Godland (2022) de Hlynur Palmason

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Film fin 2022 vu en rattrapage en ce début 2023. Production franco-scandinave pour ce troisième long métrage du danois Hlynur Palmason après ses films "Winter Brothers" (2017) et "Un Jour si Blanc" (2019). Pour l'anecdote et de façon plus amusante, le film qui fut présenté au Festival de Cannes 2022 a obtenu le Grand Prix du Jury pour la Palme Dog pour le chien Sheepdog !... Fin 19ème siècle, un jeune prêtre danois arrive en Islande où il a pour mission d'y construire une église et de photographier la population. Mais plus il visite le pays, plus il s'enfonce dans les paysages aussi beaux que vénéneux il est de plus en plus sujet aux affres de la tentation et du péché... 

Le prêtre Lucas est incarné par Elliott Crosset Hove vu dans "Les Enquêtes du Departement V : Dossier 64" (2018) de Christoffer Boe, "Wildland" (2020) de Jeanette Nordahl et il retrouve le réalisateur après "Winter Brothers" (2017) ainsi que sa partenaire Vic Carmen Sonne vue dans "Holiday" (2018) de Isabella Ëklof et "Toi et Moi pour Toujours" (2022) de Kaspar Munk. Citons Ingvar E. Sigurösson acteur fétiche de la défunte réalisatrice Solveig Anspach, vu aussi dans les "Justice League" (2017-2021) de Zack Snyder et plus récemment dans "The Lamb" (2021) de Valdimar Johansson et "The Northman" (2022) de Robert Eggers, puis retrouve aussi le réalisateur après "Un Jour si Blanc" (2019) à l'instar de sa partenaire Ida Mekkin Hlynsdottir. Citons ensuite Jacob Lohmann vu dans des films aussi divers que "Les Enquêtes du Departement V : Delivrance" (2016) de Hans Petter Moland, "Les Traducteurs" (2019) de Régis Roinsard, "Shorta" (2021) de Anders Olholm et Frederik Louis Hviid et "Riders of Justice" (2021) de Anders Thomas Jensen, et enfin n'oublions pas Waage Sando vétéran surtout connu au Danemark pour la série TV "Rejseholdet" (2000-2003)... Il y a deux paramètres importants autour de l'histoire, le fait que l'islande était sous domination danoise de 1536 à 1874, date de son autonomie avant une complète indépendance en 1944, puis le photographie via le processus au collodion créé en 1851 par Frederick Scott Archer. Ainsi on peut sans risque dire que ce récit se déroule entre la fin des année 50 et la fin des années 60. Le film est tourné en format 4/3, format logique vis à vis de la photographie omniprésente comme passion du prêtre qui photographie l'Islande et surtout ses habitants.

Le réalisateur soigne aussi beaucoup son cadrage, offrant des plans comme si il s'agissait de copie photographique que le prêtre aurait pu faire. Précisons d'ailleurs que le film s'inspire des photographies réellement effectuées par un prêtre durant le 19ème siècle. Visuellement le film est d'une grande beauté, les paysages de l'Islande sont envoûtants, passant de ses décors brumeux ou venteux, quasi désertiques, aux individus rustres, simples mais entiers. Mais à force d'opter pour une fresque contemplative certains passages peuvent laisser perplexes comme plusieurs secondes scatologiques, ou des plans redondants comme un corps qui se décomposent et ce, même si on peut chercher à comprendre la symbolique et/ou les questions psych-philosophiques autour de la foi, de la vie et de la mort. Mais le plus intriguant reste l'acte ultime vers la fin du film, le "dénouement" dont la violence et l'apparente gratuité interroge encore plus tant on ne comprend pas le geste. Au final, on se dit que le film est bien long pour raconter si peu, un bon 30mn de moins n'aurait pas été si bête. Néanmoins, esthétiquement le film est sans aucun doute un des plus beaux de 2022, une sorte de poème lyrique et funeste. 

Note :                 

14/20