaire de se retrouver parmi eux ; mais on comprend mieux la précision dans le jeu ; ils jouent tous une partition qu’ils connaissent.

Le second thème du film concerne l’influence de la mafia « ordinaire » dans des régions toujours gangrénées par son emprise. Et là, c’est très documenté et on apprend beaucoup ; loin des images d’Epinal et du mafieux à gros cigares ou romancé à la Don Vito Corleone. On est dans le réel. Le rôle de l’Etat pour couper les tentacules de la pieuvre est une découverte pour moi avec la mise à l’écart des enfants. Et là çà matche bien avec le conflit dont est victime la jeune Chiara ; les deux thématiques se rejoignent à ce moment-là.

Dans la quête existentielle et morale de la jeune fille ; les ellipses sont parfois maladroites au point d’avoir du mal à suivre son évolution et son cheminement intellectuel. On suit cette histoire sans comprendre les ressorts du changement.

Un regard neuf et original sur le sujet ; donc un film à découvrir.

Sorti en 2022

Ma note: 13/20